Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’égalité… Expliqué par des héroïnes de BD, séries TV ou dessins animés !

Eve, Le Blog Dernières contributions, Egalité professionnelle, Rôles modèles

Marie Donzel est directrice associée au sein du cabinet AlterNego. C’est aussi une fidèle rédactrice du webmagazine EVE et l’autrice du Rapport EVE & Donzel sur le chiffrage de l’égalité professionnelle. Elle sort aujourd’hui un livre original qui répond à toutes les questions que vous vous posez sur le sexisme, le plafond de verre, la mixité en revisitant les bandes-dessinées, les contes de fée, les films et séries cultes…

 

Bonjour Marie. Vous publiez « 7 icônes de la pop culture pour comprendre le sexisme » aux Editions Fil Rouge. Quel est le concept de ce livre?

 

Quand j’interviens comme formatrice ou conférencière pour sensibiliser à l’égalité professionnelle, j’ai assez peu de temps pour donner à comprendre des concepts comme ceux de « minorité active », de « bienveillance limitante », de « freins intériorisés », de « valence différentielle des sexes »… il y a une dizaine d’années, je suis tombée sur un article de Katha Pollitt sur le « syndrome de la schtroumpfette ». C’est très puissant de pouvoir donner en une image que tout le monde visualise instantanément, des clés de compréhension de la situation d’une femme seule dans un environnement ultra-masculinisé.
Donc, je me suis dit que si je pouvais associer à chaque idée importante sur l’égalité professionnelle une figure de la pop culture, comme Pollitt l’a fait avec la schtroumpfette, je pourrai faciliter l’appropriation des idées et des concepts… Et puis aussi apporter un peu de fantaisie et d’humour, dans le traitement de cette question parfois assez démoralisante de la persistance des écarts de traitement entre femmes et hommes. Je nourris l’espoir que cette entrée par la pop culture donnera envie à des personnes moins sensibilisées à l’égalité femmes/hommes de s’intéresser au sujet.

 

Quelles sont ces figures de la pop culture et de quoi parlent-elles ?

 

Par exemple, j’ai pris Merida, l’héroïne du dessin animé Rebelle, pour parler de la « valence différentielle des sexes », le concept de Françoise Héritier qui met en évidence que le masculin a plus de valeur sociale que le féminin. Ce qui fait que quand une fille va vers ce qui est traditionnellement attribué au masculin, on lui reproche de manquer de féminité mais en même temps, on la valorise parce qu’elle est capable de « faire comme un garçon ». En revanche, quand un garçon va vers ce que les stéréotypes attribuent au féminin, il est comme « dégradé », renvoyé à de la faiblesse, voire de la « chochotterie ». Ça n’est une bonne affaire ni pour les femmes ni pour les hommes !
Sinon, je me suis replongée dans les livres de la comtesse de Ségur pour évoquer le complexe de la bonne élève. Je parle aussi du mythe de la femme multi-tâches et de toutes les pensées magiques associées à une prétendue « plus-value » féminine en m’appuyant sur Mary Poppins. J’ai traité le rapport des femmes à l’argent en m’intéressant aux personnages de Pretty Woman et de la série « the client list ». J’ai pris Madame Doubtfire pour instruire la parentalité des hommes, la princesse au petit Pois pour montrer comme le sexisme est polymorphe et comme on passe vite du sexisme dit bienveillant au sexisme hostile…

 

Vous écrivez pour le webmagazine EVE depuis quasiment les débuts du programme. Cette expérience a-t-elle nourri votre livre ?

 

Indiscutablement, ce livre doit beaucoup au Programme EVE. D’abord, parce que ma culture de l’égalité professionnelle s’enrichit chaque jour quand je me documente pour écrire des articles pour le webmagazine… Que je source abondamment, d’ailleurs, dans le livre.

Ensuite, parce que j’ai appris au séminaire une chose fondamentale : toujours challenger la question avant d’apporter des réponses. Depuis que je « fréquente » EVE, j’ai beaucoup plus d’esprit critique, avant tout vis à vis de mes propres opinions. Je me sens beaucoup plus forte pour porter des idées quand je me suis donnée la chance d’en débattre intérieurement et surtout d’en débattre sainement. Je me suis libérée, avec EVE, de l’idée que le débat est un rapport de force dont l’issue serait forcément d’imposer sa vision ou d’abdiquer : je le vois désormais comme une occasion de se challenger et de développer de l’empathie. Ce qui renforce l’intégrité personnelle, contrairement à ce que l’on peut penser au premier abord, en s’imaginant à tort que prendre le point de vue de l’autre va diluer le sien propre, voire s’exposer à de l’influence.

Enfin, le message d’EVE, « oser être soi pour pouvoir agir » m’a permis d’accepter que je sais faire des choses et qu’il y en a d’autres que je ne sais pas faire, des choses que j’aime faire et d’autres qui ne me correspondent pas, bref d’identifier ce qui compte pour moi, ce qui me donne de la force et là où je peux être utile et pertinente. Cela m’a donné l’élan nécessaire pour réaliser le projet d’écrire ce livre que j’avais de longue date en tête.

 

« 7 icônes de la pop culture pour comprendre le sexisme », dessins de Rapaport, postface de Brigitte Grésy – Editions Fil Rouge, 2019.