#GenderScan 2017 : un recul préoccupant de la féminisation des filières de formation tech

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Claudine Schmuck, Présidente de Global Contact, a présenté ce 28 septembre 2017, en présence de la Secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, les résultats de l’étude GenderScan 2017. Menée en partenariat avec l’UNESCO et plusieurs associations et réseaux, cette enquête* sponsorisée par Orange et la Française des Jeux examine les évolutions des indicateurs de mixité dans la tech et les métiers de l’innovation.

La présentation des résultats était suivie d’une table ronde réunissant autour de la Ministre, Monsieur Alain Rabary, PDG de Val technologies et Mesdames Catherine Ladousse, Présidente du Cercle InterElles et Mari-Noëlle Jégo-Laveissière, VP Innovation Marketing et Technologies Executive du Groupe Orange.

Retour sur les enseignements de l’étude et les temps forts de la rencontre.

Un recul préoccupant de la féminisation des filières de formation scientifiques et techniques…

Une nouvelle alarmante est d’emblée annoncée par Claudine Schmuck : la part des filles dans les formations secondaires et supérieures techniques et scientifiques est en chute.

Elles sont 18% en première techno aujourd’hui contre 25% il y a 7 ans ; et 25% à suivre un cursus scientifique à la fac contre 28 % en 2010.

… Alors même que la mixité est indispensable à l’innovation

Cette érosion de la féminisation des formations scientifiques et techniques est d’autant plus problématique que la tech a, plus que tout autre secteur, besoin de mixité.

Claudine Schmuck a rappelé, pour la symbolique, qu’aux origines même de l’informatique il y a le duo Babbage/Lovelace, père du hardware pour le premier et mère du software pour la seconde.

Mais au-delà de cet ancrage historique, il faut aujourd’hui, dans un monde d’agilité et d’innovation, faire appel à tou.te.s pour construire l’avenir (« quand on est ensemble, on fait un monde pour tout le monde » a résumé Mari-Noëlle Jego-Laveissière) et pouvoir compter sur la dynamique éprouvée de la mixité.

« Il a été démontré que les équipes comptant 40% à 60% d’hommes et de femmes sont celles qui fonctionnent le mieux » a déclaré Claudine Schmuck, convoquant les travaux de McKinsey, Sodexo ou Michel Ferrary qui ensemble concordent vers ce ratio. Une conviction partagée par Mari-Noëlle Jego-Laveissière pour qui « les équipes mixtes sont plus productives, plus dynamiques« , ce qui fait de la mixité « une vraie question d’efficacité dans les entreprises »

La mixité, facteur avéré de bien-être au travail et d’engagement

Mais par quel mystère ce lien entre mixité et performance s’opère-t-il? La question qui occupe les expert.es de la mixité depuis une dizaine d’années pourrait bien trouver sa réponse dans les bienfaits de la qualité de vie au travail.

En effet l’étude GenderScan met en évidence les effets de la mixité sur l’engagement et l’épanouissement des collaborateurs et collaboratrices. Les nouveaux horizons de la motivation, faite aujourd’hui de participation, de collaboration et de sens, sont dans la diversité et le partage d’expériences et points de vue qu’elle favorise.

Alain Rabary, PDG d’une PME toulousaine, n’a plus besoin qu’on l’en convainque : il expérimente au quotidien, dans sa structure qui s’intéresse autant aux innovations d’usage qu’à la technicité des produits et services d’avenir, les résultats d’une politique active de féminisation de son effectif  : « en 11 ans, le chiffre d’affaires a été multiplié par 4 » à la faveur de nouvelles façons de collaborer impulsées par la mixité. Et Catherine Ladousse, Présidente du Cercle InterElles de saluer « des exemples comme celui-ci qui montre que l’engagement porte ses fruits« . Applaudissements nourris de la salle.

Donner de nouvelles impulsions au mouvement

La Ministre n’a pu qu’aller dans le sens de cet encouragement à renforcer l’engagement et à amplifier le mouvement. En s’appuyant sur ce que nous avons à disposition, comme les lois favorisant la parentalité partagée (on rappelle que le congé paternité existe – et que les hommes sont encore trop peu nombreux à prendre ces quelques 11 jours indemnisés à la naissance d’un enfant – et que le congé parental est ouvert aux hommes!).

En nous inspirant également de toutes les initiatives positives qui font leurs preuves ailleurs. De retour de Londres, elle a fait part aux participant.es de la rencontre du programme Mums In Tech qui propose aux jeunes mères des solutions de reconversion dans la tech en période post-congé maternité, particulièrement favorable aux transitions de carrière.

Elle a insisté encore sur la nécessité absolue d’enrichir le corpus de rôles modèles inspirants pour les jeunes femmes et suggéré le lancement d’un « Prix Ada Lovelace » qui valoriserait les femmes de science et récompenserait les organisations innovantes les plus vertueuses en matière de mixité et d’égalité professionnelle. On vote pour, sans hésiter!

 

 

Marie Donzel, pour le webmagazine EVE. Avec la complicité de Christelle Cloarec (Orange)

 

*Panel de 9008 répondant.es, femmes et hommes âgé.es de plus de 18 ans, , dans 59 pays