Un concept à la loupe : la Journée DES droits DES femmes

bargeo Leadership

 

Syndrome de la Schtroumpfette, Effet Matilda, Syndrome de la Reine des Abeilles, Complexe de la bonne élève, essentialismevotre rubrique « Un concept à la loupe » cerne les éléments de langage pour creuser des notions essentielles à la réflexion du leadership au féminin.

Vous serez peut-être surpris-e d’y trouver ce mois-ci, non pas une abstraction empruntée à l’univers des sciences sociales, mais le titre de l’événement mondial qui se tient aujourd’hui, et pour la 39è année consécutive. S’il nous a semblé utile de traiter le 8 mars comme un concept, c’est parce qu’il apparait que, souvent abrégée et passablement déformée en « Journée de la femme », cette dénomination de « Journée des Droits des Femmes » mérite d’être explorée… Pour être restaurée!

 

 

Des femmes plurielles

Quand on dit la « Journée de la femme », ça a le mérite d’être court, direct, percutant. Mais le défaut d’être réducteur, galvaudant et un peu grossier. Pas au sens de vulgaire, au sens d’insuffisamment fin et précis. Car LA femme, on a bien cherché, mais on ne l’a pas trouvée. On a rencontré DES femmes, oui, par centaines, par milliers, par millions et milliards (elles ne sont jamais que 3,5 milliard environ). Elles ont toutes une histoire unique, toutes une personnalité authentique, toutes un parcours à elles. Certes, elles peuvent partager des choses, mais comme elles en partagent aussi avec des hommes. Bref, elles sont toutes différentes et le premier de leurs droits, comme celui de n’importe quel être humain, c’est d’être considérées chacune avec ses singularités.

Autrement dit, le 8 mars n’est pas la journée de la féminité avec un grand F fleuri en pleins et déliés. Voilà un rappel nécessaire pour éviter de se fourvoyer dans des initiatives d’un goût parfois douteux qui voudraient nous faire patauger dans des stéréotypes sexistes d’un autre âge.

Des droits qu’il faut rendre effectifs

Le 8 mars, c’est une Journée Internationale, décidée par l’ONU, pour porter la question des droits des femmes sur le devant de la scène.

Mais que sont ces droits-là? Ce sont des droits que l’on peut qualifier pour certains de « féminins » certes, quand ils ont trait par exemple aux questions de santé gynécologique ou obstétricale, mais dans l’ensemble, il s’agit essentiellement de simples droits humains : être traitée à égalité pourrait ainsi tous les résumer.

Oui, mais alors, si ce sont des droits que les hommes ont aussi, quel est le sens d’une telle journée? De souligner que partout dans le monde, et cela en dépit de législations parfois très abouties et dans des contextes économiques et politiques plutôt matures, ces droits ne sont pas effectifs pour les femmes. Jugez-en plutôt : en France, malgré un principe d’égalité salariale inscrit dans la loi depuis 1983, les femmes gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes; dans le monde, elles assurent 66% du working time mais ne détiennent qu’1% de la propriété ; et c’est encore sans évoquer le serpent de mer(e) des tâches ménagères (qui leur incombe dans la zone 0CDE à 70%) et celui de leur sous-représentation aux postes de direction des entreprises comme aux responsabilités politiques…

Une Journée pour en parler, toute l’année pour agir

De droits à rendre effectifs pour des femmes au pluriel, voilà de quoi parle la Journée Internationale des Droits des Femmes. Mais ça ne signifie pas non plus, comme d’aucun-es le disent parfois que c’est une fois par an qu’on s’en occupe et puis basta. Cette Journée-là est faite pour établir l’état des lieux, noter les progrès, partager les bonnes pratiques et se donner des objectifs… Pour pouvoir agir aussi tout le reste de l’année!

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE