« La mixité est un vecteur de transversalité très fort »

Eve, Le Blog Egalité professionnelle

Rencontre avec Mathias Vicherat, Directeur Général Adjoint en charge du Projet d’entreprise, de la Communication et de l’Image.

Bonjour Mathias. Vous êtes en charge du projet d’entreprise de SNCF. Pouvez-vous nous présenter ce projet ?

Mathias Vicherat : Nous nous définissons aujourd’hui comme le groupe de toutes les mobilités. Pour faire plus de train, il faut faire plus que du train. Dans ce contexte, le projet d’entreprise a quatre visées :

1/ Donner une raison d’être commune au groupe. Ce mobile, c’est de faciliter la vie mobile en rendant à chacun·e la maîtrise du temps : aux voyageurs et voyageuses qui veulent organiser au mieux leurs déplacements, aux acteurs du transport de marchandise, aux collaborateurs et collaboratrices qui aspirent à des façons de travailler en phase avec la diversification des modes et des rythmes de vie.

2/Définir une méthode pour cette raison d’être. Cette méthode, c’est l’ouverture. A l’international (nous sommes présents dans 120 pays), sur la société dont nous voulons être un miroir, sur l’innovation (ce qui passe par le développement d’un écosystème de start-ups partenaires déjà au nombre de 4000).

3/ Trouver les sources de synergie et d’interopérabilité au sein du groupe. Cela signifie connecter nos offres (par exemple, OuiBus avec les TER), mais aussi favoriser les transferts de compétences et d’innovation.

4/ Devenir le champion des mobilités durables du XXIè siècle. Le ferroviaire représente aujourd’hui moins de 50% du CA du groupe, le reste étant réalisé par toutes les autres mobilités que nous développons (Bus, Tram, VTC, Autopartage…). Nous serons au rendez-vous de toutes les nouvelles mobilités : la navette autonome, l’hyperloop, la multimodalité intelligente…

Quelle place prend l’enjeu de mixité dans ce projet d’entreprise ?

Mathias Vicherat : La mixité est un vecteur de transversalité très fort. SNCF au féminin en est d’ailleurs une incarnation : c’est aujourd’hui une des seules instances totalement groupe, qui adresse une multiplicité de sujets clés pour l’entreprise, notamment au travers de ses groupes experts. C’est à la fois l’exemple et un fer de lance de notre méthode de transformation.

La question de la mixité femmes/hommes a ceci d’intéressant qu’elle met très souvent le doigt sur d’autres problématiques : là où il y a des résistances à l’équilibre des genres, il y a généralement aussi des freins à l’innovation, à l’agilité, à la capacité de transformation, à l’ouverture sur la société et sur l’avenir

Par exemple, nous devons forcément être interpelés par le fait qu’il n’y ait que 3% de femmes parmi les conducteurs de train. Un tel déséquilibre ne peut seulement s’expliquer avec les grilles de lecture classique invoquant la ségrégation genrée des filières de formation ou la conciliation des temps de vie. Cela signifie que nous devons parler autrement du métier de conducteur/conductrice dans le cadre de notre communication marque employeur et faire évoluer nos façons de recruter, former et promouvoir. De façon plus générale, le Groupe SNCF qui offre une diversité de métiers comme peu d’entreprises, devrait attirer au moins 50% de femmes parmi les 140 000 CV que nous recevons chaque année. C’est un défi à relever et nous avons une politique volontariste en la matière.

Au-delà de la mixité de genre, quelle est la vision de l’inclusion que porte le groupe SNCF ?

Mathias Vicherat : Notre intention d’ouverture, au cœur du projet d’entreprise, fait de l’inclusion un objectif  en même temps qu’une méthode. Nous avons la volonté, et aussi une forme de devoir en tant que grande entreprise assurant des services aussi importants pour le quotidien des personnes que les mobilités, d’être représentatifs de la population. Nous avons des atouts majeurs pour cela : nous sommes une entreprise attractive pour les millenials (la 2è après L’Oréal selon le dernier classement Odoxa), nous avons une très grande variété de métiers et de vraies opportunités de carrière à proposer, nous sommes implantés partout dans les territoires et à l’international. Nous avons tout pour attirer de nouveaux profils et nous le voulons, car nous sommes convaincus de la force de transformation que représente l’inclusion.

Propos recueillis par Marie Donzel, pour le webmagazine EVE