L’entreprenariat féminin, moteur d’une croissance durable et inclusive en Afrique

Eve, Le Blog Développement personnel, Leadership

Marie Crescence Ngobo petiteMadame Marie Crescence Ngobo, de nationalité camerounaise, est Secrétaire Exécutif du Réseau des Acteurs du Développement Durable (RADD), une association qui forme et accompagne les femmes et les jeunes dans le développement de leurs entreprises. Madame Ngobo préside le Conseil d’administration de la COSECAM, une coopérative qui regroupe dix sept entreprises agroalimentaires.  Elle est lauréate du Positive Awards 2015, Prix reçu à Paris en décembre 2015 qui récompense ses actions menées pour accompagner les femmes dans la création et le développement de leurs entreprises.

 

Par expérience, parler de la contribution de la femme dans le changement social et la croissance économique en Afrique revient à décrire et à analyser l’état d’esprit qui anime les femmes entrepreneures dans l’implémentation de leurs entreprises. Cela revient aussi à faire le tour de nombreux pans d’activités qui restent inexplorés dans tous les secteurs où elles s’investissent tout en identifiant les freins et les solutions qui passeraient par un processus de renforcement des capacités sur les plans techniques, technologiques et financiers.

Des entreprises féminines à impact social très prononcé.

Plus de 80% de femmes entreprennent dans le but d’améliorer les conditions de vie au sein de la cellule familiale. Elles veulent assurer la santé, la ration alimentaire, l’éducation, l’habillement des enfants, donc les besoins de la famille et par ricochet ceux de la société. Les entreprises qu’elles développent ne s’éloignent pas des biens ou des services destinés à sa maisonnette. C’est ainsi qu’elles investissent dans la vente des vivres frais, la restauration, l’enseignement, l’agroalimentaire, l’agriculture, l’élevage, la coiffure, l’esthétique, les tontines, le petit commerce, les services auprès des ménages. Avec ces activités, non seulement elles s’attendent à un revenu mais aussi elles peuvent utiliser ces biens et ces services pour répondre directement aux besoins réels de sa famille.

Plus que l’homme, le revenu que la femme tire de ces activités est utilisé à plus de 90% pour satisfaire directement les besoins domestiques. Ainsi, dans la pratique de son activité, la seule pensée de pouvoir contribuer à l’épanouissement de sa famille constitue déjà une très grande motivation. Elle va être farouchement déterminée, va se surpasser pour relever les défis liés à son activité. Par essence, la femme africaine est prédisposée à être une entrepreneure accomplie. Mais bien souvent, il lui faut une formation ou la bonne information afin qu’elle puisse saisir toutes les opportunités qui s’offrent à elle pour développer davantage son entreprise er contribuer efficacement au développement économique et social de son pays.

Des pans d’activités à explorer pour dynamiser l’entreprenariat féminin en Afrique.

Tous ces secteurs clés où les femmes africaines interviennent offrent encore des pans d’activités qu’il est nécessaire de développer afin qu’elles contribuent de façon efficace, pertinente et durable aux processus de l’émergence en cours dans plusieurs pays.

Dans la production agricole, la femme doit être propriétaire des terres.  La pratique ancestrale africaine a dépossédé la femme des terres. Elle n’est propriétaire que sous le couvert de son mari. Il est important de former les femmes dans la maîtrise de ces droits et des conventions transnationales afin qu’elles disposent des outils pour plaider en faveur de ses droits fonciers. De même, pour développer l’agriculture, les femmes ont besoins d’être formées dans la gestion de l’eau.

Le secteur agroalimentaire reste inexploré. Elles s’y sont très investies. Il faut les former dans la maîtrise des techniques et des technologies de transformation, de conservation, de modernisation des modes de consommation  et de commercialisation des aliments locaux. Il faut par ailleurs les accompagner dans la maîtrise des chaînes de valeurs pour plus compétitivité dans les entreprises agroalimentaires qu’elles créent et gèrent.

Dans les tontines, les femmes africaines mobilisent d’importantes épargnes qui peuvent  financer leurs entreprises. Il serait nécessaire qu’on renforce leurs capacités afin qu’elles mobilisent ces épargnes à des fins d’investissement. Avec cette fonds, les femmes entrepreneures africaines peuvent créer des partenariats avec des structures publiques, privées, nationales ou internationales pour construire des solutions durables et définitives au problème de financement de leurs entreprises.

La commercialisation des biens et des services qu’elles produisent constitue un problème crucial pour les femmes entrepreneures en Afrique. Il faudrait les former aux techniques modernes de vente via les nouvelles technologies. On pourrait leur faciliter une participation honorable aux foires et fora à l’intérieur du pays, dans les sous régions et en Afrique ou ailleurs. Les Etats Unis à travers l’AGOA, l’Union Européenne à travers les APE, le commerce solidaire ont facilité les conditions d’accès des produits africains dans leurs pays. Il est important de former la femme entrepreneure dans la compréhension et l’intégration de ces outils du commerce international.

La certification crédibilise les biens et les services qu’elles offrent au niveau national et international. Mais les processus sont complexes et coûteux. Il serait nécessaire de les mettre en contact avec l’information ou la formation nécessaire pour intégrer ces dynamiques.

Très souvent, la formation par les voyages d’échanges et d’études est plus concrète et l’assimilation plus performante, facile et directe. Faciliter ces rencontres d’échanges revient à leur donner la possibilité de confronter leurs pratiques en les améliorant.

En organisant ces processus de renforcements de capacités dans des regroupements bien structurés de femmes entrepreneures, il n’y aucun doute qu’elles contribuent activement, efficacement au changement social et à la croissance économique en Afrique.

 

Article de Marie Crescence Ngobo pour le Programme EVE