« Infuser des flux socio-culturels à travers les flux économiques »

Eve, Le Blog Leadership

Rencontre avec Jean-François Arnod, Directeur marketing opérationnel d’Orange MEA, participant à EVE 2017.

Jean-Francois Arnod est Directeur marketing opérationnel d’Orange MEA. Il partage avec nous sa vision des questions de mixité dans cette vaste région où les grandes transformations économiques et sociales de notre époque sont à l’œuvre.

Bonjour. Qu’est-ce qui vous a amené à prendre il y a 4 ans la direction du marketing opérationnel d’Orange pour la zone MEA ?

Jean-François Arnod : Je suis issu d’une région frontalière (la Lorraine) et je pense que ça a joué dans ma volonté d’avoir un parcours international. Toute une première partie de ma carrière a été tournée vers les pays du Nord de l’Europe. Jusqu’à ce qu’en 2010, on m’offre une opportunité très séduisante : participer au lancement d’Orange Tunisie. C’est une chance à ne pas laisser passer, vivre l’aventure entrepreneuriale de création d’une filiale. Quatre ans plus tard, j’ai rejoint le siège pour prendre la direction marketing opérationnelle de la zone Afrique et Moyen Orient.

On dit de cette zone Afrique-Moyen-Orient qu’elle est celle de tous les avenirs. Confirmez-vous ?

Jean-François Arnod :  Cette région du monde est portée par une population jeune et optimiste qui prend des raccourcis et, de fait va plus vite dans certains domaines.  C’est un constat sur le plan des transformations sociales et culturelles à l’ère du digital.

Quelle est la place de la mixité femmes/hommes dans cette zone ?

Jean-François Arnod : Ma vision personnelle sur la zone est très influencée par mon passage en Tunisie où la diversité et la mixité de genre sont des éléments essentiels de la transformation économique et sociale. C’est lié à un héritage politique, le code du statut personnel, qui a installé dès 1957 le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ce qui fait que dans les entreprises tunisiennes, aujourd’hui beaucoup de femmes occupent des postes stratégiques. Il y a aussi dans les esprits une conviction établie que la place des femmes est centrale dans le développement économique et social.

Au-delà de la Tunisie, la zone MEA est très diversifiée, elle va du Moyen Orient au Botswana en passant par la Côte d’Ivoire et la RDC ou la Sierra Leone : une question comme celle de la mixité professionnelle est à appréhender au regard de  contextes économiques, politiques, sociaux, culturels différenciés, sans tomber dans les préjugés et idées préconçues.

Est-ce à dire que l’on doit avoir une stratégie mixité à géométrie variable en fonction des contextes ?

Jean-François Arnod : Pour un groupe comme le nôtre, une vision commune de la mixité avec des intangibles doit s’exprimer au-delà des géographies. Je suis personnellement convaincu que nous avons un rôle à jouer dans la diffusion des pratiques managériales et de la culture de l’inclusion. Cela prend une portée encore plus stratégique dans la zone MEA où nous sommes souvent un des employeurs majeurs des pays. Nous sommes présents dans la vie de chacun·e à de multiples titres : en tant que fournisseur d’accès, en tant qu’employeur, en tant que marque, en tant que partenaire d’initiatives locales, que diffuseur… Nous avons un véritable pouvoir d’infuser des flux socio-culturels à travers les flux économiques.

Vous avez participé à EVE International en 2017. Que retenez-vous de ce séminaire de leadership équilibré ?

Jean-François Arnod : Je suis très sensible à la vision du management que porte EVE : celle du manager incessamment en apprentissage sur lui-même et en ouverture sur le monde. Le sujet de la diversité est très révélateur de cette posture : même une personne très convaincue des bénéfices évidents de la diversité, comme je pense en faire partie, a besoin de remettre régulièrement en mouvement son propre rapport à ce que chacun·e est tenté·e d’appeler « l’autre ».

Propos recueillis par Marie Donzel, avec la complicité de Christelle Cloarec (Orange)