« Buzzons contre le sexisme », c’est parti pour une nouvelle édition!

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Rencontre avec Joséfine Ajdelbaum, une des fondatrices de Télédebout et de l’association V.idéaux

 

 

 

Buzzons contre le sexisme, notre coup de coeur de la rentrée

Nous avions eu un vrai coup de coeur, l’an dernier pour le concours « Buzzons contre le sexisme » organisé par Teledebout et l’association V.Idéaux.

Nous avions découvert avec joie les films d’ados et de jeunes adultes consacrés à tous les sujets de l’égalité homme/femme : drôles ou poignants, tendres ou révoltés, créatifs et pédagogiques, ces courts-métrages nous avaient enchanté-es.

La bonne nouvelle de la rentrée, c’est que le concours recommence cette année. Pour fêter ça, nous avons interviewé Joséfine Ajdelbaum, une des fondatrices de l’association V.Idéaux et du collectif Télédebout.


Programme EVE : Bonjour, pouvez-vous nous parler de la genèse de « Buzzons contre le sexisme »?

 

 

 

« Filles et garçons, cassons les clichés », une brochure de la Ligue de l’Enseignement pour accompagner les enseignants de primaire dans l’éducation à l’égalité des genres… Le seul « manuel » qui existe sur le sujet!

Joséfine Ajdelbaum : C’est une initiative de Télédebout qui est une plateforme web pédagogique accessible à tous et consacrée à l’égalité homme/femme. Télédebout émane de V.idéaux, une association qui a été créé par quatre femmes, moi-même, qui suis monteuse et formatrice, une vidéaste et deux enseignantes, aujourd’hui nous avons aussi une collaboratrice, qui couvre les événements à Paris.
Notre objectif en créant Télédebout, c’est d’offrir des outils aux enseignants pour aborder les sujets de l’égalité, qui font officiellement partie des programmes scolaires, mais que les enseignants n’évoquent quasiment pas en classe, faute de temps et surtout faute de savoir comment s’y prendre. La plupart des enseignants sont de bonne volonté, mais ils ne reçoivent aucun accompagnement de l’Etat ou des municipalités pour remplir cette mission. Personne ne met de manuel à leur disposition, on ne les forme pas à ces problématiques… Donc,
nous comblons ce manque en leur offrant des idées et des outils : « la caméra au poing » (des vidéos pour réfléchir et réagir), « l’école des femmes » (des modules audiovisuels thématiques sur, par exemple, l’histoire du féminisme, la contraception, les femmes dans l’art…) et depuis l’an dernier « Buzzons contre le sexisme ».

 

Programme EVE : « Buzzons contre le sexisme », c’est un concours ouvert aux 10-25 ans, qui peuvent proposer un court-métrage mettant en scène les inégalités et le sexisme… Quel bilan tirez-vous de la première édition, en 2012?

Joséfine Ajdelbaum : C’est un succès inattendu. Quand on s’est lancé dans ce projet, plusieurs partenaires habitués aux concours de vidéos, nous ont prévenu que ce serait difficile de mobiliser les jeunes sur ce sujet et sur la forme audiovisuelle. On nous a dit « si vous recevez 20 vidéos, ce sera déjà bien ». En fait, on a eu plus de 150 inscriptions au concours, 75 jeunes qui ont participé et on a reçu 48 vidéos vraiment abouties.

Programme EVE : Qu’est-ce qui vous a le plus étonnée dans les vidéos que vous avez reçues?

Joséfine Ajdelbaum : Ce qui nous a vraiment tous surpris, c’est de ressentir une certaine hésitation à nommer le sujet. Beaucoup de vidéos parlaient du sexisme subi par les garçons, et chez les filles, on sentait qu’en abordant ce thème, elles avaient à coeur de préciser d’emblée que ce n’était pas « contre » les garçons qu’elles le faisaient. On a senti qu’elles avaient une certaine crainte d’être rejetées par les garçons si elles s’exprimaient à coeur ouvert sur le sexisme. C’est très troublant, de percevoir une telle tension dans des projets d’expression. On a aussi été assez étonnés de recevoir des courriers d’enseignants qui avaient besoin d’insister sur le rôle joué par les garçons dans le projet, sur leur investissement. Ils chantaient les louanges des garçons qui s’étaient mobilisés pour l’égalité homme/femme en ayant l’air de considérer que c’était seulement normal pour les filles. Nous avons vu là le signe fort de quelque chose que nous voulons creuser. Nous travaillons donc actuellement à une analyse complète de cet aspect précis de l’expérience « Buzzons… »

Programme EVE : Selon vous, en quoi le support vidéo est-il un bon vecteur de l’expression des jeunes sur un thème comme celui du sexisme?

Joséfine Ajdelbaum : A notre sens, l’aspect ludique de la création audiovisuelle permet de faire sauter certains freins à la liberté d’expression. Quand nous faisons des interventions en classe sur le mode du débat, nous sentons bien qu’il est difficile pour les jeunes de prendre la parole pour parler de sujets aussi difficiles que la violence sexiste. En leur proposant de faire une vidéo eux-même, avec l’approche de leur choix, on leur donne le droit de faire et de dire ce qu’ils veulent.

 

Programme EVE : Est-ce que le concours « Buzzons contre le sexisme » a eu des prolongements, au-delà de la remise des prix?

Joséfine Ajdelbaum : Oui, nous avons organisé plusieurs projections, suivies de débat, à Paris et à Toulouse. Les membres du jury y ont participé et ont pu dialoguer avec les lauréats et le public. Des médiathèques et des associations (comme le Planning familial, Les désobéissantes, Genre en action, Questions d’égalité…) diffusent les films primés. Nous avons aussi participé au festival du film documentaire d’Arcueil. Nous serons encore au festival « Genre et Enfance » de Lille.

Programme EVE : Qu’attendez-vous de la deuxième édition du concours?

Joséfine Ajdelbaum : Un succès au moins équivalent. Nous avons un jury prestigieux (comprenant notamment Isabelle Alonso, Christine Bard, Nicole Abar, Geneviève Fraisse, Catherine Vidal – ndlr) et des partenaires confirmés (l’INAla Région Midi-Pyrénées, la Mairie de Toulouse, L’EtudiantCausette…), et tout le monde est en demande de rencontres, de prolongements… C’est le signe que quelque chose est en marche

Programme EVE : Merci et longue vie à « Buzzons contre le sexisme ». Nous suivrons attentivement cette deuxième édition du concours.

 

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel

Pour aller plus loin :

– L’analyse de Nicole Mosconi, professeure émérite à l’Université Paris X et spécialiste des sciences de l’éducation sur les pratiques enseignantes en matière d’éducation à l’égalité des genres.

– La synthèse des travaux d’Anne Dafflon Novelle, psychologue associée à l’Université de Genève, sur les représentations du féminin et du masculin dans la littérature jeunesse

– Les vidéos impertinentes sur l’égalité femme/homme de Théâtre à la carte