Ce qu’il faut retenir du rapport Mazars

Eve, Le Blog Egalité professionnelle

« Bienvenue sur la Planète Femmes« 

 

C’est une grande première : une enquête chiffrée portant sur la perception des inégalités femmes-hommes par trois générations de femmes du monde entier vient d’être publiée par Mazars en partenariat avec ONU Femmes. 

 

Jamais étude aussi complète n’avait jusqu’alors été menée et rendue disponible pour le grand public. Ce ne sont pas moins de 2382 femmes, nées entre 1945 et 1995, issues de 108 pays différents qui ont été interrogées pour construire cet état des lieux international et intergénérationnel de la place des femmes, de leurs attentes, de leurs perspectives d’avenir. 

 

Le blog EVE a lu en détail le rapport « Bienvenue sur la Planète Femmes« . Voici ce qu’il faut en retenir : 

 

 

Pour l’égalité femmes-hommes, il y a encore (partout) du travail

Le rapport établit qu’en moyenne, tous pays et tous âges confondus, les femmes donnent une note de 6,13/10 au niveau d’égalité femmes-hommes. 

La note est meilleure sur le continent nord-américain (7,67/10) mais plus faible sur le continent africain (5,44/10) et dans la région du Moyen-Orient (4,08/10). Europe et zone Asie-Pacifique se situent dans la moyenne. 

Pour 51% des femmes interrogées, le cadre légal dans leur pays est insuffisant pour garantir l’égalité. 

 

 

De vrais progrès à souligner : éducation, maternité choisie, partage des tâches domestiques

Les femmes du panel ont été interrrogées sur ce qui, selon elles, a progressé depuis l’époque de leur mère ou de leur grand-mère. 

 

Trois bons points à souligner : 

46% des femmes considèrent que l’accès à l’éducation pour les filles a progressé

43% saluent leur droit à la maternité choisie

39% reconnaissent que les taches domestiques sont mieux partagées aujourd’hui qu’elles ne l’étaient autrefois. 

 

En revanche, ce qui semble mettre plus de temps à changer, c’est : 

– sans surprise, la représentation des femmes en politique, 

– et plus étonnant, le libre choix du conjoint (le rapport rappelle qu’à l’heure actuelle 700 millions de femmes dans le monde font l’objet de mariages forcés) 

 

 

Féministe ou pas féministe? Ce que chaque génération y met.

Parce que « féministe » n’est peut-être pas le si gros mot qu’on a tendance à le craindre quand on se réserve prudemment de l’utiliser, les consultant-es de Mazars ont interrogé les femmes sur ce que « féminisme » signifie pour elles. Résultats différenciés selon les générations : 

 

Pour les femmes nées entre 1945 et 1960, le féminisme est un « combat », une revendication pour obtenir des droits 

Pour les femmes nées entre 1961 et 1980, le féminisme est un « mouvement » qui vise à l’effectivité des droits acquis dans la vie quotidienne (il y va d’égalité professionnelle, d’équilibre des temps de vie et de partage des responsabilités dans les sphères publiques et privées)

Pour les femmes nées après 1981, le féminisme est « pluriel » : c’est un combat, c’est un mouvement et c’est aussi une philosophie. Il est question de principes fondamentaux et de valeurs démocratiques : liberté d’expression, de circulation, d’entreprendre…. 

 

 

Avoir une vie professionnelle, oui, mais laquelle? 

Alors que 55% des femmes sont aujourd’hui présentes sur le marché du travail, 79% d’entre elles disent avoir personnellement choisi leur métier et même considérer la liberté d’orientation comme un « non-sujet ». 

 

En revanche, ça se corse un peu dans la réalité de la vie professionnelle, quand elles sont :

53% à témoigner de discriminations sexistes au travail

41% à estimer que leur rémunération n’est pas équivalente à celle de leurs collègues masculins 

52% à constater que leur progression de carrière est moindre que celles des hommes qui ont un profil semblable au leur. 

 

 

Parentalité : l’éternel serpent de mère du « have it all »? 

Les femmes du monde entier identifient une cause majeure de ralentissement de leur évolution professionnelle : la maternité… Pour 46% d’entre elles, la vie de famille constitue la raison première d’une mise entre parenthèses temporaire, voire d’un arrêt définitif de leur carrière. 

 

Même si 76% des femmes estiment qu’il est possible d’avoir ensemble une vie professionnelle enrichissante et une vie de famille épanouissante, ce n’est pas sans trimballer en pratique, de lourds sentiments de culpabilité, témoignent-elles. 

 

Beaucoup confient d’ailleurs leur « ras le bol » du mythe de la super-woman : elles aspirent manifestement à s’autoriser davantage à ne pas toujours parfaite, pour être plus souvent heureuses

 

Pour cela, elles attendent aussi des hommes qu’ils jouent leur partie, notamment en matière de partage des tâches domestiques. 

Mais elles formulent aussi de vraies attentes à l’égard de leur employeur : des politiques d’accompagnement à la conciliation des temps de vie sont espérées et là où elles existent,  appréciées. 

 

 

Perspectives : sur quoi comptent les femmes pour le changement? 

Plus généralement, les femmes comptent sur l’ensemble de la société pour faire de l’égalité femmes-hommes une réalité dans une horizon plus ou moins proche. 

 

Elles identifient trois valeurs fondamentales à promouvoir qui, en améliorant leur condition, feront aussi progresser les cultures et les mentalités, les économies et les sociétés, pour lur bien, certes, mais aussi celui de toute la planète :  travail, éducation et liberté d’expression.

 

  

Marie Donzel, avec la complicité de Valérie Amalou, pour le blog EVE.

 

 

 

 

Toutes illustrations : (c) Mazars – Bienvenue sur la Planète Femmes