« Aux femmes qui veulent entreprendre, je dis : oui, c’est possible! »

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Rencontre avec Sandra Le Grand, une femme en Or!

Sandra Le Grand, fondatrice et Présidente-Directrice-Générale de Kalidea

Le 6 décembre 2011, Sandra Le Grand, fondatrice et présidente-directrice générale de Kalidea débarquait à Evian, pour communiquer aux EVEsien-nes sa passion d’entreprendre.

Le 16 décembre 2012, Sandra Le Grand était à Courchevel pour recevoir le Trophée des Femmes en Or dans la catégorie Femme d’entreprise parrainée par notre partenaire Orange.

Pour fêter cette belle nouvelle et partager le bonheur que nous avions eu à la découvrir, nous avons voulu l’interviewer en exclusivité. Rencontre inspirante avec une femme qui a osé être elle-même et se donner les moyens de son ambition, mais aussi une femme de conviction et d’engagement : une vraie femme en or!

Programme EVE : Bonjour Sandra. A la lecture du communiqué des Trophées des Femmes en Or, on apprend que vous êtes à la tête d’une entreprise de 200 personnes dont le chiffre d’affaires s’élève à 66 millions d’euros. Cette entreprise, vous l’avez créée il y a 12 ans. Comment est-ce que ça a commencé?

Sandra Le Grand : C’était en 2000. J’étais depuis 11 ans chez Coca-Cola où j’avais occupé de nombreuses fonctions toutes plus intéressantes les unes que les autres. Pendant cette période, j’avais aussi eu deux enfants. J’avais toujours gardé à l’esprit que je voudrais un jour créer une entreprise, mais j’étais bien chez Coca-Cola et le temps était passé très vite. Au début des années 2000, c’était la grande effervescence des start-ups, des levées de fond, des tours de tables, des business angels… J’ai vu un reportage à la télévision sur des jeunes entrepreneurs et ça a immédiatement ranimé mon envie de créer quelque chose.

Chez moi l’envie d’entreprendre a précédé l’idée : je savais que je voulais créer, il ne me restait qu’à décider ce que j’allais créer.

Programme EVE : L’envie a précédé l’idée, oui, mais comment avez-vous trouvé l’idée?

Sandra Le Grand : J’ai cherché un marché. Chez Coca-Cola, je m’étais occupée en particulier du département « at work ». Je savais qu’il y avait 35 000 CE en France et que ça représentait 14 milliards d’euros. Par ailleurs, c’était les débuts de l’e-commerce. Je me suis dit que si je proposais une prestation en ligne qui réponde vraiment aux attentes des comités d’entreprise, je pourrais la commercialiser. C’est ce que j’ai fait en créant CANALCE : une formule d’abonnement pour les CE qui leur donne accès à la fois à des prestations et des biens à tarif préférentiel ainsi qu’à toute une boîte à outils de communication, de gestion, de formation…

Kalidea, fondée par Sandra Le Grand compte 200 salarié-es et un chiffre d'affaire de 66 millions d'euros en 2012

En 2011, CANALCE est devenu Kalidea (pour retenir le nom pensez à Qualité-Idées-Cadeaux!) car nous avons choisi de diversifier notre activité en dupliquant le modèle CANALCE ur différents marchés : toujours les comités d’entreprises, mais aussi les PME qui veulent offrir des avantages et des loisirs à leurs salarié-es, et maintenant nous développons Kalidea Pulse, une agence de marketing relationnel qui accompagne les réseaux de vente dans la mise en place des programmes d’incentive. Demain, nous pourrons encore dupliquer Kalidea sur d’autres secteurs : pourquoi pas le sport, par exemple…

Programme EVE : Ca c’est l’histoire de l’entreprise. Mais il y a aussi l’histoire de la femme. Comment ça se passe quand à 34 ans, avec deux enfants en bas âge, on décide de quitter un beau poste chez Coca-Cola pour créer sa propre entreprise?

Sandra Le Grand : Pour créer une entreprise, c’est comme pour faire un enfant, ce n’est jamais le bon moment! Alors, il faut décider soi-même du moment et se faire confiance pour y aller. Il faut aussi bénéficier de la confiance des autres, celle de l’entourage proche, mais aussi celle du réseau.

Pour moi, dans l’envie d’entreprendre, il y a un mix entre une bonne dose de passion, une bonne dose de confiance et une petite pincée d’inconscience. Oui, il faut oser prendre le risque pour avoir la joie de vivre cette aventure tellement enthousiasmante.

Programme EVE : Vous évoquez l’importance des réseaux… Qu’est-ce que ça change d’avoir un bon réseau?

Sandra Le Grand est vice-présidente du réseau Croissance Plus

Sandra Le Grand : Tout. C’est ce qui fait la différence. Le réseau, c’est ce qui permet d’aller plus vite. C’est aussi ce qui permet d’échapper à l’un des risques les plus importants pour un entrepreneur : celui de l’isolement. J’ai toujours entretenu mon réseau professionnel et j’ai très tôt fait la démarche d’intégrer des clubs de dirigeants et associations. Je suis vice-présidente de Croissance Plus et je suis également investie dans le réseau Entreprendre et Jury d’HEC Entrepreneur.

Le réseau, c’est un lieu pour faire du business mais c’est aussi un lieu pour échanger, pour partager, pour s’entraider.

Programme EVE : Comment expliquez-vous la croissance formidable d’une entreprise que vous avez créée toute seule il y a une douzaine d’années et qui compte aujourd’hui 200 collaborateurs et réalise cette année un chiffre d’affaires de 66 millions d’euros?

Sandra Le Grand : Derrière tout ça, il y a une ambition. Quand vous créez une entreprise, vous pouvez avoir pour ambition de créer votre propre emploi et vous en tenir là. C’est très bien. Vous pouvez aussi avoir l’ambition de développer un projet et d’acquérir une position de leader sur un marché. Mon ambition à moi, c’était et c’est toujours celle-là. Alors, je m’en suis donné les moyens.

D’abord les moyens financiers, j’ai fait appel à des financeurs, des business angels et des fonds d’investissement et j’ai aussi pratiqué la croissance externe en acquérant 12 entreprises du marché.

Kalidea est signataire de la Charte de la diversité et de la Charte de la parentalité en entreprise

Ensuite, il y a les moyens humains. C’est au moins aussi important. J’ai 65% de femmes dans mon entreprise, je fais partie des chef-fes d’entreprise convaincu-es par la mixité comme levier de performance et suis donc signataire de la Charte de la diversité. Je suis également convaincue qu’il est essentiel de prendre soin de ses salarié-es. D’abord, parce que Kalidea vend du bien-être en entreprise et que ça n’aurait pas de sens que les collaborateurs et collaboratrices ne sachent pas eux-mêmes ce dont il s’agit. Ensuite, parce que je sais, de par ma propre expérience et en observant les personnes avec qui je travaille, qu’un collaborateur ou une collaboratrice bien dans sa vie est aussi bien au bureau.

J’ai deux principes : il faut que les gens aient plaisir à travailler et il faut que les gens puissent articuler sereinement leur vie professionnelle et leur vie privée, parce que les soucis personnels, on ne les accroche pas au porte-manteau en arrivant au bureau. J’ai donc aussi signé la Charte de la parentalité et je suis très attentive à respecter des horaires de travail et de réunion compatibles avec la vie familiale afin de favoriser le « cumul des mandats » de parent et de salarié-e.

Programme EVE : Vous-même, ce « cumul des mandats », vous le pratiquez et vous en parlez sans fard, dans votre livre Entreprendre : un peu, beaucoup, passionnément

Dans son livre, Sandra Le Grand dit : OUI, c'est possible de créer une entreprise!

Sandra Le Grand : Oui, j’ai voulu témoigner dans mon livre de tous les aspects de la vie de cheffe d’entreprise, des moments forts, des moments de plaisir et des moments plus durs. J’ai voulu aussi dire ce que ça signifie d’être une femme, une mère et d’avoir des responsabilités. Dans tout ça, il y a des moments magnifiques, des élans incroyables… Mais il y a aussi des moments de solitude, des moments d’incertitude, des moments difficiles.

Je trouve que c’est important de le dire, de dire « Je ne suis pas superwoman ». Parce que ce que j’ai envie de faire passer comme message, c’est que c’est possible, de créer une entreprise quand on a 35 ans et des enfants, que c’est possible de la faire croître en faisant parallèlement face aux aléas de la vie. C’est possible! Que celles qui ont de l’ambition puissent oser!

J’ai moi-même été inspirée par des femmes, une Dominique Reiniche chez Coca-Cola, une Véronique Morali (qui a d’ailleurs très élogieusement préfacé mon livre), une Anne Thévenet chez Danone… J’ai envie d’inspirer à mon tour.

Programme EVE : Vous avez beaucoup inspiré les EVEsien-nes l’an dernier, lors de la deuxième édition du séminaire EVE. De votre côté, qu’avez-vous retenu de cette expérience?

Sandra Le Grand et sa complice Nathalie Grospiron lors du séminaire EVE 2011

Sandra Le Grand : J’ai été très flattée d’être invitée à présenter mon parcours lors du séminaire du Programme EVE. Mais au-delà de ma propre intervention, j’ai ressenti pendant tout ce séminaire une formidable énergie. Une vraie solidarité aussi, beaucoup d’empathie et de bienveillance entre les personnes, et énormément de générosité.

C’est important, la générosité chez les personnes qui entreprennent. Entreprendre, c’est avant tout aller vers les autres.

D’ailleurs, le Programme EVE, c’est une entreprise en soi, au sens propre et fondamental du terme. C’est la preuve même qu’on peut créer, transformer, innover, entreprendre au sein des organisations. Pour moi, Anne Thévenet, c’est une vraie créatrice, une vraie entrepreneure.

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Programme EVE : Pour finir, vous venez de recevoir le Trophée des Femmes en Or dans la catégorie Femme d’Entreprise. Que ressentez-vous en vous voyant ainsi distinguée?

Sandra Le Grand : Beaucoup de fierté, évidemment. C’est un Prix qui existe depuis 20 ans et pour lequel on ne postule pas. Vous êtes repérée pour faire partie de la sélection et c’est déjà très valorisant. Ensuite, sortir du lot et emporter le trophée, c’est un grand honneur et une vraie joie.

Ce Trophée, je veux le partager avec mes équipes parce que ce qui a été récompensé, c’est une femme mais c’est aussi un projet et une implication. Pour réussir tout ça, je suis très bien accompagnée au quotidien, alors c’est essentiel de dire aujourd’hui « merci » à mon entourage, à mes proches, à mon réseau et à tous et toutes mes collaborateurs et collaboratrices.

Propos recueillis par Marie Donzel