La boîte à outils « Conciliation des temps de vie »

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Avec Barbara Meyer, co-auteure de J’arrête d’être débordée

 

 

Le blog EVE recueille pour vous les conseils éclairés de professionnels du management, de l’accompagnement du changement et du développement personnel.

Après une boîte à outil « prise de parole en public », nous vous proposons quelques bonnes pratiques à observer et partager pour une plus sereine conciliation des temps de vie. Avec Barbara Meyer, préparatrice sportive, consultante en communication et co-auteure de J’arrête d’être débordée.

 

 

Le quotidien, c’est du sport!

Barbara Meyer est une ancienne sportive de haut niveau qui exerce aujourd’hui, entre autres, le métier de prof de Pilates, celui de préparatrice physique et d’auteure (chez Eyrolles).

Son deuxième ouvrage J’arrête d’être débordée fait volontiers allusion, au cours de ses pages, aux techniques des grands champions qui se préparent à une compétition au sommet. Et c’est parfaitement assumé : « Le quotidien d’une femme active, c’est du sport, sans nul doute. Quand elles disent qu’elles passent leur temps à courir, ce n’est pas qu’une image. Avec des enfants, l’effort physique demandé est redoublé. Etre en bonne santé physique et morale et le rester est donc indispensable pour tenir la distance. »

 

Est-ce à dire qu’il faut prévoir dans l’agenda déjà surchargé une à deux bonnes heures hebdomadaires pour aller s’entretenir dans un club sportif ? « Prendre soin de son corps, c’est indispensable, mais l’idée, ce n’est pas de se charger la barque plus que ne l’est déjà. Ce qu’il faut, c’est défatiguer et ré-énergiser son corps. Par exemple, un simple exercice de cohérence cardiaque de 5 minutes, à faire entre le bureau et la maison et entre la fin de la journée et le moment d’aller se coucher a des bénéfices multiples pour le corps et l’esprit. Il existe des appli smartphone très bien faites pour s’accompagner dans cet exercice de respiration facile, rapide et vraiment bénéfique. »

 

 

La conciliation des temps de vie, c’est de la compétition

Si le quotidien, c’est du sport, la conciliation des temps de vie en son sein, c’est carrément, dit Barbara Meyer, « de la compétition, un vrai challenge : il va falloir donner beaucoup, tous les jours et sur la durée. » Idéalement, il faut y être excellemment préparé-e!

 

Allez, c’est parti en petites foulées, on fait comme les grands sportifs : »on se fixe des objectifs atteignables, on s’entraîne, on prend les bonnes postures et on mesure ses efforts pour ne pas s’épuiser en cours de route. Il faut toujours garder de la réserve et surveiller sa fatigue« . En d’autres termes, parce que personne ne peut vivre en permanence en sur-régime, il est indispensable de s’économiser… Et pour cela de prioriser!

 

 

Distinguer l’important de l’essentiel

Prioriser, oui, mais comment faire quand on est assailli-e de demandes de toutes parts, un livrable à boucler au travail, les profs qui veulent faire le point sur les résultats de l’aîné, les rappels de vaccins du cadet, les copines au téléphone et les prochaines vacances à organiser? Les demandes sont multiples et elles sont toutes légitimes, mais elles n’ont pas toute la même portée et n’ont donc « ni toutes le même caractère d’urgence ni la même exigence de perfectibilité« .

 

Pour prioriser efficacement, dit Barbara, « Il est bon, devant chaque sollicitation, de se poser une simple question : est-ce important ou est-ce essentiel? » Ce qui est important sera fait, mais pas forcément parfait. Ce qui est essentiel, « c’est ce qui rejoint nos valeurs et donne du sens » à notre existence et mérite donc qu’on concentre nos efforts. Etre en phase avec ses valeurs s’est aussi s’économiser de l’énergie, du stress et de la culpabilité.

 

Un exemple? « Faire dîner les enfants le soir en rentrant, c’est indiscutablement important. Maintenant, qu’est-ce qui est essentiel : que le contenu de l’assiette soit de la haute cuisine ou qu’on soit disponible pour les écouter raconter leur journée et consoler leurs chagrins? Les pâtes à l’eau, c’est très bien, le soir où l’essentiel va demander qu’on consacre un peu plus de temps aux câlins! »

 

Autre exemple : « Vous avez un déjeuner de cohésion de groupe mais votre présentation des chiffres du trimestre de la réunion du lendemain n’est pas encore parfaitement ficelée. Vérifier son document, c’est important, certes. Mais ce qui est essentiel, c’est d’avoir votre équipe avec vous! N’annulez pas quelque chose d’essentiel au profit de quelque chose d’important! Parce qu’il y va aussi de la cohérence avec vos valeurs. Rester aligné-e avec ses valeurs, c’est ce qui permet justement d’aborder avec confiance les choses importantes. »

 

 

« Prendre du recul » ou « prendre conscience »?

Mais quand on a la tête dans le guidon, pas si facile de faire la part des choses. On a du mal à prendre du recul, n’est-ce pas?

Et si « prendre du recul » n’était pas la solution? Barbara cite une femme qu’elle coachait, s’exclamant « Mais à force de prendre du recul, je vais finir par tomber dans le vide!« . Et « elle avait raison, prendre du recul, c’est partir en arrière. Or, ce qu’on veut, c’est avancer. De plus, en disant aux gens de prendre du recul dans les moments où précisément, ils sont submergés, on les met en face d’une évidence d’échec. C’est assez contre-productif. » Voire franchement cruel!

 

Barbara Meyer préfère donc inviter à « un temps de pause pour regarder autour de soi, en restant dans la vie. Lever les yeux pour voir où on est, où en sont les autres, c’est être actif et présent. Pas besoin de reculer, pas besoin de s’absenter pour prendre conscience. Etre pleinement là, impliqué-e et à l’écoute de ce qui se passe en soi et autour de soi permet de faire le point et de rendre leur place aux intuitions. »

 

 

Faire équipe

Prendre le temps de regarder autour de soi, c’est aussi, dit Barbara, s’assurer que les autres sont là et que l’on peut compter sur eux.

Car « faire équipe est la clé, au bureau comme à la maison. Au boulot, vous formez les nouveaux venus, vous répartissez les tâches, vous responsabilisez chacun-e, vous motivez les troupes, vous donnez des feed-backs. Faites-en autant à la maison : formez votre conjoint et les enfants, la belle-mère et la baby-sitter comme des stagiaires. Une séance d’initiation à l’utilisation du lave-linge, c’est du temps investi : ça vous prend 15 minutes et ça vous en fera gagner tous les jours beaucoup plus. Faites des mémos sur les allergies de l’un-e, les horaires des activités sportives de l’autre, votre tête n’est pas faite pour servir d’agenda à toute la famille! »

 

Et travaillez la cohésion du groupe, sans lésiner sur les rites et symboles : « La famille peut se choisir un slogan et une mascotte. Par exemple une photo de vacances ou un objet qui invoque un beau souvenir commun et qui sera là pour rappeler qu’on est tous ensemble pour le meilleur et également face à l’adversité. Ce qui veut dire qu’on met tous la main à la pâte mais aussi que quand il y a en un-e qui a plus besoin de soutien (un enfant qui prépare un examen, maman qui change de boulot, papa qui a le pied dans le plâtre), on ne le lâche pas, c’est un pour tous et tous pour un! Impliquer chacun-e dans le projet «entre-aide dans la famille » c’est développer chez tous un sentiment de solidarité. »

 

« Personne ne doit se sentir seul-e face aux difficultés« , poursuit Barbara, pourtant « de nombreuses femmes surmenées expriment un profond sentiment de solitude. N’attendons pas d’être débordé-e et de nous sentir isolée pour demander de l’aide. Le soutien, c’est pas que pour le moment critique où Maman n’en peut plus et va craquer, c’est du partage, tous les jours, dans le fonctionnement normal du foyer. »

 

 

Relâcher la pression et tordre le cou à la culpabilité

Si déléguer est indispensable, ne serait-ce que pour « que tout ne s’arrête pas quand vous n’êtes pas là ou pas en état d’assurer« , il est également bienvenu de « relâcher un peu la pression : on ne peut pas viser en tout et tout le temps la sur-performance« .

 

Là encore, on priorise et on se fixe des objectifs réalistes : « Par exemple, on peut se détendre sur le repassage : il n’est peut-être pas nécessaire d’avoir des armoires au carré pleines de linge amidonné comme nos grands-mères. A moins, bien sûr de vouloir vivre la même vie que nos grands-mères, qui avaient beaucoup moins de libertés, beaucoup moins de copines, beaucoup moins de responsabilités professionnelles et des enfants qui avaient beaucoup moins d’activités que les nôtres! »

 

On vit avec son temps, donc. Mais en en prenant le meilleur (« la liberté de réussir professionnellement même après les enfants ou de changer de métier, d’avoir une vie sociale bien à nous : réseau de copines, activités créatives… et celle de prendre soin de notre féminité : massages, shopping« ) sans hésiter à laisser de côté ce qui fait trop-plein : « Nous sommes dans un monde de sollicitations infinies : activités, consommation, loisirs, engagements, réseaux sociaux… Il ne faut pas oublier que ces sollicitations contiennent aussi plus ou moins toutes leur part d’injonction sociale et donc de possible culpabilité. »

 

« Cette multiplication des sollicitations nous oblige aussi à faire incessamment des choix. Dans l’absolu, c’est bien d’avoir le choix, mais attention à ne pas vivre ceux que l’on fait comme des renonciations. Je suis une militante convaincue du choix non-renonçant : vous pouvez prendre une option maintenant, parce qu’elle vous convient pleinement au temps t, et décider d’en prendre une autre plus tard, parce que le contexte aura changé, et vos besoins et envies aussi. »

 

 

Un temps partiel, oui… Mais pas à n’importe quelles conditions!

Alors, justement, par exemple, faire le choix du temps partiel, pour concilier plus facilement les temps de vie, c’est une bonne idée? Pour Barbara Meyer, « C’est une solution qui peut être super quand justement, elle est vraiment choisie et vraiment assumée. Mais il ne faut pas que ce soit un sacrifice. On ne prend pas un temps partiel pour arranger tout le monde, on prend un temps partiel pour le vivre pleinement, pour soi. Parce qu’on sent que c’est essentiel, à un moment de sa vie, de consacrer plus de temps à la sphère privée. »

 

« Par ailleurs, un temps partiel, ça se négocie : on s’assure que l’entreprise joue le jeu et qu’on ne va se retrouver ni placardisé-e ni à faire le boulot de cinq jours en trois ou quatre. La famille elle aussi doit bien comprendre ce que ça signifie : Maman (ou Papa) a réaménagé son temps de travail pour être moins débordé-e, pas pour tout faire tout-e seul-e à la maison! On voit souvent des mères à mi-temps ou au foyer plus fatiguées encore que celles qui travaillent à temps plein. C’est bien un équilibre qu’on recherche en prenant un temps partiel, pas à s’économiser au travail pour s’épuiser à la maison! »

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel, pour le blog EVE

 

 

 

 

J’arrête d’être débordée, le livre

 

Barbara Meyer et Isabelle Neveux coachent depuis plusieurs années des femmes qui aspirent à un développement personnel et professionnel harmonieux. A elles deux, elles ont accompagné plus de 200 femmes actives, toujours très occupées, souvent « débordées » et parfois carrément épuisées.

 

Convaincues que le surmenage au féminin, s’il est un vrai fait de société, n’est pour autant pas une fatalité, elles ont décidé de faire partager au grand public leur méthode « 21 jours pour changer ».

 

Fondée sur l’expérience et nourrie aussi bien par la psychologie contemporaine que par les pratiques du coaching sportif, cette méthode marie astuces concrètes immédiatement applicables pour se simplifier l’existence au quotidien et travail fondamental de transformation des perceptions de soi pour gagner en confiance.

 

Joyeusement décomplexant et parfaitement ré-énergisant, J’arrête d’être débordée est bien plus qu’un manuel d’anti-craquage : c’est le petit guide réaliste d’un équilibre accessible à toutes qui passe par la (re)découverte de ses vrais besoins et de ses profondes aspirations en compatibilité avec les exigences du quotidien.

 

 

J’arrête d’être débordée, Barbara Meyer et Isabelle Neveux, Editions Eyrolles, février 2014

A suivre : Le blog du livre  et leurs blogs personnels : www.barbarameyer.fr et www.isabelle-neveux.fr

 

 

 

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