Chaque mois, le webmagazine EVE vous propose sa sélection commentée d’actus marquantes sur le front de l’égalité professionnelle et du leadership équilibré.

La récompense internationale du mois : le  “Nobel” alternatif

Remis à Stockholm le 22 septembre, le Prix Right Livelihood a sacré les “casques blancs” de Syrie, la militante russe des droits des réfugié.es Svetlana Gannushkina, l’intellectuelle égyptienne Mozn Hassan et le quotidien progressiste turc Cumhuriyet.

Lancé en 1980 par l’ex-eurodéputé germano-suédois Jakob von Uexkull, le Right Livelihood Award se positionne en “Prix Nobel alternatif” : il veut mettre en lumière des personnalités remarquables qui accomplissent des actions courageuses et essentielles pour le bien de l’humanité, dans le domaine des droits humains, du développement durable, de l’éthique, de la paix… Mais qui ne bénéficient pas de de toute l’attention qu’ils mériteraient.

Et cela, selon son fondateur, en large partie parce que les critères d’attribution des grands Prix internationaux restent trop traditionnels et insuffisamment en phase avec les grands enjeux de notre époque.  Depuis ses débuts, le Livelihood accorde une attention toute particulière à l’égalité femmes/hommes : sans que ce soit une obligation formelle inscrite dans les statuts du Prix, c’est une simple question de cohérence pour un jury qui regarde bien sûr cette question comme une priorité pour le temps présent et l’avenir;

Le partenariat du mois : L’UIT et ONU Femmes lancent le programme Egaux contre les inégalités femmes/hommes face au digital

Le numérique, c’est une vraie révolution qui a des impacts économiques mais aussi sociaux. De nombreux.ses observateurs et observatrices y voient notamment des opportunités inédites pour réduire les inégalités. Mais “ça ne se fera pas tout seul”, comme nous le disait récemment Peggy Louppe, Directrice de la transformation digitale interne de SNCF. Et d’ajouter :”La carte du monde connecté et de celui qui a encore très insuffisamment accès aux nouvelles technologies nous montre que ce sont les pays où les femmes sont les moins intégrées économiquement qui ont aussi le plus de « zones blanches ».” 

Un même constat est aux origines de la décision d’ONU femmes et d’UIT, ONG oeuvrant pour la réduction de la fracture numérique, de lancer  un programme en faveur de l’inclusion digitale des femmes  dans le monde.

Baptisé Egaux, ce programme se donne trois missions essentielles : favoriser l’accès aux outils et aux connexions, augmenter le niveau des compétences numériques pour permettre aux femmes d’accéder à une pleine autonomie face aux technologies et aux usages, encourager la prise de responsabilités dans le secteur en promouvant l’entrepreneuriat et le leadership féminins dans les TIC.

Le trophée du mois : Médaille d’or du CNRS pour la mathématicienne Claire Voisin

Déjà récompensée d’une médaille de bronze en 1988 puis d’argent en 2006, Claire Voisin est aujourd’hui la quatrième femme à recevoir la médaille d’or du CNRS, prestigieuse récompense scientifique française de portée internationale.

Une reconnaissance bien méritée pour cette chercheuse en géométrie algébrique, experte des structures de Hodge. Mais aussi tout un symbole pour la communauté scientifique qui souffre encore d’une sous-féminisation des effectifs, souvent imputée à la rareté de rôles modèles capables de stimuler des vocations. 

Le carton rouge du mois :  non au bashing des femmes politiques sans enfant !

Tollé sur la toile après la publication ce mois-ci par le Sunday Times d’une infographie Intitulée “Childless politicians” et montrant une galerie de femmes politiques “nullipares”.  

Illustrant les confidences de Nicola Sturgeon, Première ministre d’Ecosse, révélant avoir fait une fausse couche en 2011 à l’âge de 40 ans,  le visuel a été reçu comme un message ouvertement sexiste, entre attention déplacée à la vie privée des femmes leaders sans qu’il en soit de même pour leurs confrères et relents essentialistes traitant de la non-maternité comme d’une étrangeté, voire d’une insuffisance.

La polémique aura au moins eu le mérite d’ouvrir la discussion sur un sujet encore tabou : les discriminations spécifiques dont font l’objet les femmes qui n’ont pas d’enfant, subissant pendant toute la première partie de leur carrière la même “présomption de potentielle grossesse” que toute autre femme et suscitant ensuite toutes sortes de soupçons larvés sur leur vie et leur personnalité. (Le webmagazine y reviendra dans une prochaine rubrique “le chiffre du mois”)

La leçon de conduite du mois: Au Ghana, l’association caritative Network for Women in Growth (NEWIG) rend leur liberté aux femmes.

Conduire, toute une métaphore de l’empowerment et du leadership! Il faut en avoir le droit, ce qui n’est pas encore acquis pour les femmes dans tous les pays du monde ; il faut aussi en avoir les moyens, l’accès à l’automobile restant très inégalitaire ; il faut enfin s’en sentir “l’autorisation”, en étant en confiance au volant de sa voiture, mais aussi dans l’espace public.

L’ONG Network for Women in Growth lance un programme de leçons de conduite pour permettre aux Ghanéennes de se former et perfectionner au pilotage automobile, afin notamment de former des chauffeuses professionnelles. Le programme propose également des sessions de prévention des violences domestiques et sexistes ainsi que des ateliers pour renforcer la confiance en soi.

La playlist du mois : pour que les rappeuses fassent davantage entendre leur voix

Le magazine Télérama publiait il y a quelques semaines un grand papier enthousiaste sur la “nouvelle donne du rap français”, saluant le dynamisme d’un genre musical ultra-créatif et extraordinairement divers, qui gagne à être considéré par-delà les habituels clichés. Sauf que dans sa sélection d’artistes hip hop, l’hebdo culturel a juste oublié… Les femmes!

La journaliste Eloïse Bouton, fondatrice du pureplayer Madame Rap et de la start-up du même nom, a répondu à Télérama par l’entremise des Nouvelles News en proposant sa liste de “la nouvelle donne du rap”, 100% féminine. 7 artistes géniales à découvrir de toute urgence, parmi les centaines de rappeuses du monde entier que Madame Rap a déjà recensées.

Elina Vandenbroucke et Marie Donzel