Les 6 actus égalité & mixité à retenir d’avril 2017

Eve, Le Blog Leadership, Rôles modèles

Le webmagazine EVE sélectionne et commente pour vous les actus récentes sur le front de l’égalité, de la mixité, de l’empowerment des femmes et du leadership équilibré.

La nomination du mois : Vera Songwe prend la tête de la commission économique pour l’Afrique

La directrice du bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du centre de la Société financière internationale, Vera Songwe, a été nommée secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique en ce mois d’avril 2017. Première femme à occuper ce poste, elle aura pour mission d’améliorer la coopération économique des états africains en vue du développement et du rayonnement de tout le continent à l’échelle internationale. 

Brillante économiste de 42 ans, ayant conduit une première partie de carrière à la Banque mondiale, Songwe a été distinguée en 2013 parmi « les 20 femmes les plus influentes d’Afrique » par le magazine Forbes. Elle s’est à plusieurs reprises prononcée au cours de son parcours sur la place des femmes dans les économies africaines, portant un discours d’empowerment sans ambages qui vise certes à stimuler les énergies et l’audace de la population féminine du continent mais doit aussi obliger les Etats à leur garantir un véritable accès à la propriété foncière et aux outils de production

Le coup de talon du mois : Le relooking des Power Rangers féminines ne passe pas 

Si la série des Power Rangers était jusqu’alors un modèle en terme de mixité avec, dans sa team, des hommes et des femmes aux origines variées, elle est aujourd’hui au cœur d’un bad buzz sur la nouvelle apparence des héroïnes. A la création de la série, en 1993, super-héros et super-héroïnes affichaient des morphologies sensiblement semblables et portaient quasiment les mêmes tenues.

Mais le film sorti ce mois-ci présente des costumes réputés « modernisés »,  et voici que les personnages féminins ont subi une manifeste augmentation mammaire et qu’on les a perchés sur des talons. Pratique, non, pour courir, sauter, mettre une bonne raclée à des monstres! 

De nombreux.ses influenceur.ses de la toile ont réagi en dénonçant une régression dans l’imaginaire de la femme d’action : « Le choix des costumes ici souligne une tendance très répandue dans les médias, la culture populaire et la vie réelle, à savoir que les femmes sont d’abord appréciées pour leur apparence physique et leur sexualité » a notamment déclaré la militante britannique Caitlin Roper au Huffington Post UK

Tandis que, téléscopage ironique d’actus, les médias d’outre-manche annonçaient le même mois le rejet par le gouvernement de la proposition de loi visant à interdire aux employeurs se stipuler par contrat l’obligation du port de talons hauts au travail...

Les Kathrine Switzer du mois : 8 athlètes courent un marathon à Téhéran, malgré les restrictions

Tech Run, le premier marathon international de Téhéran, dont la participation était ouverte aux femmes et étrangers, promettait de « créer des ponts avec la communauté internationale tout en prenant soin de mettre fin à des stéréotypes » selon les mots de son organisateur Sebastiaan Straten. Grosse déception pour les femmes, qui, à quelques jours du départ, ont été écartées de la course et priées de courir, sur une autre zone, une distance réduite à 10km.

Déterminées à relever le défi d’un vrai marathon, 8 d’entre elles ont couru de leur côté et en secret leurs premiers 32,195 km avant de rejoindre la centaine de femmes inscrites au départ des 10 km en stade qui leur avaient été « légalement » concédés. 

En parallèle, à Boston, on célèbrait ce mois-ci  le 50ème anniversaire de la première participation d’une femme, Kathrine Switzer, au marathon mythique de la ville. Tout un symbole quand on se souvient qu’elle avait été franchement malmenée par le directeur de la course de l’époque.

Pour l’occasion, Kathrine Switzer a renfilé son dossard n°261 pour effectuer, à 69 ans, le quarantième marathon de sa carrière. Chrono : 4 heures, 44 minutes, 31 secondes. Et une ferveur intacte pour défendre le plein droit des femmes, partout dans le monde, à exercer leur liberté de courir et de se dépasser. 

L’e-campagne du mois : les chirurgiennes s’affichent sur la toile pour appeler à plus de mixité dans leur métier

La une de l’hebdomadaire The New Yorker illustrait, en première semaine d’avril, 4 femmes chirurgiennes. Inspirée et consciente de leur manque de visibilité, Susan Pitt, chirurgienne endocrinienne et enseignante à l’Université du Wisconsin, s’est emparée de l’idée et a reproduit la scène avec trois des ses consoeurs, a diffusé la photo sur les réseaux sociaux accompagnée de l’hashtag #IlookLikeASurgeon. Une invitation à ses collègues : décliner cette photo et la partager sur le net.

L’appel a rencontré un franc succès et ce sont des images de chirurgiennes du monde entier qui ont circulé sur la toile, preuve que cette profession est mixte et incitation à ce qu’elle le soit encore davantage, par la diffusion de rôles-modèles inspirants.  

L’ode du mois : « Aurore » ou la cinquantaine radieuse des femmes

« Quand on est une femme de plus de 35 ans, on devient invisible ! Ce que j’appelle une minorité majoritaire. » lançait il y a quelques jours l’actrice Agnès Jaoui, qui incarne Aurore dans le film éponyme. L’Aurore mise en scène par la réalisatrice Blandine Lenoir, c’est une femme quinqua, qui a déjà eu une vie pleine et qui est toujours pleine de vie. Comme beaucoup de femmes de son âge, elle est confrontée à des difficultés et des questionnements : le chômage, la perspective de devenir grand-mère, les transformations du corps et les aléas émotionnels qui vont avec ou viennent d’ailleurs, des amours, des amitiés, des moments de solitude ou de joie, de la vie tout simplement. Mais Aurore est belle, Aurore est drôle, Aurore est touchante, Aurore est puissante, Aurore est vivante.

Pourtant, les Aurore sont rares à l’écran, dans l’art et de façon plus générale dans les représentations de la féminité et de l’humanité. Alors même que les femmes de 50 ans et davantage représentent 20% de la population française et 85% de la population senior à l’échelle mondiale!

Cette invisibilisation des femmes matures porte à conséquences préoccupantes sur de nombreux pans de la vie de cette catégorie de population (par exemple, la santé des femmes qui ne sont plus en âge de procréer, parent pauvre des crédits de recherche), mais pour la réalisatrice Blandine Lenoir, cela fait aussi du tort aux femmes plus jeunes que la perspective de disparaître un jour des radars et des regards soumet à une forte pression, jusqu’à mettre en tension l’estime de soi : « j’abordais la quarantaine avec angoisse et je me suis vite rendue compte que les femmes de 50 ans n’étaient absolument pas représentées au cinéma. Comment avoir envie d’atteindre un âge qui n’est pas représenté ? »

Aurore, un film à voir de toute urgence, pour regarder en face les femmes quinquas et leur rendre une juste place : celle de femmes, à l’égal des autres femmes et à l’égal des hommes, bien sûr.

La bourse girl power du mois : Beyoncé lance « Formation Scholars » 

Ambassadrice planétaire de l’égalité des sexes et de la mixité sociale, Beyoncé s’engage à récompenser et accompagner financièrement quatre femmes dans leurs études dans le domaine de l’arts créatifs, de la musique, de la littérature ou des études afro-américaines durant l’année 2017-2018. Son programme « Formation Scholars », en partenariat avec quatre grands établissements américains (Berklee College of Music, Howard University, Parsons Schools of Design et Spelman Colleg) est lancé à l’occasion du premier anniversaire de son album LemonadeBeyoncé entend ainsi « encourager et soutenir les femmes qui n’ont pas peur de penser hors des sentiers battus, qui sont audacieuses, créatives, consciente et sûres d’elles« . 

Aussitôt la nouvelle annoncée, Michelle Obama s’est empressée de féliciter la star planétaire via instagram pour cette initiative modèle qui pourrait donner de bonnes idées à d’autres artistes influent.es volontaires pour médiatiser la cause de la visibilité des femmes et de la mixité et supporter concrètement les femmes d’audace qui seront peut-être les Beyoncé de demain. 

 

Actualités sélectionnées et commentées par Elina Vandenbroucke et Marie Donzel, pour le webmagazine EVE