Ce qu’il faut retenir de l’étude sur « les réseaux professionnels comme facteur de réussite »

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Une étude IPSOS/BCG/HEC Alumni/HEC au féminin

 

 

Présentée en exclusivité lors de la cérémonie de remise des 9è Prix Trajectoires HEC au féminin, l’étude « Les réseaux professionnels comme facteur de réussite – Paradoxes et divergences » propose les résultats de la première grande enquête menée en France sur les pratiques de networking des cadres femmes et hommes de tous secteurs.

 

Le blog EVE l’a lue. Voici ce qu’il faut en retenir :

 

 

Un consensus : le réseau professionnel, c’est in-dis-pen-sable!

66 % des 500 cadres interrogé-es (dont 86% des moins de 30 ans) le reconnaissent : entretenir un réseau professionnel, c’est indispensable pour progresser…

 

… Mais ça ne se fait pas tout seul, c’est même un vrai « boulot » dont 59% estiment qu’il s’apprend et requiert de la méthodo!

 

Pour autant, les voies du networking ne sont pas celles qui se rapportent au strict champ du professionnel : c’est bien dans l’informel, et dans une certaine forme d’inconscience, sinon de « gratuité » de la démarche, que le réseau se bâtit et s’entretient, pour 85% des sondé-es.

 

Il y faut donc du temps « latent », de la disponibilité pour la rencontre et les opportunités imprévues… Mais le temps de réseauter, c’est justement ce qui manque à 73% des personnes consultées (58% des moins de 30 ans).

 

 

Un réseau, oui, mais lequel?

Chacun-e s’accorde donc à reconnaître qu’avoir du réseau, c’est important. Mais à partir de quand considère-t-on que l’on en a un bon? Quand le réseau est gros, comptant plus de 50 personnes, disent les sondé-es à 68%.

 

Pourtant, ils sont 79% à avoir un réseau de moindre envergure! Alors, tou-tes complexé-es de leur réseau? Vraisemblablement nombreux-ses, en tout cas, à penser que l’essai n’est pas transformé : du réseau, ils et elles sont convaincu-es qu’il en faut, que c’est de leur ressort d’en faire, mais qu’ils et elles ont encore des efforts à fournir pour que ça leur serve vraiment.

 

 

Du réseau, pourquoi faire?

Mais que ça leur serve à quoi, au juste?

 

A bénéficier de recommandations, pour commencer (53% des sondé-es), puis de conseils avisés (51%), à se tenir informer sur un secteur d’activité ou une entreprise donnée (50%) et à trouver des partenaires avec qui collaborer (49%).

 

 

Femmes et hommes réseautent-ils de la même façon?

L’étude révèle cependant des divergences femmes/hommes dans les pratiques de networking.

 

D’abord, les femmes annoncent des réseaux de moindre ampleur : le leur contient en moyenne 50 personnes quand celui des hommes s’étend jusqu’à 72 personnes.

 

Moins sociables, les femmes? A moins qu’elles ne soient plus exigeantes quand il s’agit de compter quelqu’un-e dans leur cercle relationnel. Car pour 37% d’entre elles (contre 31% des hommes) n’entrent dans le réseau perçu que des personnes en qui elles ont totalement confiance, incluant notamment une majorité de membres de la famille (pour 81%, contre 61% des hommes). Pour les hommes (à 37% contre 33% des femmes), le cercle se définit par les personnes à qui l’on peut demander et rendre des services.

 

Et si c’était révélateur d’attentes différenciées à l’égard du réseau ? Les femmes disent à 33% (contre 25% des hommes) qu’elles recherchent de l’inspiration dans la relation et à 25% (18% des hommes) qu’elles espèrent du partage pour « se sentir moins seules ».

 

Mais ce qu’elles disent aussi, c’est que la pratique même du networking leur parait relever encore de « codes » qu’elles ne maîtrisent pas et de façons de faire qui ne leur ressemblent pas (35% des femmes, contre 28% des hommes, assument qu’il n’est pas « dans leur état d’esprit » de réseauter).

 

 

Réseaux de femmes en entreprise : que peuvent-ils?

Alors, sont-ce les réseaux professionnels de femmes en entreprises qui vont changer la donne?

 

Assurément, ces réseaux institués inspirent une certaine bienveillance : chez les hommes (63%) comme chez les femmes (69%)… Mais seulement un quart des sondé-es les jugent efficaces!

 

47% (sexes confondus) les estiment « militants »… Et cela en gêne 32%, faisant dire aux rapporteur-es de l’étude que « l’écueil du féminisme » est à éviter. L’avenir du networking des femmes serait-il donc à une solidarité totalement dépolitisée, quitte à jeter un certain voile de déni sur la réalité des inégalités de traitement ?

 

A moins que cet avenir ne soit surtout à la mixité : 61% des personnes interrogées estiment que ces réseaux doivent s’ouvrir aux hommes. La question restant entière de savoir comment les y attirer, quand, tout en étant globalement favorables à l’égard des réseaux « mixité », les hommes ont manifestement accès à d’autres voies, qui leur sont peut-être plus familières, pour entretenir et renforcer leur entregent.

 

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE.