Egalité pro, leadership partagé : ce qu’il faut retenir d’avril 2015

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La revue de web du blog EVE

 

 

Chaque mois, le blog EVE vous propose sa sélection d’actus marquantes, commentées et enrichies de liens actifs vers les sites, blogs et autres plateformes qui font référence sur la toile. Nominations de femmes à des postes à hautes responsabilités, débats vivifiants sur les voies de l’égalité, discours ou actions qui font le buzz, études et rapports qui donnent du grain à moudre, tout est dans la revue du web du blog EVE.

 

 

La nomination du mois : Delphine Ernotte Cunci prend la tête de France Télévisions

Après plusieurs semaines de suspense, la nouvelle est enfin tombée le 23 avril : c’est Delphine Ernotte Cunci qui succède à Rémy Pfilmlin à la tête de France Télévisions. La nouvelle réjouit la rédaction du blog EVE à plusieurs titres : d’abord, parce que c’est la première fois qu’une femme prend la tête du groupe audiovisuel public français ; ensuite parce que Delphine Ernotte Cunci était jusqu’ici Directrice Générale Adjointe du Groupe Orange (notre partenaire) en charge d’Orange France ; et enfin, parce qu’elle avait fait l’honneur aux EVEsien-nes d’intervenir en vidéo-conf’ lors du dernier séminaire d’Evian.

Tandis que son projet d’entreprise était rendu public dès le 24 avril, de nombreux-ses commentatrices et commentateurs soulignaient le profil de manager ouverte et équilibrée, attachée au dialogue et au bien-être des salarié-es et rappelaient l’engagement de Delphine Ernotte Cunci en faveur de l’égalité professionnelle.

Stéphane Richard, PDG d’Orange, a salué chaleureusement cette femme de confiance, considérant sa nomination au poste de Présidente de France TV comme « un motif de fierté pour les hommes et les femmes d’Orange, en marquant la reconnaissance de la performance d’Orange France sur le marché des télécoms français particulièrement chahuté ces dernières années. » Il a remercié « Delphine d’avoir rempli cette mission avec succès, en s’entourant d’équipes talentueuses et combattives, et en ayant pris toute sa part à l’apaisement du climat social » dans l’entreprise.

 

 

L’annonce du mois : Hillary Clinton se lance dans la course à la Maison Blanche

Plus qu’une rumeur, c’était devenu un secret de polichinelle : on s’attendait bien sûr à ce qu’Hillary Clinton annonce sa candidature aux Présidentielles américaines de 2016. C’est en postant un clip sur son site Internet, le 12 avril, qu’elle a fait son annonce officielle, assortie d’un slogan en forme de leitmotiv du leadership : « Everyday America need a champion. I want to be that champion!« .

Tandis que plusieurs analystes évoquaient la tradition yankee des dynasties politiques (des Roosevelt aux Bush, en passant évidemment par les Kennedy), d’aucun-es rappelaient utilement que les USA n’ont pas encore connu de femme à la tête de l’Etat et jamais aucune dans le duel final entre les deux grands partis.

Si Clinton devait, comme beaucoup le prédisent, obtenir l’investiture Démocrate, il ne serait pas impossible qu’elle fasse alors un doublé historique : candidate ET élue! Car si l’on en croit les résultats de la récente étude « Women & Leadership » du Pew Research Institute, jamais les Américain-es n’ont été aussi nombreux-ses à souhaiter voir une femme prendre ses quartiers dans le Bureau Ovale : 38% affirment que ce serait une bonne chose pour le pays (dont 44,6% des femmes et 31,3 % des hommes). De l’autre côté de l’Atlantique, un sondage rendu public le 27 avril révélait que 95% des Français-es sont favorables à ce qu’une femme accède à l’Elysée.

 

 

Le débat du mois : Pour ou contre la suppression de la négociation salariale à l’embauche, pour ne pas pénaliser les femmes?

Ellen Pao, PDG par intérim de Reddit, a ouvert ce mois-ci un vivifiant débat sur la question des inégalités femmes/hommes face à l’exercice subtil et relativement opaque des négociations salariales. Fine connaisseuse des questions d’égalité professionnelle et militante de la cause du leadership des femmes, Ellen Pao a identifié, avec d’autres, que cette étape du process de recrutement constitue un piège invisible pour les femmes : entre celles qui se sous-estiment, celles qui n’osent pas faire valoir leurs intérêts faute d’avoir été valorisée dans la posture d’affirmation de leur valeur, celles qui ne se sentent pas à l’aise avec des règles du jeu auxquelles elles n’ont pas été assez préparées, celles qui se confrontent à des préjugés sexistes quand elles manifestent de la fermeté, et celles qui contournent carrément le sujet de la rémunération parce qu’il ne leur semble pas flatteur ou qu’il leur parait secondaire, il y a bien un problème d’inégalité de revenus qui prend sa source dans des perceptions asymétriques de la négociation salariale.

Mais la solution est-elle, comme le préconise Pao, de supprimer purement et simplement cette étape de la négo ? D’aucunes y voient une utile façon de clarifier les règles du jeu : ainsi des femmes de la Silicon Valley se sont offert une pleine page dans le Palo Alto Daily Post pour adresser un vibrant « Thanks Ellen » à celle qui a brisé le tabou. D’autres dénoncent une annonce hypocrite qui ne fait que renvoyer la part de l’informel dans tout choix de collaborateurs ou collaboratrices à une appréciation encore plus floue de l’assertivité des individus quand elles ne serait plus testée lors de la négociation salariale mais intégralement renvoyée à l’intuition (ou aux préjugés) du recruteur. Il en est enfin pour s’inquiéter de ce que supprimer la négo salariale pour ne pas pénaliser les femmes, ce soit finalement un contre-sens dans la promotion de leur leadership, quand au lieu de stimuler leur ambition, ça reviendrait à les conforter dans leurs réflexes d’autocensure, et finalement à peut-être les infantiliser.

 

Lire aussi : notre entretien avec Jean-Edouard Grésy et Ricardo Pérez-Nuckel, experts de la négociation et gestion du conflit.

Lire aussi : notre « concept à la loupe » sur le « complexe de la bonne élève »

 

 

L’étude du mois : les femmes noires et le leadership

Le Center Talent for Innovation, association dédiée à la promotion des diversités, a fait connaître ce mois-ci, les résultats d’une grande et passionnante étude sur l’ambition et le leadership des femmes noires aux Etats-Unis. Le rapport « Black Women : ready to lead » balaie toute une série de clichés sur celles qui identifient de la même façon que toutes les femmes les freins et obstacles à leur légitime progression, mais qui expriment 2,8 fois plus leur ambition d’accéder à des positions de responsabilité et de prestige. Et sont prêtes à s’en donner les moyens (étant 40% à se fixer des objectifs en la matière, contre 32% des femmes blanches). L’étude les montre aussi plus confiantes en leur avenir : les femmes noires sont 40% à se savoir capables de réussir, contre 30% chez les femmes blanches.

Cela ne signifie évidemment pas qu’elles feraient moins souvent l’objet de discrimination : elles sont 26% (contre 17% chez les femmes blanches) à ressentir un manque de reconnaissance de la part de leur supérieur et nombreuses à témoigner d’un défaut d’accès à l’information sur les opportunités et d’un manque de soutiens internes pour les accompagner dans le franchissement d’étapes clés de leur carrière.

Au total, malgré une ambition assumée, les afro-américaines ne sont que 5% à occuper des positions managériales dans le monde de l’entreprise et sont les grandes absentes à l’échelon Top Executive. Le rapport invite les organisations à déployer des politiques pro-actives pour faire mieux profiter les femmes noires des dispositifs d’égalité professionnelle, en alertant sur le fait que le gâchis de talent et d’énergie imputable à l’invisibilisation de toute une catégorie de personnes, atteint ici des sommets.

 

Lire aussi : notre portrait de Carole da Silva, fondatrice de l’AFIP qui s’affirme « fière d’être femme, noire et ambitieuse« .

 

 

Le lancement du mois : DollHouse Collective, la boîte de prod’ 100% féminine

Tandis que les discussions sur le sexisme dans l’industrie du 7è art se poursuivent, notamment à l’approche d’un Festival de Cannes qui voit quelques progrès se dessiner avec le lancement du Programme Women in Motion, l’actrice australienne Rose Byrne, associée à quatre de ses compatriotes, vient d’annoncer la création de DollHouse Collective, une boîte de production aux effectifs 100% féminins qui produira essentiellement des films de femmes.

L’initiative fait couler de l’encre : certain-es se réjouissent de la naissance d’une structure indépendante dédiée à la promotion de l’art au féminin et qui pourra sans doute proposer des rôles plus riches aux actrices que ceux que leur réservent les stéréotypes hollywoodiens ; d’autres, commentant éventuellement le nom retenu pour cette entreprise (La maison de poupée) mettent en cause une forme de ghettoïsation du cinéma de femmes de nature à renforcer les opinions essentialistes dans la conviction qu’on ne tient pas une caméra de la même façon selon son sexe.

 

 

L’affiche du mois : les femmes, grandes invisibles des festivals?

Après le fameux photomontage des manifestations de janvier 2015 qui montrait qu’un dense cortège d’officiel-les se résumait à une poignée d’individus isolés si l’on en excluait les hommes (autre manière de dire la rareté des femmes parmi les dirigeant-es du monde entier), la rédaction du webzine culturel canadien 99Scènes et celle du site américain Pixable ont utilisé le même procédé pour re-designer les affiches des festivals musicaux de l’été.

Verdict sans appel : des affiches au graphisme plus qu’aéré quand on ne garde que les noms d’artistes féminines (ou de groupes comptant au moins une fille) témoignent d’une programmation de 70 % à 100 % masculine! Après le grand débat sur la place des femmes dans le 7è art, on verra peut-être aussi bientôt la scène rock’n roll prendre conscience que créativité peut parfaitement rimer avec mixité !

 

 

L’homme engagé du mois : Brad Hoylman, militant de la table à langer dans les toilettes des messieurs !

Brad Hoylman, sénateur américain ouvertement gay, n’en peut plus de « changer les couches de sa fille sur un sol recouvert d’urine, entre deux pissotières« ! C’est trivialement dit, mais ça a le mérite d’être clair : Hoylman entend que l’on impose à tous les nouveaux établissements new-yorkais d’installer une table à langer aussi dans les toilettes des hommes.

Il rejoint Ashton Cutcher dans ce combat : l’acteur a récolté plus de 100 000 signatures pour la pétition qu’il a lancée le mois dernier afin d’obtenir l’installation de tables à langer dans les vécés messieurs des stations-services

Il se pourrait bien que le mouvement #HeForShe, entre autres manifestations de l’engagement des hommes, commence à réellement libérer la parole sur toutes ces inégalités de traitement qui nuisent aux deux sexes.

 

 

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE