EVE 2020 – Les 3 « défis » du Comité des Sages

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Rencontre avec Sylvie Bernard-Curie, Présidente du Comité des Sages du Programme EVE, Associée DRH-Talents de KPMG.

 

 Le Programme EVE a 5 ans. 5 années au cours desquelles le Comité des Sages, composé de représentants des entreprises partenaires du Programme, a activement oeuvré au partage des pratiques pour favoriser l’installation d’une culture commune de l’égalité, assimilable par chaque organisation dans son propre contexte.

Pour les 5 prochaines années, le Comité s’est fixé d’ambitieux objectifs : ce sont les « 3 défis EVE 2020 ».

On en parle avec Sylvie Bernard-Curie, sa Présidente depuis 2010.

 

 

Eve le blog : Bonjour Sylvie. Le Comité des Sages est né avec le Programme EVE, en 2010. Pouvez-vous rappeler ses missions et la façon dont il s’en est emparé?

Sylvie Bernard-Curie : Notre première action a été de cartographier les pratiques égalité pro dans chacune des entreprises, pour les partager… Et les discuter! Ca a donné le ton et la méthode : nous venions de créer un espace bienveillant et constructif pour le partage d’expérience.

Très vite, une deuxième mission s’est imposée : celle de faire vivre la communauté EVE. Pour cela, la direction du Programme et le Comité des Sages proposent à la communauté des services pour l’informer (le blog, les réseaux sociaux…) et des moments et des espaces pour se retrouver et échanger (la Garden Party, le cross-mentoring et bientôt l’appli…).

 

 

Eve le blog : A présent, le Comité semble vouloir passer à une nouvelle étape avec ses « défis EVE 2020 ». Pourquoi?

Sylvie Bernard-Curie : Quand elle est vivante et participative, une communauté vous emmène toujours plus loin que là où vous aviez prévu! La communauté EVE a exprimé de très fortes attentes à l’égard des organisations pour qu’elles se transforment, et cela bien au-delà de la seule question de la place des femmes.

Le Programme EVE, dès sa conception, a considéré que le changement passerait à la fois par l’évolution individuelle (notamment via la formation de managers éclairés, équilibrés, bien dans leur « être soi ») et par les transformations organisationnelles, en créant des contextes de qualité pour que les individus puissent réellement agir. Le travail du Comité, c’est d’engager nos entreprises dans ces transformations.

On entre dans le dur! Et c’est précisément sur ce critère du « dur », de ce qui nous résiste, que nous avons défini nos trois grands défis. Nous les avons soumis en juin aux DGRH de nos entreprises qui les ont unanimement validés, en reconnaissant le caractère nécessaire, car stratégique, de chacun.

 

 

Eve le blog : Quels sont ces trois défis ?

Sylvie Bernard-Curie : Défi numéro 1 : tendre la main et embarquer autour de soi.

Défi numéro 2 : inventer des processus RH et des « career paths » women friendly.

Défi numéro 3 : identifier et développer les compétences du leader du nouveau monde.

 

 

Eve le blog : Entrons dans le détail de chaque défi. Qu’entendez-vous, pour commencer, par « tendre la main et embarquer autour de soi »?

Sylvie Bernard-Curie :  EVE forme des actrices et acteurs de changement qui doivent embarquer les autres et donner de l’ampleur au mouvement. Notre devoir, c’est de leur offrir un cadre pour exécuter ce « mandat ». C’est le « Oser être soi pour pouvoir agir » du Programme que nous ne lâchons pas depuis 5 ans.

Ce premier défi, qui a déjà été travaillé avec l’action des « petits cailloux » et lors des workshops de la dernière Garden Party, va notamment nous amener à poser la question de l’ouverture à des personnes qui n’ont pas fait le séminaire, aux populations non-cadres des entreprises, à d’autres réseaux et d’autres acteurs de l’égalité dans la société

Il y a aussi, dans ce défi, la question de l’engagement des hommes: nous avons depuis le début de notre action la conviction que l’égalité (valeur qui nous guide et qu’il ne faut pas effacer derrière les termes de mixité ou de diversité) ne se fera pas sans eux, et un certain nombre sont aujourd’hui très convaincus et véritablement agissants, mais il y a encore beaucoup à faire pour entraîner la majorité.

 

 

Eve le blog : Le second défi s’intitule « inventer des processus RH et des « carreer paths » women friendly ». Quelles difficultés soulève-t-il?

Sylvie Bernard-Curie : Nous avons rapidement compris que la question de l’égalité viendrait questionner en profondeur le métier RH. La persistance du plafond de verre, malgré les lois et politiques d’égalités, indique que quelque chose coince dans la façon dont se construisent les parcours. Et sans doute que ça a à voir avec les process RH et l’articulation de ceux-ci avec les besoins du business.

Nous voulons nous autoriser toutes les questions : nos politiques d’égalité sont-elles bien pensées? Les viviers de femmes sont-ils une bonne idée? Nous voulons aussi associer le business à ce travail de réflexion sur les parcours, qui n’est pas qu’une problématique RH, mais qui interroge l’ensemble du monde économique à une époque où la majorité des métiers de demain n’existe pas encore et où la question des compétences qui seront nécessaires pour les exercer est entièrement ouverte.

 

 

Eve le blog : Le troisième défi porte justement sur les compétences. En l’occurrence,  celles du leader du nouveau monde…

Sylvie Bernard-Curie :  Il est désormais clair, avec toutes les transformations sociales, comportementales et économiques qui sont notamment amenées par le digital, que le leader classique, celui qui est investi de légitimité par ses diplômes, son titre, sa position, n’incarne pas l’avenir. Mais qui est le leader de demain?

On entrevoit que ce ne sont pas des compétences « fixées » que le leadership de demain va exiger, mais précisément de l’agilité, de la flexibilité psychologique, de la capacité à douter, à avancer en marchant, à faire avec les mutations rapides des contextes, tout en inspirant une vraie confiance…

Les organisations vont devoir détecter en leur sein ces profils de leaders d’avenir et les rendre plus visibles. Elles vont aussi avoir à réussir l’ancrage des nouveaux modes organisationnels que ces formes de leadership amènent. C’est pour cela que nous parlons de « leader du nouveau monde ». C’est une manière de nous exhorter à réfléchir sans frontière sans limite, d’oser…

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel, pour le blog EVE.