Egalité, mixité, leadership équilibré : la rétrospective 2016

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Retour sur les actus qui ont marqué l’année écoulée sur le front de l’égalité.

 

Janvier 2016 : Taiwan élit une Présidente de la République
Tsai Ing-wen

Tsai Ing-wen

56,12%. C’est le score électoral par lequel Tsai Ing-wen est devenue, le 16 janvier 2016, la première Présidente de la République de Taiwan.

Juriste émérite, elle s’est notamment distinguée par le passé en négociant l’entrée de son pays à l’OMC. Elue sur un programme de politique intérieure progressiste (développement de la protection sociale, droit au mariage pour les personnes de même sexe, promotion de l’égalité femmes/hommes) et d’ouverture sur le plan économique, elle aura pour grand défi à relever la question des tensions avec la Chine.

A l’heure actuelle, sur 197 pays reconnus par l’ONU, 11 seulement ont une femme cheffe d’Etat.

 

Février 2016 : « We do it together », pour agir contre le sexisme dans le cinéma

we do it togetherDe révélations sur les inégalités de rémunération en polémiques sur la rareté des films de femmes primés dans les grands festivals en passant par les débats sur les stéréotypes de genre à l’écran, le 7è art est loin d’être épargné par le fléau du sexisme.

Pour accélérer la marche vers l’égalité dans le secteur, un collectif de grandes figures internationales (parmi lesquelles Jessica Chastain, Juliette Binoche, Geena Davis, Penelope Cruz, Jodie Foster, Robin Wright…) lance en février 2016 « We do it together ». A mi-chemin entre boîte de prod’ et ONG, la structure produit des court-métrages « bankables » avec des têtes d’affiche bénévoles puis en redistribue les bénéfices à des réalisatrices prometteuses.

 

Mars 2016 : Ban Ki-moon en appelle à la féminisation de 100% des parlements et gouvernements de la planète

Ban Ki-moon14 mars 2016, en ouverture de la 60è session de la Commission de la condition des la femme des Nations Unies, Ban Ki-moon a déclaré ne plus vouloir de « gouvernement ou de parlement sans aucune femme ».

Désignant en creux les 5 pays dans le monde qui ne comptent pas une seule parlementaire, le Secrétaire général a rappelé son attachement à l’objectif d’égalité et son souhait de voir se prolonger l’action volontariste qu’il a menée en ce sens tout au long de son mandat.

Quelques mois plus tard, à l’approche de l’échéance de son mandat, il affirmait qu’il était « grand temps » qu’une femme prenne la tête des Nations Unies. Quoiqu’autant de femmes que d’hommes se soient porté.es candidat.es, le poste a finalement échu à Antonio Gutterres.

 

Avril 2016 : Le « 50 km marche » s’ouvre aux femmes… Et c’est tout un symbole
Erin Taylor-Talcott

Erin Taylor-Talcott

La marche athlétique compte parmi les disciplines « à records du monde» les plus spectaculaires, plus encore quand elle se fait sur la distance extrême de 50 kilomètres. Cette épreuve était, jusqu’en avril 2016, réservée aux hommes. La Fédération Internationale d’Athlétisme a décidé de mettre fin à cette discrimination, donnant enfin raison aux arguments de la coureuse Erin Taylor-Talcott.

Celle-ci s’était précisément illustrée un mois plus tôt lors de la course américaine de qualification pour les JO en étant la seule femme à courir la distance et y finissant 6è au classement général.

C’est une nouvelle victoire pour la course au féminin, dont le documentaire « Free to run » sorti en avril 2016 conte la route semée d’embûches, dont l’image d’une Kathrine Switzer agressée sur le marathon de Boston reste le symbole.

 

 

Mai 2016 : Fatma Samoura, première Secrétaire générale de la FIFA
Fatma Samoura

Fatma Samoura

La plus puissante des fédérations sportives internationales, créée en 1904, s’est choisie pour la toute première fois de son histoire une femme pour occuper le poste de Secrétaire général.e.

Diplomate aux Nations Unies depuis plus de vingt ans, Fatma Samoura est à l’origine de plusieurs programmes humanitaires à destination notamment des jeunes et des femmes, sur tous les continents.

Elle a exprimé clairement, au moment de sa nomination, son intention de faire de la FIFA une organisation plus ouverte et plus transparente, qui rende au football toute sa vocation de vecteur de mixité sociale.

 

Juin 2016 : le 1er United State of Women à Washington

the-united-state-of-women-profile-photoAu bilan des années Obama, nombreux.ses reconnaîtront une attention sans relâche portée à l’égalité entre les femmes et les hommes : bataille pour la loi sur l’égalité salariale, obligation faite aux fournisseurs et sous-traitants de la Maison Blanche de justifier de mesures d’accompagnement de la parentalité, prises de parole sans ambages et autres lettres ouvertes dans les médias pour dénoncer les stéréotypes sexistes…

Et un final en fanfare, avec la tenue du 1er United State of Women, en présence de 5000 invité.es et d’une pléiade de stars (Oprah Winfrey, Meryl Streep, Tina Fey, Laverne Cox, Patricia Arquette), de tout un aréopage de figures de l’administration Obama, des représentant.es d’une quarantaine de multinationales. Au coeur des discussions de ce sommet, l’enjeu crucial de la féminisation des techs.

 

Juillet 2016 : un « World Emoji Day » placé sous le signe de la diversité

7636066-3x2-340x227Peut-être ne le savez pas, mais le « langage émergent » a sa journée mondiale : le 17 juillet. Conçue pour célébrer les nouvelles formes d’écriture impulsées par les usages numériques, ce World Emoji Day est aussi l’occasion de réfléchir collectivement au sens porté par une langue en train de s’inventer.

Cette année, organisateurs et organisatrices ont donc, en conscience du fait que les émoticônes sont « un miroir de la société », voulu placer cet événement sous le signe des « valeurs culturelles de première importance que sont la mixité ethnique, l’égalité de genre et le respect des croyances ».

Une centaine de nouvelles figurines digitales représentant des femmes en diverses situations, notamment professionnelles, ont été ainsi lancées par les grands acteurs du web en juillet 2017.

 

Août 2016 : la Colombie pionnière de la résolution 1325 de l’ONU sur la paix, les femmes et la sécurité

cuba_colombiapeacetalksLa résolution 1325 de l’an 2000 des Nations Unies prévoit la parité dans l’ensemble des initiatives de paix et de sécurité et la prise en compte des questions d’égalité des sexes dans les discussions de sorties de conflit comme dans la construction des dispositifs de reconstruction… Hélas, 17 ans après son adoption, elle n’est pour ainsi dire jamais respectée.

Aussi, l’accord signé en août 2017 à la Havane, entre le gouvernement colombien et les FARC a-t-il une portée historique : outre une représentation correcte des femmes à la table des négociations, le processus d’élaboration du texte a intégré pour la première fois une sous-commission dédiée au genre, en charge notamment de garantir le respect des droits des femmes et des populations LGBT dans l’application de l’accord.

 

Septembre 2016 : Geena Davis donne son nom à un nouvel outil d’analyse des médias au prisme du genre

slider-gdiq-reel-truth-women-arent-seen-or-heardIl s’appelle GD-IQ, pour Geena Davis Inclusion Quotient. Il a été initié et développé par Google et l’UCLA. Son job, scanner les contenus audiovisuels pour analyser le traitement qui y est réservé aux femmes et aux hommes. Son premier fait d’armes : une analyse des 100 films qui ont fait le box-office aux States en 2015.

Résultat : deux fois plus d’hommes que de femmes à l’écran ! Et ils sont également deux fois plus nombreux qu’elles à avoir la parole.

Pour l’actrice Geena Davis, dont l’Institute on Gender in Media est partenaire de l’appli, ce nouvel outil d’évaluation de l’inclusivité des contenus populaires « permet de prendre conscience de façon inégalée jusqu’ici des biais sexistes » que les imageries culturelles véhiculent et entretiennent. Elle espère que l’industrie du cinéma et les médias en feront bon usage et veilleront à proposer davantage de « rôles modèles aux filles et jeunes femmes partout dans le monde ».

 

Octobre 2016 : Wonder Woman en égérie Onusienne (vivement discutée)

161021-wonderwomanA peine nommée, déjà au centre de vifs débats : c’est peu de dire que la nouvelle ambassadrice de l’ONU ne fait pas l’unanimité.

Car en choisissant Wonder Woman pour incarner la promotion des droits des femmes à travers le monde, on a déterré la hache de guerre entre les grands courants de militant.es de l’égalité des sexes : tenant.es du « girl power » contre défenseur.es de la « femme normale », détracteurs/détractrices de la « femme objet » (dénudée) contre promoteurs/promotrices du corps féminin assumé, convaincu.es de l’importance de valoriser la puissance au féminin et plaideurs/plaideuses d’autres valeurs que celles du pouvoir… Sans compter celles et ceux qui s’étonnent qu’il faille aller chercher une héroïne imaginaire à mettre dans la lumière quand tant de femmes exemplaires sont injustement laissées dans l’ombre.

La bonne nouvelle, dans tout ça, c’est qu’on a eu du débat, lors duquel des questions à enjeu sur la place des femmes dans la société ont été mises à l’agenda.

 

Novembre 2016 : Allo, allo, je me fais mansplainer !

mansplainingDans les discussions sur le manterrupting qui ont suivi la parution de plusieurs articles en 2015-2016, s’est invitée la notion de mansplaining, hier plutôt familière des milieux militants les plus avertis. Ce concept sensible qui décrit la situation dans laquelle une femme se fait expliquer ce qu’elle sait déjà par un homme ou bien voit ses propos reformulés par icelui, au motif qu’une prise de parole masculine serait plus intelligible et plus audible qu’une voix féminine, a pris ses quartiers dans la discussion publique sur l’égalité… Si bien que le mansplaining commence à entrer dans la liste des actes sexistes reconnus

Comme souvent en matière d’égalité femmes/hommes, la Scandinavie est pionnière : en novembre 2016, le principal syndicat suédois, Unionen a ouvert une hotline destinée à recevoir les témoignages de femmes victimes de « mecsplication ».

La mesure a cependant fait grincer des dents un certain nombre d’adhérent.es de l’organisation, estimant que la condescendance est un mal qui ne pollue pas que les relations femmes/hommes et doit être combattu hors spectre d’une forme de « guerre des sexes ». Les dirigeant.es d’Unionen ont répondu en citant les résultats de l’étude de 2003 de l’Association américaine de psychologie démontrant un surcroît de confiance en leur intelligence chez les hommes les poussant à davantage de comportements supérieurs.

Le niveau de conscientisation de toutes et tous ayant pu progresser au cours des quinze dernières années, de nouveaux travaux d’évaluation de la réalité du « mansplaining » seraient probablement utiles à la compréhension du fait et à la définition d’actions pertinentes pour le combattre.

 

Décembre 2016 : Vaiana, une héroïne Disney débarrassée du Complexe de Cendrillon

21af8e4730dd4e14142c6fc7f3cea199_xlIl est manifeste que depuis quelques années, les studios Disney ont à cœur de donner une image des héroïnes de contes de fée dépoussiérée…

Personne n’a pas pu passer à côté du phénomène Reine des neiges, qui a vu des millions de petites filles de par le monde, chanter à tue-tête « libérée, délivrée ! ». Refrain entêtant certes, mais hautement réjouissant du point de vue du sens quand la jeunesse féminine de toute la planète clame son droit à l’indépendance.

En 2016, Disney franchit encore un palier, avec Vaiana, l’héroïne qui n’a pas besoin de trouver le Prince charmant pour se révéler et ne court pas même après l’amour ! Pas de complexe de Cendrillon pour cette fabuleuse aventurière qui se libère toute seule du joug d’un père, se fait « élire » reine par sa communauté qu’elle s’en va sauver d’une malédiction divine. Si ça, c’est pas de l’empowerment !

 

Actus sélectionnées et commentées par Marie Donzel, pour le webmagazine EVE.

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