Des fleurs, des cadeaux, des compliments… Mais surtout des droits ! Un point sur le 8 mars

Eve, Le Blog Egalité professionnelle, Rôles modèles

 

C’est gentil, ce bouquet de roses ; c’est charmant de m’apporter un café ; un cadeau, mais il ne fallait pas ; des compliments, c’est toujours bon à prendre… Mais pourtant, ce n’est pas mon anniversaire, pas ma fête, pas mon pot de retraite, aujourd’hui ! Non, aujourd’hui, 8 mars, c’est la Journée Internationale des Droits des Femmes.

Souvent abrégée en « Journée de la femme », elle fait parfois l’objet de petits malentendus et autres contre-sens qui virent éventuellement à la grosse maladresse. Du coup, on a décidé d’éclaircir les choses en rappelant l’historique de cette journée, le sens à lui donner et surtout ce qu’on en attend tout le reste de l’année.

 

Un peu d’histoire…

La Journée Internationale des Droits des Femmes a été reconnue par l’ONU en 1977.

Mais elle existait déjà avant : « c’est en août 1910, à la IIe conférence internationale des femmes socialistes, à Copenhague, à l’initiative de Clara Zetkin, militante allemande, qu’a été prise la décision » de marquer l’agenda d’une journée de manifestations des travailleuses en faveur de l’amélioration de leurs conditions et plus généralement des droits des femmes, explique l’historienne du féminisme Françoise Picq.

La date n’est pas fixe cependant jusqu’au 8 mars 1917, date de la grande grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg qui est considérée par les historien.nes comme le premier jour de la Révolution Russe. Une tradition est née et dans tout l’empire soviétique et les pays socialistes qui lui sont affiliés, on célèbre les femmes ce jour-là, en confondant volontiers la Journée des Femmes avec la Fête des Mères.

Affiche annonçant le 8 mars à Montréal en 1974

Dans les années 1950, une autre histoire du 8 mars va être racontée : on fait remonter les origines de cette journée de mobilisation à une manifestation de couturières qui aurait eu lieu à New York en 1857. Manifestation qui n’a vraisemblablement jamais existé, toujours selon Françoise Picq ! Mais bien sûr, il n’était pas question, dans le « monde libre » de se réapproprier un mouvement tant empreint de culture communiste. Il s’agit aussi pour les mouvements de libération des femmes qui émergent à cette époque, notamment à la faveur du développement du droit de vote des femmes et d’un début d’ouverture de leurs droits économiques, de se débarrasser de l’image un peu réactionnaire de la bonne mère que l’on fête à Moscou pour donner de la voix à la femme qui s’émancipe, en particulier par le travail.

En 1975, « année internationale de la femme », l’ONU consacre cette Journée du 8 mars comme une journée des droits des femmes et l’officialise deux ans plus tard.

 

A quoi sert le 8 mars ?

Voici la définition que l’ONU donne de cette Journée Internationale : « C’est un jour où les femmes sont reconnues pour leurs réalisations, sans égard aux divisions, qu’elles soient nationales, ethniques, linguistiques, culturelles, économiques ou politiques. C’est une occasion de faire le point sur les luttes et les réalisations passées, et surtout, de préparer l’avenir et les opportunités qui attendent les futures générations de femmes. »

 

Autrement dit, le 8 mars, on a plusieurs choses à faire :

  • Matilda Gage, la suffragette américaine qui donne son nom à « l’effet Matilda »

    reconnaître, mettre en visibilité et valoriser les actions des femmes à travers le monde. C’est le moment de projeter dans la lumière leur apport, hier et aujourd’hui, aux sciences, aux progrès, au développement économique, à l’innovation, à la paix, au patrimoine et au dynamisme culturels, à l’évolution des sociétés etc. Bref, on lutte contre l’effet Matilda, on rend aux Césarines ce qui leur appartient, on combat l’invisibilisation des femmes exemplaires de notre monde.

 

  • Travailler à la transmission de l’histoire des droits des femmes.

    En Turquie, les femmes obtiennent le droit de vote aux élections municipales en 1930

    Une façon de se rappeler que ces droits ont été acquis de haute lutte, plutôt récemment, et qu’ils doivent beaucoup au courage et à la détermination de personnes célèbres ou moins célèbres qui se sont battues pour les générations qui les suivraient.

 

  • Faire le point sur la situation des femmes aujourd’hui. Regarder en face les inégalités qui les privent de rétribution juste de leur travail, d’opportunités de se développer, d’occasions de participer pleinement au collectif, de prendre leur part dans les décisions importantes qui les concernent comme s’adressent au monde entier.

 

  • Anticiper et préparer l’avenir pour faire progresser encore les droits des femmes partout où ils ne sont pas acquis et œuvrer à leur effectivité. Mais aussi s’assurer qu’elles participeront pleinement, comme elles y ont droit et le méritent, à l’avenir qui se dessine. Il s’agit par exemple aujourd’hui de s’interroger sur leur place dans la transformation digitale, de porter attention à leur vulnérabilité face aux grands changements climatiques ou de s’intéresser de près à leur accès à la santé, entre autres grands défis qui préoccupent toute la planète.

Y a-t-il une « bonne façon » de célébrer le 8 mars ?

La meilleure façon de célébrer le 8 mars reste de donner la parole aux femmes — et aux hommes engagés pour l’égalité, et d’entendre leur voix, leurs idées, leurs projets ce jour-là… Mais aussi tout le reste de l’année.

Car le 8 mars, c’est bien une Journée Internationale à l’équivalent de toutes les autres grandes causes portées par l’ONU (en matière de démocratie, de paix, de santé, de développement…) : un moment solennel pour dire l’importance d’une question pour l’humanité toute entière à laquelle nous avons toutes et tous le devoir, jour après jour, d’apporter des réponses qui contribuent efficacement au progrès.

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Marie Donzel, avec la rédaction du webmagazine EVE

Comments 1

  1. Merci pour l’éclairage nécessaire de cet article sur l’histoire du 8 mars et sur sa portée. Il fait écho, ainsi que l’article sur l’effet Matilda a une constatation faite le week end dernier. J’ai assisté au « Grand Débat » à Vichy, avec 5 intervenants de grande qualité, tous des hommes. Et je me suis demandé si l’absence des femmes avait été remarquée par d’autres que moi… Car il est certain que les femmes font avancer le monde, et que de plus en plus de citoyens et citoyennes le reconnaissent. Comme Marcel Gauchet l’a dit très justement à Vichy, « la démocratie doit lutter sans cesse pour sa survie et pour son amélioration », car c’est un système imparfait régulièrement bousculé. Hors la place des femmes dans nos sociétés est comparable. Cette place, acquise de haute lutte mais encore très inégalement suivant les territoires ou les domaines d’activités, nous devons l’entourer, la protéger et l’aider à grandir. A grandir dans la bienveillance et le respect, de nous mêmes et des autres. Laisser la place aux femmes, ce n’est pas reléguer l’homme à l’arrière plan, c’est prendre le meilleur des 2 pour trouver un nouvel équilibre, ensemble.

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