Une jeune doctorante publie la première thèse française sur l’entrepreneuriat féminin

Eve, Le Blog Responsabilité Sociale

Tenace et assidue, Typhaine Lebègue a suivi dix patronnes pendant quatre ans. Toutes ont créé de petites entreprises, majoritairement dans le secteur des services – une filière souvent privilégiée par les femmes. Parallèlement, la jeune chercheuse a observé l’activité de quatre organismes d’accompagnement à la création d’entreprise, dont deux dédiés aux entrepreneuses. Et pour compléter son enquête, elle s’est aussi tournée vers des acteurs étatiques régionaux et nationaux, ainsi que des réseaux de femmes en France, en Belgique et au Canada. Sa thèse révèle que quand il s’agit d’entreprendre, hommes et femmes ont bien des comportements différents.

L’envie d’entreprendre

Le désir d’indépendance est la principale motivation des femmes pour entreprendre. Beaucoup évoquent un manque de reconnaissance, et disent éprouver une frustration professionnelle qui les pousse à changer de situation. Rares sont celles qui font les choses sur un coup de tête. Se lancer demande du temps et de la réflexion. Ainsi, Typhaine Lebègue remarque chez certaines femmes un peu d’autocensure, parfois due à l’absence de soutien de leur entourage. Et l’évaluation des risques liés à la création d’une entreprise peut aussi les effrayer. Par ailleurs, toutes ces femmes ont un capital de départ le plus souvent faible et inférieur à celui des hommes. La chercheuse relève qu’elles puisent volontiers dans leur épargne personnelle pour le constituer, mais hésitent à se tourner vers un établissement financier pour obtenir de l’aide.

Solidarité et partage

Typhaine Lebègue précise aussi qu’hommes et femmes n’ont pas la même définition de la réussite. Bien sûr, les femmes veulent gagner de l’argent. Mais ce n’est pas tout. Pour elles, devenir chef d’entreprise signifie parvenir à un équilibre entre vie privée et vie professionnelle et contribuer à la vie en société. A travers la création d’entreprise, elles cherchent à donner un sens à leur vie. On trouve aussi ce désir d’accomplissement chez les hommes, mais il est moins fort.

Aujourd’hui, seul 30 % des créateurs d’entreprises sont des femmes. C’est évidemment trop peu ! La publication d’études comme celles de Typhaine Lebègue pourrait-elle aider à changer la donne ? La jeune femme espère en effet que son travail aura des répercussions sur le plan politique. Optimiste, elle constate aujourd’hui une volonté affichée beaucoup plus importante qu’il y a six ans d’encourager l’entrepreneuriat au féminin chez les membres de la classe politique. Tous les espoirs sont permis !

Voir aussi l’interview vidéo de Typhaine Lebègue sur LesEchos.fr.