Chez Schneider, on apprend à être soi, au maximum de ses compétences et de sa visibilité, grâce au mentoring.

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Rencontre avec le mentor Laurent Vernerey

 

 

 

 

 

Laurent Vernerey est dans le groupe Schneider depuis plus de 25 ans.

Il y dirige aujourd’hui, depuis West Wingston, USA, près de Boston, une des cinq unités business du groupe.

Depuis le début de l’année, il est engagé dans le programme de mentoring que la multinationale a mis en place pour favoriser l’accès des femmes aux postes à responsabilité.

 

Pour en savoir plus sur cette expérience, nous l’avons joint par téléphone.

 

 

 

Programme EVE : Bonjour Laurent Vernerey. A l’occasion du lancement du réseau woman@schneider, un programme de « mentoring for leaders » a été mis en place. Pouvez-vous nous parler de l’esprit de ce programme?

 

 

 

Laurent Vernerey : Ce programme est l’aboutissement d’une prise de conscience, il y a déjà quelques années, de l’insuffisance de diversité au sein du groupe, et en particulier d’un cruel manque de managers féminines. Pour y remédier, un programme de mentoring a été mis en place en 2012. Il s’agit de proposer une approche concrète et directement efficiente de la question.

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : De quelle façon ce programme s’est-il donc mis en place?

 

 

 

Laurent Vernerey : Nous avons profité de notre séminaire annuel, « le leadership forum » pour inaugurer ce programme, par une formation des mentors et des mentoré-es. Il était important de commencer par bien décrire les attentes et replacer les responsabilités de chacun.

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Quelles sont ces attentes, justement?

 

 

 

Laurent Vernerey : Le mentoring est un dispositif d’aide au développement de la carrière d’une personne. Il s’agit de lui permettre de trouver ses propres compétences, de l’aider à les mettre en oeuvre au mieux tout en l’accompagnant au quotidien dans ses choix de carrière. Ce qui est essentiel, c’est vraiment de partir de ce qu’est la personne, de prendre en compte son identité. Il ne s’agit pas de lui apprendre à se fondre dans le moule, mais bien de l’inviter à jouer un rôle particulier, le sien, dans l’organisation.

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : D’après vous, quel rôle particulier doivent précisément jouer les femmes dans le management d’une entreprise comme Schneider?

 

 

 

Laurent Vernerey : Plus que les femmes en tant que telles, c’est la diversité des profils et des approches qui joue un rôle fondamental. Les femmes ont effectivement des expériences de carrière différentes de celles des hommes, donc d’autres points de vue et d’autres manières de faire.

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Accepteriez-vous de nous raconter votre expérience personnelle du mentoring?

 

 

 

Laurent Vernerey : Avec plaisir. Dès le lancement du programme, nous avons créé des couples mentors/mentorées. A cette occasion, j’ai retrouvé une femme que je connaissais déjà, car elle venait d’une société que nous avions précédemment rachetée. A l’époque, je l’avais aidée à gérer son intégration dans le groupe. Au fil des années, nous avions gardé le contact. L’avantage, c’est que nous avions déjà pris de l’avance, dans notre relation mentor/mentorée. La confiance et le respect mutuel étaient là, nous avons donc pu d’emblée nous mettre au travail en nous fixant tout de suite des objectifs précis.

 

 

 

 

 

 

 

Programme EVE : Quelle méthode avez-vous adopté?

 

 

 

Laurent Vernerey : Nous avons décidé de fonctionner avec des rendez-vous réguliers. Une fois par mois pendant une heure, nous faisons le point. En plus, nous procédons systématiquement à un debriefing après chacune de ses interventions au Comite Executif. Et enfin, nous nous voyons une fois tous les deux mois « en action », c’est-à-dire que j’assiste à une présentation qu’elle fait et que nous en discutons ensuite.

 

 

 

 

 

 

Programme Eve : Comment se passent ces discussions?

 

 

 

Laurent Vernerey : Nous commençons par prendre des nouvelles l’un de l’autre. Ensuite, nous revenons sur la conversation du mois précédent pour faire le point sur les objectifs que nous nous étions fixés. Enfin, nous cherchons de nouvelles pistes de discussions. J’essaie d’alterner les questions sur les projets qu’elle est en train de mener et celles, plus générales, concernant la facon dont elle mène sa carrière.

 

 

 

 

 

 

Programme Eve : Quel genre d’objectifs fixez-vous ensemble?

 

 

 

Laurent Vernerey : Le programme permet d’évoluer dans le cadre, très sécurisant, d’un contrat. Le premier objectif que nous nous sommes fixe, c’est d’apprendre à devenir « dirigeant », ce qui signifie pour la personne mentorée : « Comment je peux montrer au groupe que je peux apporter quelque chose de plus que mes seules capacités techniques ». Le second objectif, c’est de cerner et de saisir les opportunités de compléter son expérience pour progresser professionnellement. C’est ainsi que par exemple, on a pu proposer à Colette, la personne que je mentore, d’entrer à l’advisory board d’une start-up du groupe. Dans ce cadre, elle n’est pas impliquée sur les résultats, mais elle est intervient en tant que conseil. Le troisième objectif, c’est d’apprendre à constituer et à étendre son réseau en saisissant les occasions d’être exposée à un plus grand nombre de personnes du groupe.

 

 

 

 

 

 

 

Programme Eve : Après 6 mois d’expérience de mentoring, quels premiers résultats avez-vous pu observer?

 

 

 

Laurent Vernerey : Je trouve que Colette a beaucoup gagné en confiance sur la prise de parole et sur l’échange avec son patron. La première fois que je l’ai vue en présentation, je l’ai trouvée trop en retrait. Je l’ai encouragée à ne pas se contenter de passer les slides en comptant sur l’auditoire pour comprendre de lui-même qu’elle avait contribué beaucoup plus que ça au travail présenté, mais à vraiment prendre le lead sur la présentation, à se mettre plus en avant. Elle a osé en parler à son supérieur, qui n’y a d’ailleurs pas vu d’inconvénients, et  je l’ai trouvée beaucoup plus présente à la présentation suivante.

 

 

 

 

 

 

 

 

Programme Eve : Quant à vous, est-ce que devenir le mentor d’une femme a changé quelque chose dans votre perception du monde professionnel?

 

 

 

Laurent Vernerey : Oui, bien sûr, c’est l’avantage d’une expérience de ce type. C’est un échange qui apporte aux deux parties. D’abord, j’ai pu mener une réflexion plus approfondie sur la question de la conciliation vie privée/vie professionnelle, puisque Colette a eu un enfant et que c’est évidemment une donnée qui est entrée en compte dans la gestion de sa carrière. Ensuite, je me suis interrogé sur le positionnement des femmes dans l’engagement au travail. Mais de façon plus fondamentale, cette expérience de mentoring m’a réappris à poser des questions, et si possible les bonnes, plutôt qu’à apporter des réponses. C’est un véritable enrichissement intellectuel et personnel, pour tout le monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel

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