Conciliation vie privée/vie professionnelle : télétravailler à 500 km de son bureau, c’est possible!

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Rencontre avec Moïra Taillefer, directrice de la formation division produits grands publics chez L’Oréal

 

 

 

 

 

 

 

 

Moïra Taillefer mène depuis de nombreuses années une passionnante carrière au sein de L’Oréal. Mais en 2009, quand son conjoint est nommé à l’étranger, la question de la conciliation vie familiale/vie professionnelle se pose à elle avec acuité. Un temps tentée de privilégier sa vie de famille en mettant temporairement sa carrière de côté, elle a finalement l’opportunité de mettre en place une organisation de son travail adaptée aux nouvelles contraintes de sa vie personnelle. Rencontre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Bonjour, pouvons-nous retracer rapidement votre parcours ?

 

 

 

Moïra Taillefer : Je suis d’origine canadienne. Pendant mes études, j’ai participé à un programme d’échange avec l’école de commerce de Reims. C’est comme ça que je suis arrivée en France. Là, directement à la sortie de l’école, j’ai été embauchée au marketing France pour la marque Laboratoire Garnier. Ensuite de quoi, j’ai évolué vers la coordination des marchés Afrique-Asie-Pacifique, jusqu’à ce qu’une véritable zone Asie soit créée et qu’on m’y confie le développement des produits de coloration. Après la naissance de mon premier enfant, on m’a proposé de travailler en marketing RH : on a créé pour moi un poste de développement de la marque « employeur ». Je me suis beaucoup amusée sur ce terrain pendant presque 6 ans. Puis, j’ai demandé à revenir au marketing produits et c’est ainsi que je suis devenue directrice d’Axe au développement marketing international de L’Oréal Paris avant de rejoindre à nouveau les RH il y a 4 ans.

Aujourd’hui, j’occupe le poste de directrice de la formation pour la division produits grands publics de L’Oréal.

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Concrètement, en quoi consiste votre travail?

 

 

 

Moïra Taillefer : J’encadre une équipe de 8 personnes qui travaillent avec moi sur le domaine de la formation interne et sur l’expertise professionnelle en marketing et commerce mais également pour décoder la culture et la stratégie de la Division… Nos temps forts, ce sont des séminaires réguliers avec des participants de toute l’Europe mais également une offre à destination des autres zones et certains programmes en ligne sur notre plateforme de développement des collaborateurs : My Learning.

 

 

 

 

 

Programme EVE : Vous avez donc un poste à responsabilités, avec des déplacements, des événements, beaucoup d’encadrement. Et pourtant, vous êtes en télétravail depuis déjà deux ans. Comment avez-vous mis en place cette organisation?

 

 

 

 

Moïra Taillefer : En réalité, j’ai posé un vrai problème à la direction de la mobilité, il y a deux ans. En effet, mon mari a été muté en Suisse et dans un premier temps, il a fait les allers-retours le week-end, mais c’était frustrant pour toute la famille. Du coup, on a étudié la possibilité que je le rejoigne. J’ai songé au congé sabbatique, j’ai cherché à savoir si on pourrait me proposer une mission à Genève, mais L’Oréal m’a finalement offert la possibilité de faire moi-même une proposition d’organisation du travail. Lausanne où nous habitons, ce n’est pas très loin et j’ai l’avantage, dans mon métier, de connaître le calendrier très à l’avance.

J’ai donc précédé les accords sur le télétravail, en proposant d’être à Paris 50% de mon temps et de travailler depuis chez moi le reste du temps. Je suis donc à Paris le lundi et le mardi, je ne travaille pas le mercredi car je suis au 4/5è et je suis en Suisse le jeudi et le vendredi. Je pratique ce rythme pendant 2 semaines, puis ensuite je suis toute une semaine en séminaire et la dernière semaine je récupère en étant en télétravail toute la semaine, etc.

 

 

 

 

Programme EVE : Comment ça se passe avec votre équipe?

 

 

 

 

Moïra Taillefer : Les choses sont claires, ils savent qu’ils peuvent compter sur moi, même quand je ne suis pas physiquement là. Je suis connectée, je m’astreins à être à ma table de travail du matin au soir. Quand je suis en télétravail, j’anime mon équipe avec des points téléphoniques réguliers et j’utilise également l’outil communicator – le chat interne de L’Oréal – pour pouvoir réagir du tac au tac aux problèmes urgents. De plus, nous pratiquons les web-conferences et les conf-call pour faire des réunions à distance. Ca fonctionne très bien. Mais l’équipe est aussi organisée de façon très rationnelle pour que, quand je suis à Paris, on puisse avancer efficacement sur les projets : nous avons une réunion de l’ensemble du service une fois par mois pour faire le point sur l’actualité du service, coordonner entre nous les différents sujets.  J’invite également mes collaborateurs à mes rendez-vous avec d’autres managers du groupe. C’est une façon de les associer à mes dossiers pour qu’ils puissent assurer le suivi en direct en mon absence. Mon télétravail est donc bénéfique à tous, d’une certaine façon, puisqu’il responsabilise pleinement mes collaborateurs sur les projets que nous conduisons ensemble. Avec chacun d’eux, je fais aussi aussi des points de passage en binôme ou trinôme sur chacun des sujets/séminaires clés.

 

 

 

 

Programme EVE : Avez-vous rencontré des résistances dans la mise en place de cette organisation du travail?

 

 

 

 

Moïra Taillefer : Pas dans mon équipe ni dans ma hiérarchie. Les résistances que j’ai rencontrées ont été les miennes, en réalité. J’ai surtout ressenti au début un certain besoin de me justifier.

Chez L’Oréal, la culture d’entreprise est forte, j’avais la crainte au fond de moi de passer pour quelqu’un de désinvesti, alors même que le télétravail a plutôt tendance à renforcer l’investissement, en réalité.
Je travaille encore plus qu’avant, y compris dans le train!

 

 

 

 

Programme EVE : Quels bénéfices personnels retirez-vous de cette organisation du travail?

 

 

 

 

Moïra Taillefer : Le vrai avantage, c’est la flexibilité, j’ai la sensation d’avoir un meilleur équilibre de vie. Et surtout, je me sens moins une mère indigne (rire), je suis plus disponible pour ma famille les jours où je suis là surtout qu’ il n’y a plus de perte de temps dans les transports, j’ai donc aussi l’esprit plus libre pour travailler… Le télétravail, c’est à la fois plus de temps pour soi et plus de temps pour l’entreprise, et plus de sérénité, aussi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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