Une femme, un ballon rond, plus de 40 nations et autant de valeurs humaines et d’émotions

Eve, Le Blog Dernières contributions, Développement personnel, Egalité professionnelle, Leadership, Responsabilité Sociale, Rôles modèles

Rencontre avec Alexandra Zivy, Events & Brand Experience Manager, Danone.

 

 

 

 

 

 

 

Nous poursuivons notre chantier « femmes et sport » jusqu’à la fin de l’année. Au cours de nos travaux sur ce thème, nous avons rencontré Alexandra Zivy, Events & Brand Experience Manager chez Danone en charge principalement des événements sportifs. Le jour où nous l’avons interviewée, elle rentrait justement de Varsovie où venait d’avoir lieu la Danone Nations Cup, le seul tournoi international de football ouvert aux enfants de 10 à 12 ans.

Nous lui avons posé des questions sur les valeurs du sport, la place des femmes dans le milieu sportif, le rôle d’une entreprise comme Danone dans la promotion de l’activité physique… Mais aussi sur son quotidien de femme cadre supérieure qui conjugue brillante carrière et vie familiale avec l’habileté d’un « numéro 10 » !

 

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Bonjour Alexandra. Vous êtes Events & Brand Experience Manager chez Danone, en charge notamment des initiatives en lien avec le sport. Autrement dit, vous êtes à la tête du « service des sports » de Danone…

 

 

Alexandra Zivy : En réalité, ce n’est pas un « service des sports » à proprement parler, c’est un des quatre départements du service communication de Danone. Cela vient de la conviction absolue des dirigeants de l’entreprise que la construction d’une marque passe par sa réputation et son image. Or, celles-ci s’incarnent dans les événements originaux et novateurs que l’entreprise crée et organise.

Il n’y a aucun mal à assumer le fait que les événements sont au service du business à la fois pour la communication interne et la communication externe. A condition bien sûr d’assurer la concrétisation des événements, de faire exister les valeurs portées par l’entreprise dans des rassemblements positifs. Ce n’est pas de l’affichage et c’est pour cette raison que Danone se donne les moyens d’avoir un service complet dédié à ses événements sportifs qui n’est pas seulement un service de sponsoring et de gestion des partenariats.

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Que représente le sport pour Danone ?

 

 

Alexandra Zivy : Une passion de Franck Riboud ! (rire) C’est un vrai fan de foot. Mais il n’est pas le seul chez Danone, c’est une passion très partagée.

Au-delà de ça, c’est complètement dans les valeurs de l’entreprise : la mission de Danone, c’est la santé. Cela passe par l’alimentation, c’est le produit. Mais « la deuxième jambe » de la santé, c’est évidemment l’activité sportive. Et puis, il y a les valeurs humaines portées par la culture d’entreprise, ce qu’on appelle le HOPE : Comitted, Opened, Doer, Empowerd / Empowering. Etre engagé, être ouvert, être dans l’action, s’appuyer sur la force du collectif et développer les talents. C’est ça aussi, le sport!

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Etiez-vous personnellement prédisposée à exercer un métier en lien avec le sport ?

 

 

Alexandra Zivy : Je suis une sportive qui vient d’une famille de sportifs. La doctrine à la maison, c’était que le sport permet une socialisation où qu’on soit. Aussi, il fallait que nous sachions pratiquer tous les sports, pour être toujours en situation de participer au collectif : une virée à vélo, une partie de volley sur la plage ou un match à la télé pour vivre avec les autres l’émotion du sport. D’ailleurs, je ne suis pas une compétitrice dans l’âme, ce que j’aime dans le sport, c’est le moment de partage, la plénitude, la vibration collective, tout ce que le moment sportif apporte au-delà du tournoi et des performances. Même si je suis sensible aussi au dépassement de soi, à la volonté d’aller plus loin, plus haut, plus fort.

 

 

 

 

Programme EVE : Vous êtes donc, chez Danone, en charge de toute l’organisation de deux immenses événements sportifs : la Danoners World Cup et la Danone Nations Cup…

 

Alexandra Zivy : Oui, mais je ne suis pas toute seule. J’ai une équipe, ici, avec moi, à Paris, qui n’est d’ailleurs composée que de femmes, ce qui dit aussi beaucoup de l’esprit de ces événements. Et puis, comme ce sont des événements internationaux, je m’appuie également sur des relais dans les pays.

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Parlons de la Danoners World Cup, un incroyable tournoi de football qui réunit tous les deux ans tous les Danoners du monde…

 

Alexandra Zivy : Cet événement existe depuis 1997 et rassemble aujourd’hui les salariés de Danone de plus de cinquante pays. Il a lieu tous les deux ans dans un pays d’accueil différent. C’est un moment essentiel de la vie de l’entreprise : il faut imaginer que 12000 salariés, et y compris les dirigeants, se retrouvent sur un terrain pour taper dans le ballon. Pour certains, participer à ce tournoi, c’est avoir l’occasion de voyager en dehors de leur pays pour la première fois.

La Danoners World Cup, ce n’est d’ailleurs pas que du foot, c’est un voyage organisé pour et avec 12 00 personnes ! Pour la dernière édition, nous étions à Tokyo, c’était un symbole fort et un séjour ponctué de découvertes culturelles incroyables.

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Vous dites que tous les salarié-es du groupe participent à cet événement aussi enthousiasmant que valorisant… Même les femmes ?

 

Alexandra Zivy : Bien sûr! Depuis plusieurs années déjà, le tournoi oppose d’une part des équipes masculines et d’autre part des équipes féminines. Ça va d’ailleurs dans le sens de l’engouement croissant pour le foot féminin, ici et dans de nombreux pays.

Nous sommes allés plus loin dans la démarche en composant depuis 2010 des équipes mixtes dont le nombre d’inscriptions va croissant. C’est un signe de succès pour l’événement mais la competition sportive ne doit pas effacer les autres valeurs portés par la Danoners World Cup. La mixité apporte ça aussi, elle remet au premier plan le fair-play, l’échange, l’esprit d’équipe et de partage.

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Quant à la Danone Nations Cup, de quoi s’agit-il ?

 

Alexandra Zivy : C’est le plus grand tournoi de foot pour les enfants de 10 à 12 ans du monde entier, filles et garçons confondus (même si, il est vrai, nous avons peu de filles). Si on prend en compte les étapes locales des tournois, cet événement touche 2,5 millions d’enfants dans le monde.

Au moment du tournoi à proprement parler, c’est 560 enfants de 40 nationalités différentes qui se retrouvent pour jouer et tenter de remporter la coupe… Toute une organisation ! D’autant que, depuis 2010, la Danone Nations Cup se déplace : nous l’avons organisée en Afrique du Sud en 2010 en cohérence avec la Coupe du Monde des pros et en Espagne en 2011. Cette année, c’était à Varsovie. J’en reviens juste, d’ailleurs.

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Comment communiquent entre eux ces enfants de tous les pays du monde ?

 

Alexandra Zivy : Avec le langage du corps, les pieds, les mains. Ils se shakent, ils dansent, ils font des mimiques. Ils se font comprendre. Nous leur offrons aussi un petit lexique en phonétique et leur propre album Panini, pour qu’ils aient des repères.

Mais franchement, ils savent très bien se débrouiller, le sport a son langage universel.

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Sans indiscrétion, comment faites-vous pour concilier une vie professionnelle faite de nombreux déplacements et de moments très intenses comme ceux des tournois avec votre vie familiale ?

 

Alexandra Zivy : J’ai un enfant de deux ans et demi. Il est né en mars 2010 et en septembre, j’étais à Johannesburg pour la Danone Nation Cup. C’était évidemment difficile de laisser mon tout petit bébé pendant une période assez longue durant laquelle j’allais devoir m’investir à fond dans mon boulot. Mais comme je ne suis de toute façon pas une femme qui pourrait rester à la maison, et plus encore, pas une personne qui pourrait accepter de vivre à moitié les choses, j’ai été obligée de trouver des solutions.

La conciliation vie privée/vie professionnelle, ça repose sur le couple, le fait de pouvoir compter sur son conjoint, mais c’est aussi une question d’organisation. Dans une entreprise comme Danone où beaucoup de choses sont faites pour favoriser la parentalité et l’articulation vie privée/vie professionnelle mais aussi tout simplement pour encourager une organisation sereine du travail, c’est sans doute plus facile qu’ailleurs.

 

Mais il y a encore une dimension essentielle pour concilier vie privée et vie professionnelle : l’enrichissement humain. Ce que je fais, travailler beaucoup, m’investir pleinement, partir sur des périodes parfois longues à l’autre bout de la planète, je le fais parce que ça m’apporte énormément, parce que ça a du sens, parce que c’est humainement très fort. La valeur de ces événements fait qu’on ne peut les faire à moitié. Il y a la compétition sportive qui est un moment d’échange, de partage, de bonheur où l’on se fabrique de merveilleux souvenirs, mais il y a aussi tout ce qu’elle porte, qui me tient fondamentalement à cœur : l’ouverture sur le monde, les barrières sociales et culturelles qui tombent, la santé…

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Diriez-vous que ce sont ces valeurs qui expliquent la féminisation de votre équipe, au sein de votre service ?

 

Alexandra Zivy : Le marketing sportif est parfois vu comme un métier plutôt masculin. Mais dans la réalité, ce n’est pas vraiment le cas. Organiser des événements comme la Danoners World Cup ou la Danone Nations Cup, c’est plus du sens de l’organisation que du sens de la compétition. C’est un vrai métier de chef d’orchestre qui suppose de vraies qualités d’écoute.

Et puis, il faut de la générosité et du sens pratique. Dire que ce sont des qualités féminines serait renforcer les stéréotypes, mais il s’avère que cette dimension « care » du métier attire sans doute plus de femmes que d’hommes.

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Pour finir, quel regard portez-vous sur le monde sportif actuel ?

 

 

Alexandra Zivy : Le sport a une puissance incroyable : il peut emmener un peuple entier. C’est une force fabuleuse. Mais on est dans une phase où la performance est poussée à l’extrême, jusqu’à occulter les autres valeurs du sport. C’est problématique parce que ça a tendance à éloigner les sportifs de la réalité du monde. Ce qui est à la fois gênant pour la promotion des valeurs telles que le fair-play ou le sport pour tous et à la fois parce que ça pose de vraies difficultés d’accompagnement du sportif de haut niveau vers sa reconversion. Ici, c’est le double projet qu’il faut pouvoir encourager, ce qui est bénéfique autant pour le sportif en particulier que pour l’esprit du sport en général.

 

 

 

 

 

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel et Marisa Guevara

 

 

Pour aller plus loin :

Notre bilan des JO de Londres sous l’angle de l’égalité homme/femme

– Le blog Sportissima de Fabienne Broucaret, entièrement consacré à la place des femmes dans le monde sportif

Les travaux de la commission Femmes & Sport du Mouvement Olympique.

 

 

 

 

 

Comments 1

  1. j’aime bien l’idée du langage du corps qui permet de communiquer de façon universelle quand on joue au foot.
    De la lumière, des couleurs, de la passion dans cet article, et de vrais chiffres qui montrent l’engagement de Danone dans le sport comme facteur d’énergie collective et de cohésion.

Comments are closed.