22, v’là les Fameuses… Qui font leur printemps!

Eve, Le Blog Dernières contributions, Développement personnel, Egalité professionnelle, Leadership, Rôles modèles

 

Le 22 avril à Nantes, le réseau des Fameuses qui rassemble toutes celles qui « donnent des ailes à l’Ouest » faisait son premier Printemps. Une « journée pour changer la donne » en dialoguant entre femmes et hommes, sur tout ce que l’accès des unes aux responsabilités transforme dans la vie des autres, et partant, dans le monde du travail, voire la société dans son ensemble.

 

Le blog EVE y était et y a retrouvé de nombreuses personnalités amies, parmi lesquelles Brigitte Grésy, Valérie Rocoplan, Sylvie Bernard-Curie et Christophe Deval de KPMG, et Stéphanie Dommange (ex-Sage du programme EVE pour la SNCF et initiatrice du réseau « SNCF au féminin » avec Virginie Abadie-Dalle).

 

Retour sur une journée aussi passionnante que conviviale, faite d’échanges porteurs pour une performance adossée à la mixité et à l’expression de la diversité des talents.

 

 

 

Raisons d’agir

C’est Eric Warin, directeur du CCO (Centre de Communication de l’Ouest qui se définit comme un « concentrateur d’énergies positives ») et co-fondateur du réseau des Fameuses, qui a ouvert la journée en proposant à trois duos femmes/hommes de légender une photo de leur choix qui symbolise leur(s) raison(s) d’agir en faveur de l’égalité professionnelle. Où l’on a vu une Stéphanie Dommange (direction régionale SNCF) proposer un portrait de Maryse Bastié, pionnière d’une liberté et d’une excellence au féminin dans les premiers temps de l’aviation, une Annie Sorel (Directrice d’ASEA et Présidente de Business au Féminin Nantes) ouvrir un parapluie translucide sur la scène pour convoquer en des termes nouveaux la notion de plafond de verre ou bien un Frédéric Boisset (directeur régional de Bouygues Immobilier) donner à lire le CV de sa propre compagne pour montrer que ce qu’il s’y lit entre les lignes, maternités et rapprochements de conjoint, reste encore trop souvent perçu comme des « trous » dans une conception linéaire du trajet professionnel alors qu’il faudrait le penser enfin en étapes à part entière d’un parcours riche aussi de ses détours.

 

 

Le leadership a-t-il un sexe?

Une belle entrée en matière après laquelle Valérie Rocoplan, fondatrice et directrice du cabinet de coaching Talentis a instruit la question du leadership genré, à l’heure où il reste encore attendu des hommes de l’entreprise qu’ils incarnent un charisme tout de virilité fondé et des femmes une soft autorité toute d’empathie enrubannée. Citant l’étude de Sarah Saint-Michel sur les styles de leadership, elle a réaffirmé que le leadership n’a pas de sexe, mais qu’il est de la responsabilité de chacun-e de l’incarner avec son propre tempérament, et de la société toute entière d’accepter que les individus, femmes ou hommes, ne se conforment pas toujours exactement aux figures imposées.

 

 

Les hommes ont-ils (vraiment) intérêt à l’égalité?

Après elle, le « philosophe provocateur » (tel qu’il se définit lui-même) Vincent Cespedes est venu questionner l’un des thèmes clés de l’égalité : les hommes ont-ils vraiment intérêt, comme la tendance du discours actuel sur la mixité le veut, à partager les responsabilités avec les femmes? Peut-être pas tant que ça, d’après lui. Mais ont-ils le choix? Et comment les femmes doivent-elles se comporter face aux résistances qui s’expriment quand leur montée en puissance s’affirme? Sans s’excuser de demander pardon, dit-il, mais en luttant incessamment contre les croyances limitantes pour se libérer enfin de « l’aliénation originelle » qui les fait répondre trop précipitamment « présentes » quand « la question névralgique : Qui va garder les enfants?«  arrive sur le tapis. Alors, c’est de « plafond du coeur » qu’il parle aussi, pour penser la dimension affective des problématiques de conciliation des temps de vie.

 

 

Différents et égaux

La psychanalyste Sophie Marinopoulos a ensuite pris le micro pour faire le point sur un sujet qui inquiète tout particulièrement à l’heure actuelle : la menace de l’indifférenciation sexuelle. Et de rassurer celles et ceux qui craignent une uniformisation neutralisante : personne n’en a au fond spécialement envie, et tout le monde, en réalité, ressent le besoin de s’identifier à des référents de son genre et le désir de vivre l’altérité. « Nous sommes différents et nous sommes égaux« , ce n’est pas incompatible, s’il était nécessaire de le rappeler!

L’assemblée s’est ensuite répartie en divers ateliers : ici, l’on vérifiait avec l’expert RH Arnaud Pissot que l’on n’était pas « sexiste sans le savoir » ; là, on donnait la parole à des hommes dont la compagne mène une carrière flamboyante et qui ont créé avec elles de nouveaux modèles de répartition des « rôles » familiaux et sociaux ; ou bien on travaillait à développer son « sens politique en entreprise » avec Valérie Rocoplan ou à placer mieux sa voix avec Hervé Pata pour donner plus d’impact à son discours…

 

 

Madame la Maire, parmi les 6 femmes de France à la tête d’une commune de plus de 100 000 habitant-es

Johanna Rolland, maire récemment élue de Nantes et comptant parmi les 6 femmes de France à la tête d’une commune de plus de 100 000 habitants, a clôt la matinée d’échanges en partageant son expérience de femme leader à qui l’on pose trop souvent des questions que les hommes ne se voient pas soumettre, depuis « Gouvernerez-vous autrement parce que vous êtes une femme? » jusqu’à « Comment vous y prenez-vous pour vivre cette vie-là en ayant des enfants?« .

Elle préfère dit-elle, parler de son projet pour la ville, et dans le cadre de celui-ci de ce qu’elle compte mettre en place pour favoriser l’égalité femmes/hommes. C’est bien une approche transverse du sujet qu’elle a annoncée, entendant être à la fois exemplaire en tant qu’employeur, proactive en tant qu’élue en charge de définir les politiques publiques et disponible en tant que partenaire pour l’ensemble des acteurs du territoire (entreprises, associations, réseaux…) concernés d’une façon ou d’une autre par les problématiques d’égalité.

 

 

Matilda, Trotula, Ada, Mary et les autres… Des pionnères et des « modèles »

« L’effet Matilda » © Donzel & Cie

Après une pause lunch & networking, l’après-midi s’est ouverte par un exposé sur « l’effet Matilda », où l’on a mis en lumière des pionnières que l’histoire officielle a parfois oublié dans les recoins sombres de l’invisibilisation : une Trotula de Salerne, une Ada Lovelace, une Marguerite Paulet ou bien, celle qui nous tient tant à coeur parce qu’elle a bien été la première à parler, et dès les années 1920, de relations humaines au travail, de compétition coopérative, d’inclusion des diversités et d’équilibre des temps de vie, l’indispensable Mary Parker Follett.

 

 

Voir la vie en rose, en acceptant la différence des sexes… Sans qu’elle entraîne une différence des aptitudes 

Puis Brigitte Grésy a pris la parole pour une conférence éponyme de son dernier ouvrage « La vie en rose : en découdre avec les stéréotypes ». Convaincue de la nécessité de distinguer « la catégorie qui aide à penser » du « stéréotype qui piège la pensée« , elle a défendu « une différence des sexes qui n’entraîne pas de différence des aptitudes » et encouragé une ouverture des esprits à l’idée que le corps sexué, lieu de sensations différenciés et de rencontres curieuses avec celles de l’autre, ne soit pas (considéré comme) dénaturé quand l’être exprime les facettes multiples à l’infini de sa personnalité.

 

Oser être soi, agir et réussir

Retour en atelier, après cette intervention d’une finesse certes toujours attendue de la part de Brigitte Grésy mais dont on ne se lasse néanmoins jamais : Annie Sorel a donné quelques bons filons pour « tricoter un réseau professionnel efficace« , tandis que Sylvie Bernard-Curie proposait une session consacrée aux « valeurs de l’individu » dans le projet professionnel et Christophe Deval une initiation à la matrice ACT.

Ensemble, ces deux derniers ont animé l’ultime plénière de la journée intitulée « Vous avez tout pour réussir, même si votre cerveau n’en est pas convaincu« , une galvanisante anti-leçon de « vie de sens » pour inviter chacun-e à ne plus se considérer comme son propre ennemi, à ne plus regarder ses émotions et pensées (« positives » ou « négatives ») comme d’embarrassants déterminants de l’action, mais bien à intégrer tout ce qui fait son être dans le projet quotidien de développement de soi.

 

 

Rendez-vous dans un an!  

Pour finir sur une salvatrice touche d’humour, la compagnie de théâtre en entreprise La Belle Boîte, a offert aux participant-es un débrief improvisé des débats de la journée : comme en malicieuse mise en abyme du message de refus des caricatures et des modèles imposés qui avait traversé toute la journée, les comédien-nes se sont amusé-es à grossir le trait d’un discours qui ne saurait souffrir de devenir un dogme à son tour.

Une habile manière de dire que le passionnant sujet de l’égalité avance déjà et peut-être surtout quand on le discute et le dispute à bâtons rompus. Alors, les échanges continuent, allant bon train, entre Fameuses et Fameux…. Qui se sont déjà donné rendez-vous l’an prochain, pour un nouveau printemps qui verra de nouveau éclore vigoureusement les talents en tout genre (!).

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE