Women’Up, en partenariat avec SNCF au féminin, plaide pour l’engagement des hommes

Eve, Le Blog Egalité professionnelle

Rendez-vous était donné à Paris, le 1er février 2017, par l’association Women’Up fondée par Emmanuelle Duez pour un colloque intitulé « Les hommes et les enfants d’abord ». Un titre pour le moins interpellant, dont le sous-titre « le colloque qui parle des femmes… Sans parler des femmes » ne venait qu’accentuer l’intention de faire un pas de côté, pour penser l’engagement des hommes depuis leur point de vue.

La parole était donc donnée aux hommes et le débat frontalement posé : qu’est-ce que cette virilité qui ne connaît pas de symétrique féminin ? Car oui, si la masculinité et la féminité sont en miroir, la virilité désigne une dimension de la masculinité sans équivalent pour les femmes. Comment les hommes endossent-ils aujourd’hui cet attribut psychosocial convoquant l’idée de puissance intrinsèque à leur genre alors que les femmes investissent à leur tour les territoires du pouvoir ?

La sociologue Christine Castelain-Meunier, auteure de l’ouvrage Les métamorphoses du masculin et pionnière des études consacrées à la place des hommes dans les combats pour l’égalité a dit l’importance d’investir la masculinité de dimensions nouvelles et multiples afin que les hommes dépassent l’angoisse d’être dévirilisés et trouvent à s’épanouir dans d’autres projections que celles de l’alpha-mâle.

La philosophe Olivia Gazalé, auteure du Mythe de la virilité, un piège pour les deux sexes n’a pu qu’abonder dans son sens : elle qui fait remonter l’installation de la domination masculine à l’édification de la virilité comme une supériorité du féminin mais aussi comme une masculinité amplifiée, fait le diagnostic d’un modèle d’organisation sociale aujourd’hui à bout de souffle. Les femmes ne veulent plus de la hiérarchie des sexes, mais les hommes n’y trouvent plus leur compte non plus. Car cette virilité qui honnit l’éffémination jusqu’à renvoyer l’expression des émotions à de la faiblesse renvoie aux hommes une image bien trop éloignée de ce qu’ils sont au quotidien et les assigne à des fonctions bien trop pesantes pour ce qu’ils en seront récompensés demain.

Pour Pierre-Edouard Hétier, membre du comité de pilotage de SNCF au féminin (partenaire du colloque), membre de la communauté EVE et participant au mouvement Happy Men, le refus de la toute puissante virilité est déjà une réalité : à la conviction que l’égalité femmes/hommes est une cause juste, il adjoint celle que les hommes y ont intérêt, ne serait-ce que parce que la mixité bénéficie à toutes et tous (ce qui s’illustre par exemple dans les progrès ergonomiques que la féminisation a apporté à de nombreux métiers ou dans la façon dont les politiques d’articulation des temps de vie ont permis à toutes et tous d’assumer le besoin d’un équilibre professionnel/personnel).

Après cette table ronde, des « hommes à femmes » sont venus témoigner de leur vision de l’égalité et de leurs actions pour contribuer à en faire une réalité : Fabrice Florent, fondateur du média en ligne Madmoizelle qui a ouvert la voie des « féminins » briseurs de tabous ; Adrian de la Vega, homme transgenre et star de Youtube pour ses vidéos pédagogiques et humoristiques sur l’identité de genre ; Fabrice de Boni, réalisateur et scénariste de la websérie « et tout le monde s’en fout » dans lesquelles le féminisme ne se cache pas derrière son petit doigt…

 

Marie Donzel, pour le webmagazine EVE