Sabrina Schneider, directrice de l’agence d’information de Danone : « Nous avons besoin de plus de mixité dans les métiers de la communication. »

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Sabrina Schneider est à la tête de l’agence d’information de Danone au sein de la direction de la communication corporate de l’entreprise.

Dans le cadre de notre chantier « femmes et médias », nous avons voulu interroger cette participante à EVE sur son parcours et sa vision de son métier.

Rencontre.

 

 

 

 

 

 

Eve le blog : Bonjour Sabrina. Comme vous le savez, le blog EVE est curieux du parcours des personnes à qui il donne la parole. Accepteriez-vous de nous raconter le vôtre?

Sabrina Schneider : J’ai un parcours 100% Danone et 100% comm’! Je suis entrée chez Danone en stage de fin d’étude du CELSA en 1996. Je suis restée 7 ans chez Danone Produits Frais France, je me suis occupée des RP, des événements ou encore de la communication auprès des publics de santé…

Ensuite, j’ai rejoint LU France qui créait un poste de communication interne et externe, avec une mission passionnante : installer une cohérence entre ces deux démarches de communication qui d’ordinaire avaient tendance à être segmentées. L’entreprise pressentait déjà que les lignes bougeaient, la porosité entre communication interne et externe était à ses balbutiements. J’ai passé trois années riches et passionnantes à ce poste puis à l’arrivée de mon premier enfant, j’ai décidé de prendre un congé parental pour rejoindre mon conjoint, expatrié au Royaume Uni.

 

 

Eve le blog : Après ce congé parental, à quel poste revenez-vous chez Danone?

Sabrina Schneider : En 2009, LU ne fait plus partie du groupe, mais Danone, qui est une entreprise résolument ouverte au « boomerang » me donne à nouveau ma chance et je rejoins la Communication Corporate du groupe pour assurer la coordination internationale de la comm’ interne du groupe.

Je découvre la dimension internationale d’un grand groupe, les enjeux culturels et le challenge d’animer un réseau de communicants dans un entreprise ayant un modèle décentralisé. Je travaille sur des projets passionnants: la communication managériale ou l’organisation d’un événement unique : la Danoners World Cup.

Après une année remplie et enrichissante, on me confie la direction des relations presse et de la coordination internationale de la comm’ externe avec de forts enjeux de communication sensible. A nouveau un poste passionnant, très exposé et propice au surpassement de soi. Après cette expérience très intense, je souhaite faire un break pour m’occuper de mes enfants encore petits et je sollicite un congé sabbatique. Je ressens aussi le besoin de souffler, de prendre du champ et de me poser le temps de cerner mes motivations profondes.

 

 

Eve le blog : Vous rentrez donc fin 2012 avec une vision nouvellement inspirée de votre métier?

Sabrina Schneider : Je rentre avec une perception de mes propres attentes très éclaircie : je sais que j’aime mon métier et que j’ai besoin à la fois d’équilibre et de challenge.

En l’occurrence, ma boss, Stéphanie Rismont, va m’en proposer un, de challenge : celui de créer une agence d’information au sein de Danone. L’objectif : produire des contenus adaptés aux diverses parties prenantes de l’entreprise et aux différents canaux, tout en donnant plus de cohérence à nos messages à travers le monde.

 

 

Eve le blog : De quoi procèdent, selon vous, les changements qui impactent les métiers de la communication?

Sabrina Schneider : Principalement de l’évolution des équilibres de l’influence sous l’effet du web 2.0. Mais contrairement à ce qu’on en dit parfois de façon un peu radicale, je ne pense pas que ça soit la fin des médias traditionnels ni des métiers de communication actuels.

Les réseaux sociaux ou les blogueurs ne remplacent pas les journalistes, mais on assiste à une démultiplication des canaux de diffusion de l’information et de nouveaux influenceurs émergent avec lesquels il faut compter. Le grand enjeu, face à cette multiplication des voies d’information entraînant une différenciation encore plus fine dans les façons de communiquer est la cohérence nécessaire des messages émis. Il nous faut être plus réactifs, plus rapides, plus agiles tout en restant lisibles, consistants et solidement ancrés sur la culture et les valeurs de l’entreprise.

 

 

Eve le blog : Alors, concrètement, quel est le rôle et quelles sont les actions d’une agence d’information d’entreprise?

Sabrina Schneider : Nous sommes garants d’une ligne éditoriale cohérente dans la prise de parole de l’entreprise et de tous et toutes ceux et celles qui la représentent.

Mais aujourd’hui, finalement, chaque collaborateur et collaboratrice est vecteur de messages sur l’entreprise, ne serait-ce qu’à travers son profil LinkedIn ou son fil Twitter.

Notre rôle consiste à apporter une compréhension cohérente et articulée des différents espaces et acteurs d’information actuels (ça signifie comprendre comment fonctionnent les réseaux sociaux, la blogosphère ou la presse, mais aussi comment ces médias interagissent les uns avec les autres). C’est aussi, en analysant incessamment les évolutions de l’influence, anticiper les tendances et participer ainsi à ce que tous les métiers gardent un coup d’avance. C’est enfin produire des contenus différenciants, innovants et engageants pour nos clients internes que sont les autres communicants et les directions de la communication des filiales. Tout cela bien sûr ne se fait pas en quelques mois mais c’est en marche et en bonne marche chez Danone…

 

 

Eve le blog : Ça vous amène à une forte transversalité…

Sabrina Schneider : L’agence d’information doit évidemment être en lien avec tous pour être pertinente et efficace dans sa production de messages adaptés et répondre aux besoins des publics animés par les autres directions : journalistes, salariés, etc…

Au-delà de cette indispensable connaissance de l’environnement et des besoins de nos clients internes, nous devons susciter leur adhésion. Pour cela, il faut savoir répondre à l’évolution des attentes de nos stakeholders, comme par exemple, la demande accrue de transparence. Aujourd’hui, communiquer, cela commence souvent par expliquer. Il est fini le temps où l’on accepte de transmettre ou recevoir un message sans le questionner. L’émergence et le succès de nouveaux formats pédagogiques (l’infographie, la vidéo) illustrent cette tendance, nous les utilisons beaucoup chez Danone.

 

 

Eve le blog : En matière de communication, vous nous dites que l’environnement change, les outils aussi, comme les formats et les contenus des messages… Les métiers et les profils sont-ils également en train d’évoluer?

Sabrina Schneider : Sans aucun doute. Les métiers traditionnels de la communication s’adaptent et de nouveaux apparaissent, nous devons faire appel à des compétences spécifiques (notamment sur le multimédia). Alors, naturellement, les profils se diversifient. On observe une dynamique intergénérationnelle intéressante dans les métiers de la communication avec une bonne complémentarité entre les façons de faire de celles et ceux qui ont été formé-es aux méthodologies de la comm’ avant le web et celles des « digital natives ».

En revanche, ce qui met du temps à changer, c’est que la communication reste un univers très féminisé. C’est dommage : on a vraiment besoin de mixité dans nos métiers. Plus que jamais, c’est la confrontation des points de vue, des expériences, des regards et des intuitions qui va nous rendre plus perspicaces et efficaces. Il nous faut des sensibilités diverses dans les équipes pour cerner les environnements à la fois dans leur globalité et à travers les signaux faibles qu’ils envoient. Nous venons de recruter un jeune homme au sein de l’agence d’information de Danone et j’espère voir de plus en plus de vocations masculines dans la communication. Venez! Ce n’est pas un « milieu de filles », ce sont avant tout des métiers captivants, créatifs et qui valorisent le sens critique et l’esprit d’initiative! Tout ça, ça n’a pas de genre!

 

 

Eve le blog : Vous avez participé à EVE. Est-ce que cela a participé à forger votre conviction que la mixité est hautement créatrice de valeur ajoutée?

Sabrina Schneider : Absolument. D’ailleurs, en arrivant à Evian, le premier jour, j’ai été surprise de voir autant d’hommes parmi les participant-es du séminaire mais dès la première plénière, j’ai compris le positionnement très habile de ce Programme et j’y ai pleinement adhéré : en partant du principe que c’est la mixité qu’on veut atteindre à travers la promotion des femmes, on fait entendre à toutes et tous que c’est un sujet collectif sur lequel tout le monde a une carte à jouer et quelque chose à gagner.

Je trouve aussi très porteur que l’on travaille en même temps sur les individus (en renforçant la confiance, l’ouverture d’esprit) et sur les environnements de travail (en réfléchissant à tout ce que l’entreprise peut changer pour être plus inclusive). C’est une dynamique très forte que vient encore enrichir la dimension interentreprises.

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel et Marisa Guevara, pour le blog EVE

 

 

Lire aussi :

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