Lydwine Alexandre, senior manager KPMG audit : un esprit de battante dans une carrière d’auditrice

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Lydwine Alexandre a 35 ans. Et un parcours sans faute. Cette ancienne sportive de haut niveau aime les challenges et la compétition, l’efficacité et les résultats.

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Rapide et foisonnante de force vitale, c’est aussi une professionnelle de l’audit, senior manager chez KPMG, qui prend le temps du retour sur soi et de la structuration de ses projets pour concilier toutes ses vies et donner du souffle à son ambition.

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Nous avons eu la chance de rencontrer cette participante à EVE 2012 et nous avons voulu brosser son portrait.

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Championne

Magnésie. Barres. Poutre. Cheval. Enchaînement : roue, saut périlleux, flip flap, salto et grand écart.

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Quand on demande à Lydwine Alexandre à quelle date de sa vie elle choisirait de commencer pour écrire sa biographie, elle déballe du sac de ses souvenirs d’enfance un justaucorps et une paire de chaussons Gymway. « Si je suis qui je suis aujourd’hui, dit-elle, c’est parce que j’ai été sportive de haut niveau. J’ai fait de la gymnastique de compétition, en individuel et en équipe. » Jusqu’à décrocher le titre de championne de France, en 1993.

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On l’imagine en section sport études ou bénéficiant des aménagements offerts par l’INSEP pour poursuivre entraînement sportif et vie lycéenne dans des conditions optimales. Mais non, elle a suivi un parcours scolaire classique en s’entraînant « deux heures par jour, en étant tous les week-ends et toutes les vacances sur les routes, pour les compèts« .

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Elle? Pas capable de briller sur la poutre et aussi à l’école?

Jusqu’en seconde, tout va bien, elle vogue entre le statut de première de la classe et la première marche du podium sans encombres. « Mais l’année du championnat de France« , elle est « à fond en gym » et ses « résultats scolaires baissent vertigineusement entre septembre et juin« . Elle demande pourtant une première S. Les profs ne l’entendent pas de cette oreille, ils la croient « un peu juste » et suggèrent que, si elle souhaite continuer le sport à ce niveau, elle « revoie ses ambitions scolaires à la baisse« .

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Lydwine est une compétitrice, on ne lui dit pas « vise moins haut«  comme ça : « Ca m’a secouée, je me suis dit pour qui ces gens me prennent? Ils ne me croient pas capables de faire les deux? « .

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Dont acte, elle va leur prouver de quelle poutre elle se chauffe. Ses parents soutiennent son passage en filière scientifique et ils ont raison : deux ans plus tard, elle décroche le bac royal avec mention, est acceptée en prépa et tiens, pour que les choses soient parfaitement claires sur son potentiel, entre directement à l’ESSEC.

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La première apprentie de KPMG

Une fois admise dans la prestigieuse institution, elle a besoin d’action, elle a envie de voir ce qui se passe derrière les grilles de l’école, au coeur de la vie professionnelle.

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Elle sollicite un apprentissage chez KPMG. On n’y a jamais pris d’apprentis, mais avec elle, on veut bien essayer. Elle crée le précédent, après elle, des centaines d’étudiants seront pris chez KPMG sous le même régime.

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A la Défense, elle plait. Beaucoup. On veut la garder et on lui propose un poste, même si elle n’est pas encore diplômée. Pas question de laisser filer la chance : elle passe en accéléré ses derniers UV et la voilà, à 22 ans, en CDI chez le géant de l’audit et de l’expertise-comptable.

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New York, New York

6 mois plus tard, elle est promue.

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Un an et demi après, elle postule pour le bureau de New-York. Son conjoint y a aussi une opportunité professionnelle, c’est l’occasion rêvée d’aller vivre l’expérience américaine.

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Elle y nage dans le bonheur : le boulot la passionne (il faut dire qu’on lui confie un gros dossier très stratégique), la culture locale la comble, elle se sent bien, elle se sent « une et entière« , vivant « une seule vie« , alignée sur ses valeurs, ses compétences et ses aspirations.

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Elle y donne naissance à son premier enfant, en août 2004. « Oui, j’ai tendance à faire les choses vite dans la vie, même les enfants » dit dans un rire malicieux celle qui n’avait que 26 ans alors. Peu après l’arrivée de son petit garçon, elle est de retour au bureau : « C’est ça aussi, l’expérience américaine » plaisante-t-elle, en précisant qu’elle était cependant ravie de se replonger dans les dossiers si stimulants dont elle avait la charge.

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Double carreer principle

Mais la poursuite de la carrière de son mari ne se passe pas comme prévu aux Etats-Unis. Ce brillant jeune avocat d’Andersen Legal subit de plein fouet la crise consécutive au scandale Enron. Le bureau new-yorkais de son cabinet ferme. Il reprend des études pour s’adapter au marché du travail américain. Mais même avec son prestigieux diplôme US en poche, il peine à trouver un poste sur place.

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La famille choisit de rentrer en Europe « parce que si nous avons toujours été d’accord pour poursuivre nos carrières, il n’a jamais été question d’en sacrifier une pour l’autre« .

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Et Arcelor-Mital boosta sa carrière…

Un coup de fil à la direction des Ressources Humaines de KPMG, quelques formalités à régler et là voilà nommée manager au Luxembourg. 

Elle arrive à point nommé : parmi les clients du bureau, il y a Arcelor. Mital vient de lancer son OPA. Vite! On a besoin d’une personne qui ait une expérience américaine et une vision 360° d’un dossier de cette importance pour organiser la riposte et préparer la suite. C’est elle!

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Elle se fait franchement plaisir dans une mission aussi excitante… Ce qui ne l’empêche pas de mettre en route un deuxième bébé.

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ESSEC Campus Manager

En juin 2007, un enfant de 3 ans à la main et un bébé de 6 mois dans l’autre bras, elle demande son transfert à Paris. Là encore, ça se passe « à la KPMG : tout est facile, rapide, on me trouve une solution, je me sens la bienvenue… » et elle est promue senior manager pour l’occasion.

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Elle s’occupe d’un beau portefeuille de clients mais souhaite se réinvestir en parallèle dans les relations de l’entreprise son école. Elle est accueillie à bras ouvert par le Partner en charge du dossier et devient ESSEC Campus Manager.

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Emergence, pour se structurer et grandir chez KPMG

Chez KPMG, on a évidemment repéré Lydwine : son énergie, sa rapidité, son efficacité, ses talents et son bon esprit ne passent pas inaperçus.

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Aussi quand le Programme Emergence se met en place, en septembre 2010, c’est à elle qu’on pense pour représenter son département. « Le Programme Emergence, explique-t-elle avec l’entrain d’une ambassadrice, c‘est un programme conçu pour faire émerger les désirs profonds des collaborateurs, leurs vraies ambitions et leur permettre de se structurer pour grandir au sein de KPMG en fonction de ce qu’ils attendent vraiment de leur carrière.« 

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Le Programme est avant tout basé sur la rencontre : elle fait connaissance avec des dizaines de collègues et découvre que « toutes ces femmes ont les mêmes problématiques » qu’elle et qu’elles ont trouvé là un contexte pour en parler de façon franche et directe, sans fard, sans rivalités non plus. Elles « prennent ensemble le temps de se poser pour se poser les bonnes questions« .

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Les bonnes questions

Parmi les « bonnes questions« , deux travaillent Lydwine : passer un jour associée et aussi faire un troisième enfant. Les deux sont un rêve mais inconsciemment, elle les a considérés jusqu’ici comme incompatibles. Ou sinon incompatibles, peu réalisables en concomitance.

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Emergence change la donne : elle se rend compte que de toute façon, elle ne sera « pas une associée heureuse si elle s’interdit d’agrandir sa famille et de faire le petit dernier » qu’elle désire tant et qui viendrait compléter sa « famille telle qu’elle l’imaginait« .

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Alors, d’une part, elle s’inscrit aux examens qui lui permettront de devenir expert-comptable (car c’est une condition sine qua non chez KPMG pour devenir associé-e) et d’autre part, elle « s’autorise » à avoir un autre enfant.

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La magie d’EVE

Elle est encore confortée dans cette certitude qu’on peut cumuler une vie professionnelle ambitieuse et une vie de famille nombreuse par sa participation au séminaire d’EVE en 2012.

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Elle garde de cette aventure à Evian un souvenir ébloui : « il y a une vraie magie à EVE. Rien que parce que toutes les heures, vous êtes assise à côté d’une personne différente et que cette personne a autant de choses passionnantes à partager que la précédente. »

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Le virus du « réseau » et la nouvelle aventure Women for Business

A EVE, elle attrape aussi le virus du « réseau«  et quand Women for Business, le réseau interne des femmes de KPMG se lance, au printemps 2013, elle se réjouit d’en être.

On lui confie la mission d’articuler toutes les actions réseaux de l’entreprise pour en dégager la cohérence business.

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Une recherche de sens et de performance qui lui va comme un gant. Elle aime faire beaucoup de choses, mais elle a besoin que ce soit toujours dans une « perspective d’efficacité« .

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Du bonheur d’avoir toujours une marge de progression

L’efficacité, c’est d’ailleurs son atout majeur et sa valeur cardinale, dans le travail.

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Mais elle a aussi pris conscience du fait que ça ne fait pas tout et à 35 ans, celle qui a toujours voulu que les choses aillent vite et encore plus vite, prend désormais le temps du recul : « j’aime l’action et les challenges, c’est mon caractère, mais j’aime surtout progresser et je sais que j’ai une marge de progression sur mon principal axe d’amélioration : la patience! Dans un métier de contrôle avec une forte dimension gestion des risques, je dois savoir me montrer rassurante en plus d’être efficace. »

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« Parée » pour réussir… En équipe !

Depuis toujours, Lydwine sait que se montrer rassurant est primordial pour travailler en équipe.

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C’est le sport qui lui a appris que pour se dépasser, il faut aussi de la coopération : « Vous savez en gym, on a une expression pour ça, on dit qu’on se « pare » les uns les autres. Ca signifie que quand une personne fait son mouvement, une autre personne de l’équipe est là pour la rattraper (et bien la rattraper, sans lui faire mal) en cas de chute. C’est ça, l’esprit d’équipe : c’est pouvoir dire à quelqu’un « vas-y dépasse-toi, je suis là, je reste là, il y aura toujours quelqu’un ». Ca, ça donne vraiment de la confiance en soi. Et c’est ce qui permet l’audace.« 

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Tiens, tiens, ça nous rappelle un peu le discours inaugural d’une certaine Joanna Barsh lors du dernier séminaire EVE

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Marie Donzel