Prix Trajectoires – HEC au Féminin : and the Winner is… Nathalie Rachou!

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Nous avions eu l’honneur et le privilège il y a quelques semaines d’avoir la primeur de l’annonce des nominées au Prix Trajectoires en partenariat avec KPMG, Sanofi, BCG et Canal Plus. Le Prix a été remis hier soir, à Nathalie Rachou, associée de Topiary Finance, administratrice de Veolia Environnement et d’Altran depuis 2012, de la Société Générale depuis 2008, de Liautaud et Cie depuis 2000 et Conseillère du Commerce Extérieur depuis 2002.

Quant au Trophée Jeune Pousse, c’est à Margaux Vinez, doctorante à la Paris School of Economics et consultante à la Banque mondiale qu’il a été attribué.

 

Bénédicte Champenois-Rousseau, organisatrice du Prix, nous a accordé un entretien ce matin-même, pour évoquer ces deux distinctions et revenir sur une soirée forte en émotions.

 

 

Programme EVE : Bonjour Bénédicte. Nous avons suivi avec passion le LT de la soirée de remise du Prix Trajectoires – HEC au Féminin et nous avons sensiblement perçu que la soirée avait été riche et inspirante…

 

Bénédicte Champenois-Rousseau : En effet, les moments forts se sont succédé toute la soirée. Le premier a été l’intervention de Mercedes Erra. Elle est la marraine de notre Prix et depuis 7 ans qu’il existe, elle n’a fait que réaffirmer son précieux soutien.

Elle a porté hier soir des messages très forts, elle a redit combien il est important de continuer à proposer des rôles modèles pour favoriser l’accès des femmes aux responsabilités, parce que même si les choses bougent, avec la Loi Copé-Zimmermann et d’autres mesures importantes, nous ne sommes pas encore arrivées et que ce n’est pas le moment de baisser la garde.

 

Programme EVE : En suivant le LT, nous avons repéré une phrase forte de son discours : « Je ne suis sûrement pas une mère parfaite, mais je ne crois pas que ça se serait arrangé si j’étais restée chez moi…« 

Bénédicte Champenois-Rousseau : Oui, elle a pris la parole sur cette question de l’articulation des temps de vie, pour dire que c’était à chacune de trouver son équilibre, à soi, sans se laisser dicter les « bonnes » façons de s’y prendre. Elle a tenu un discours très décomplexant, dont nous avons encore besoin pour assumer nos ambitions et pour nous mettre en accord avec. Son message, c’était « Soyez authentique et lucide et ensuite, allez-y!« .

 

Programme EVE : Elle a aussi renouvelé son engagement en faveur de la mixité…

Bénédicte Champenois-Rousseau : Oui, après l’intervention de la DRH de Canal + qui faisait part de l’expérience de son groupe dans lequel le mouvement de féminisation est en voie de se faire assez naturellement, Mercedes Erra a rappelé que l’enjeu, c’est bien la mixité. Car dans son cas, a-t-elle affirmé, il serait facile de recruter 100% de filles ou presque, tant les candidates sont nombreuses à postuler dans la pub. Mais elle a expliqué qu’elle fait l’effort de recruter aussi des garçons, parce que l’objectif, est bien celui-là, de travailler ensemble, en mixité.

 

 

Programme EVE : Et le second temps fort de la soirée de remise du Prix Trajectoires – HEC au féminin?

 

Bénédicte Champenois Rousseau : Nous avons ensuite eu une table ronde sur le leadership, avec notamment Marie Guillemot de KPMG parmi les intervenant-es. Notre partenaire BCG a présenté une étude sur les critères du leadership au 21è siècle. A partir d’une trentaine d’indices, les consultant-es ont distingué quatre dimensions essentielles du leadership d’aujourd’hui et de demain : Navigate (la capacité à piloter), Self-correct (la capacité à s’adapter), Empathize (la capacité à manager en empathie) et Win-Win (la capacité à mettre en place des échanges positifs et gagnants pour tout le monde).

L’enquête portant sur 958 membres de la communauté HEC a permis de constater qu’au niveau middle management, les femmes s’estimaient aussi bonnes que les hommes sur ces critères. Nous pouvons en conclure que dans la population HEC de middle managers, les femmes ont une excellente confiance en elles. C’est une réussite à mettre au crédit d’une école, qui est aussi l’une des plus mixtes dans le paysage des grandes écoles. Cependant, la même étude révèle qu’au niveau senior manager, cette confiance en ses qualités de leader est effritée chez les femmes

 

Programme EVE : Rejoignez-vous alors les conclusions de Claire Léost sur ce point ? Les femmes sortiraient d’HEC à 20 ans très sûres de leur capacité à réussir mais seraient 15 ans ou 20 ans après rattrapées par tout ce qui freine leurs carrières, à commencer par le complexe d’imposture?

Bénédicte Champenois Rousseau : Pour répondre précisément à votre question, je pense qu’il faut pouvoir distinguer un éventuel effet de génération (les middle managers actuelles auraient-elles de toute façon plus confiance en elles que leurs aînées?) des effets de structure (qui voudraient que plus on grimpe dans la hiérarchie et plus les écarts entre hommes et femmes se creusent). Il va nous falloir un peu de recul pour faire la part des choses et effectivement, ce sera intéressant de suivre cette cohorte de femmes aujourd’hui middle managers dans leur évolution, au cours des quinze prochaines années.

 

Programme EVE : Reste que cette étude de BCG montre que les qualités du leadership au 21è siècle ne sont pas des qualités spécifiquement masculines mais que les femmes parviennent très bien à les endosser…

Bénédicte Champenois Rousseau : C’est même plutôt des qualités qu’on a attribuées aux femmes, par le passé, telles l’empathie ou le self-correct. On pourrait plutôt dire que ce sont les hommes qui n’ont pas de mal à les endosser.

 

Programme EVE : C’est ce que dit aussi la chercheuse Sarah Saint-Michel dont nous publierons prochainement une interview exclusive à propos de sa thèse sur les « styles de leadership et le genre » : qu’un homme qui endosse les qualités attribuées au leadership au féminin n’est pas dévalué, et au contraire.

Bénédicte Champenois Rousseau : On peut même aller plus loin, et dire qu’il n’y a qu’un seul leadership et pas un leadership au masculin à côté d’un leadership au féminin.

 

 

Programme EVE : Venons-en au troisième temps fort de votre soirée : la remise des Trophées…

 

Bénédicte Champenois Rousseau : Le Prix Jeune Pousse a été attribué à Margaux Vinez. Margaux est étonnante : elle est diplômée de 2011 et elle est aujourd’hui conseillère à la Banque Mondiale sur les questions agricoles en Afrique. C’est une femme très jeune qui dirige une équipe de plus de cent personnes au fin fond de la brousse! Elle a été remarquablement émouvante et inspirante, lors de son discours de remerciement. Elle a notamment dit que si, dans nos pays, les femmes ne sont pas si mal loties et qu’elles ont effectivement de plus en plus d’opportunités d’accéder aux responsabilités, il n’en est pas de même partout ailleurs. Elle a cité une femme avec laquelle elle travaille, en Afrique, qui est titulaire d’un doctorat mais n’a que le poste de secrétaire du coordinateur local. Un poste très en dessous de ce qu’elle mérite et qui fait dire à Margaux qu’investir la sphère économique et publique n’est pas seulement un droit pour les femmes occidentales mais qu’à la lumière de ce qui se passe ailleurs dans le monde, c’est aussi un devoir.

 

 

Programme EVE : Et pour finir la soirée, Nathalie Rachou a reçu le Trophée Trajectoires HEC – Au féminin…

 

Bénédicte Champenois Rousseau : Oui. Et quelle émotion! Je ne m’attendais pas à ce que cette femme qui a tout, qui est sortie d’HEC en 1978, qui a fait une carrière exemplaire, qui est entrée dans plusieurs conseils d’administration avant la loi Copé-Zimmermann, qui est un modèle pour tant d’autres femmes, soit aussi touchée de recevoir un prix de la part de ses pairs. Son émotion m’a convaincue que c’est important, oui, de récompenser aussi des femmes déjà reconnues. Et tout le jury est extrêmement fier d’avoir remis le Trophée Trajectoires à cette femme remarquable en tous points.

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel