Femmes au foyer : un « choix » en débat

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A l’heure où, projet de réforme du congé parental oblige, l’articulation entre vie professionnelle et responsabilités parentales est au coeur du débat du société, l’INSEE vient de faire paraître une étude complète sur la situation des mères au foyer.

Pour dépasser les perceptions immédiates, nous avons lu et analysé les chiffres de l’inactivité au féminin. Choisie ou subie? Plutôt temporaire ou trop souvent définitive? Le fait de classes sociales particulières? De catégories d’âge spécifiques? On fait le point.

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Combien de femmes au foyer ?

2,1 millions de femmes françaises âgées de 20 à 59 ans, non étudiantes et vivant en couple sont inactives (ne travaillent pas et ne sont pas en recherche d’emploi). Elles représentent 14% de la population de femmes du même âge, en situation familiale identique.

Il y a 20 ans, elles étaient 3,5 millions, soit 24 % de la population féminine.

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Avoir déjà ou n’avoir jamais travaillé, telle est la question

Au sein de la population des inactives, le nombre de femmes n’ayant jamais exercé un emploi est en diminution : elles sont 21% aujourd’hui contre 24% hier. Un signe manifeste de la poursuite du mouvement de féminisation du marché du travail, mais dont la progression se heurte à une conjoncture difficile.

En effet, les femmes ayant travaillé avant de cesser leur activité ont le plus souvent occupé des emplois précaires : la fin d’un CDD est devenue la première cause de retrait des femmes du marché de l’emploi, alors qu’en 1991, la majorité des femmes devenues inactives invoquaient avant tout des raisons personnelles pour expliquer leur retour au foyer.

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Diplômées et au foyer ?

La répartition par niveau de diplômes confirme une constante à travers le temps : les femmes au foyer sont globalement moins diplômées que les actives.

Toutefois, leur niveau de formation a crû depuis 1991 : elles sont aujourd’hui 37% (contre 15% il y a 20 ans) à être titulaire du baccalauréat et près de 10% d’entre elles ont fait au moins trois ans d’études supérieures (elles étaient seulement 2,8% dans ce cas, il y a 20 ans).

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Trappe(s) générationnelle(s) 

Lors qu’on observe la répartition par âge, on constate que le gros du bataillon des femmes au foyer se constitue de femmes âgées de 55 à 59 ans. Les experts expliquent le chiffre de 34 % d’inactives parmi cette catégorie d’âge en convoquant des effets de génération (elles appartiennent à une cohorte de femmes ayant atteint l’âge adulte à une époque où les femmes étaient globalement moins nombreuses à travailler) et des effets de conjoncture (les femmes seniors sont les grandes victimes de l’exclusion du marché du travail en contexte de fort chômage).

Toutefois, le phénomène du retour à la maison des femmes jeunes n’est pas qu’une illusion : elles sont aujourd’hui plus nombreuses entre 20 et 34 ans qu’en 35 et 50 ans.

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Parentalité et inactivité sont-elles si étroitement corrélées? 

L’arrivée d’un enfant est-elle, comme on aurait tendance à le penser, le facteur déterminant de l’éloignement du marché de l’emploi?

Le premier élément à prendre en compte pour relativiser cette intuition est le taux de femmes au foyer sans enfant : 43%.

La seconde surprise de l’étude, c’est que l’inactivité féminine n’augmente sensiblement pas avec le nombre d’enfants à charge : établi autour de 18% pour les femmes ayant un enfant, il s’élève à 20,5% pour celles qui en ont deux, mais accuse une diminution (17,6%) chez les mères de 3 enfants ou plus.

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Par delà les expériences individuelles et la diversité des modèles d’organisation familiale, il ressort de l’étude de l’INSEE que le « choix » du foyer est aujourd’hui plus contraint par les conditions économiques qu’il l’était hier par les structures socio-culturelles : plus diplômée, plus expérimentée, relativement moins freinée par la maternité, la population féminine inactive semble aspirer davantage à (r)entrer sur le marché du travail. Les question de la durée de l’éloignement de l’emploi et partant, celle de la perte de compétences en période d’inactivité, sont clés pour permettre aux femmes qui le souhaitent d’y (re)trouver leur place.

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Marie Donzel

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