La revue de web de septembre 2014

Eve, Le Blog Egalité professionnelle, Leadership, Rôles modèles

Tous les jours, le blog EVE vous informe de l’actu de l’égalité femmes/hommes, du leadership partagé, de l’innovation sociale et de tout ce qui participe aux transformations des organisations pour une performance équilibrée adossée à une meilleure prise en considération de la mixité et des diversités.

Tous les jours, le blog EVE s’informe, lui aussi, de son côté : à l’écoute de tout ce qui fait le buzz sur la toile et de tout ce qui nourrit les débats sur la place des femmes et des hommes en entreprise et plus généralement dans la société, nous vous proposons, chaque fin de mois, notre « revue de web ».

 

Voici les actus clés que nous avons repérées en ce mois de septembre 2014 :

 

 

Le lancement du mois : un programme international HeForShe pour impliquer (aussi) les hommes dans les progrès de l’égalité.

La vidéo de l’allocution poignante d’Emma Watson, lors du lancement, au siège de l’ONU, du Programme HeForShe, a fait le tour du web. Il faut dire qu’en à peine 10 minutes, l’actrice ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies, est parvenue à offrir au monde entier un impeccable et stimulant plaidoyer pour l’égalité femmes/hommes.

 

 

A la suite de cette intervention, quelques manipulations et autres confusions autour de rumeurs de menaces adressées à Emma Watson, ont un peu fait oublier l’essentiel, à savoir ce qu’est ce Programme HeForShe et ce qu’il porte comme message.

Alors, entrons dans le vif du sujet : HeForShe se définit comme un « mouvement solidaire pour l’égalité des genres ». Dressant le constat que le « combat pour l’égalité » a historiquement été essentiellement le fait de « femmes agissant pour les femmes« , HeForShe veut aujourd’hui s’appuyer sur le « stand up » d’hommes de plus en plus nombreux à aspirer à un meilleur équilibre des rapports femmes/hommes pour réussir ensemble l’égalité réelle. Prometteur.

 

Lire aussi :

– Notre article : « pour l’égalité professionnelle, Orange compte (aussi) sur les hommes »

– Notre interview d’Antoine de Gabrielli, fondateur de Mercredi-C-Papa et d’Happy Men

– Notre entretien avec Armelle Scibérras, responsable diversité du Groupe Crédit Agricole S.A.

 

 

Le rapport du mois : le Crédit Suisse Research Institute « prouve » que les entreprises féminisées sont plus performantes (ou l’inverse)

Publiée le 22 septembre, une étude du Crédit Suisse Research Institute s’inscrit dans la même veine que les travaux de l’universitaire Michel Ferrary ou les rapports « Women Matter » de McKinsey qui entendent évaluer les effets de la féminisation des équipes dirigeantes sur la stabilité et la performance économique des entreprises.

Encourageante, cette étude qui établit une nouvelle fois la corrélation entre gouvernance mixte et rendement supérieur, a le mérite d’inviter à considérer avec prudence une « causalité » trop vite conclue qui pourrait aussi tendre à essentialiser les leaders féminines en leur attribuant des qualités spécifiques que les hommes dirigeants n’auraient pas.

En effet, l’étude soumet en forme de synthèse de son propos, une question essentielle pour dépasser le stade des intentions : « Les femmes rendent-elles les entreprises meilleures ou bien les meilleures entreprises sont-elles celles qui ont le plus de femmes dans leur conseil d’administration? »

 

Lire aussi :

– Notre interview de Réjane Sénac, docteure en science politique, spécialiste des questions de parité et de diversité qui interroge les effets du discours sur l’articulation entre féminisation et performance des entreprises.

– Notre interview d’Hélène Périvier, économiste, qui évoque les effets sur la productivité d’un développement équilibré du capital humain tout en insistant sur l’importance de considérer l’égalité comme un « principe de justice ».

 

 

La boss du mois : Rona Fairhead prend la tête de la BBC

C’est une première pour le groupe de télévision public britannique et une exception dans le paysage audiovisuel européen : une femme prend la tête de BBC Trust, l’organe décisionnel qui chapeaute toutes les activités de la BBC.

Jouissant d’une excellente réputation de brillante femme d’affaires, passée par divers hauts postes dans l’industrie agro-alimentaire, la finance et la presse, elle a pourtant essuyé, dès que sa nomination a été évoquée, de désobligeantes remarques de parlementaires et de douteux commentaires de journalistes.

Le « média d’un autre genre » Les Nouvelles News rapporte, par exemple, le mot du député conservateur Conor Burns ne voyant dans ce choix du gouvernement de confier la supervision générale de l’audiovisuel public à Rona Fairhead qu’une volonté de « nommer une femme, simplement parce qu’elle est une femme plutôt que de rechercher la personne adéquate« . Sur le blog du Chair Management Institute, Will Edwards relève de son côté un traitement orienté de la nomination de Rona Fairhead par la presse britannique qui a plus souvent qualifié la dirigeante de « mère de trois enfants » que de grande patronne ou tout simplement en l’appelant par son nom.

L’intéressée, qui hérite de la gouvernance d’une organisation appelée à d’importantes transformations dans les mois et années à venir, n’a pas commenté ces discours déplacés sur sa désignation, mais a fait savoir, avec une modestie appuyée, qu’elle ne se faisait « aucune illusion sur la signification et l’énormité du poste. » Message entendu : elle se sait attendue au tournant!

 

 

Lire aussi :

– Notre rencontre avec Catherine Sueur, directrice générale déléguée de Radio France

– Notre billet consacré à l’initiative « Prenons la Une » des femmes de presse françaises

– Notre concept à la loupe sur le « complexe d’imposture » qui trouve certes ses racines dans un manque de confiance de soi des femmes, mais s’entretient aussi au travers des manifestations de méfiance qu’expriment sans complexes d’autres à leur égard.

 

 

 

Le plateau télé du mois : on se précipite sur la mini-série « The honourable woman »

Depuis la diffusion du dernier épisode de « Borgen« , on a bien pu voir des séries comprenant des rôles féminins enthousiasmants, mais aucune dont une femme puissante et inspirante n’ait été le centre du motif! Ca nous a manqué…

Mais voilà que débarquait cet été sur les écrans britanniques, puis arrive cet automne sur nos plateformes de téléchargement légal la formidable mini-série « The honourable woman« .

 

 

 

Un petit pitch pour vous allécher ? Nessa Stein (interprétée par Maggie Gyllenhaal) est une femme d’affaires anglo-israélienne à qui son frère a précipitamment cédé sa place à la tête de l’empire familial de vente d’armes. Nessa a transformé l’entreprise en une sorte de fonds économico-humanitaire qui oeuvre à l’amélioration de la situation sociale et économique des populations du Proche-Orient, dans le but de construire la paix par le développement. Mais même si elle vient d’être anoblie pour ses actions de bienfaisance, Nessa n’a rien d’une naïve idéaliste. Au risque d’insister sur ce point, c’est bien une femme d’affaires qui conduit des projets d’envergure sur un territoire à haut risque, ce qui n’est pas sans déranger les intérêts politiques et économiques de ses rivaux et adversaires…

Acclamée outre-manche, la série a reçu les critiques élogieuses de plusieurs blogueur-ses expert-es es-séries TV et le féminin culturel Tess Mag voit au moins trois bonnes raisons de s’y précipiter : 1/le genre du film noir devient aussi un genre féminin ; 2/ le personnage principal est une femme intelligente et capable et 3/ pour une fois, le corps de l’actrice principale n’est pas traité en objet de fantasme stéréotypé mais en sujet à part entière de la complexité du personnage incarné.

 

 

Et vous, quelles actus retiendrez-vous de cette rentrée?

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE