Haweya Mohamed a commencé sa carrière dans de grands groupes audiovisuels internationaux comme Endemol, Channel 4 et RTL. Elle fut également Chef de cabinet d’Alain Afflelou et Secrétaire Général de sa Fondation.
En 2014, elle créé sa première structure, une agence de communication spécialisée dans les relations publiques stratégiques, les relations presse et médias. Elle part ensuite au Maroc pour collaborer à la transformation structurelle et travailler sur la communication internationale de la SNI, holding royale du Maroc.
Haweya Mohamed est aujourd’hui Co Fondatrice et Directrice Générale de Afrobytes, premier tech hub dédié à l’innovation africaine à Paris.
Les piliers du développement des économies africaines ont aujourd’hui pour suffixe le mot « Tech » : FinTech, AgriTech, EduTech… Ils ont aussi comme préfixe la lettre « m » comme Mobile: m-Health, m-Payment… L’Afrique est le continent dit « Mobile First » et est devenu le territoire par excellence de la « transformation digitale ». Le numérique contribue aujourd’hui à plus de 5% du PIB du continent et en 2020 ce sera plus de 8%.
Nul n’imagine que cette omniprésence du numérique puisse décroitre dans le temps. Bien au contraire, il est probable que l’arrivée massive des grands acteurs de la tech mondiale accélère encore la contribution des TIC aux richesses nationales. Les données, nouvelles matières premières du continent africain, seront au cœur des nouveaux défis économiques et sociétaux de celui-ci.
Preuve de l’importance de cette thématique à l’échelle mondiale, les Nations Unies ont adopté (en juillet 2016) une résolution qui considère que l’accès à internet est désormais un droit humain fondamental. Or, qu’observe t’on aujourd’hui en Afrique ? L’entrepreneuriat féminin est certes l’un des plus importants au monde, mais il existe dans le même temps une immense inégalité entre les sexes en ce qui concerne l’accès aux technologies. Les inégalités dans l’accès à l’éducation, le taux d’illettrisme féminin, le faible pouvoir d’achat des femmes face aux coûts d’accès aux données ou encore les normes culturelles et sociales conservatrices, sont autant de facteurs qui font que le nombre de femmes menant une carrière dans le secteur des nouvelles technologies ou créant des « startups » est largement inférieur à celui des hommes. Si l’on souhaite que les femmes participent pleinement à la création de richesse, il est alors impératif de créer les conditions pour qu’elles puissent accéder aux technologies et pour qu’elles soient en capacité de développer les innovations qui impacteront positivement le quotidien des communautés. Aujourd’hui le plus grand danger pour elles serait qu’elles restent tenues à l’écart de la société de l’information.
Pour que l’entrepreneuriat féminin en Afrique se conjugue de plus en plus avec les nouvelles technologies, il est nécessaire que les efforts menés ces dix dernières années pour donner un accès à une éducation basique de qualité aux femmes soient poursuivis et renforcés par l’apprentissage des technologies de l’information. Un des meilleurs exemples pour illustrer cette démarche est le programme AkiraChix qui est basé au Kenya et qui est soutenu par Google. L’ambition de l’équipe d’Akirachix est d’initier les femmes au design de service et au code informatique. Le vocabulaire des femmes formées par AkiraChix a évolué afin de remplacer des termes comme « micro-crédit » par « levée de fonds ». En créant leurs applications et startups, elles ambitionnent d’être des actrices majeures de la transformation digitale de leurs pays.
Il est également important que ces initiatives soient aujourd’hui largement diffusées et que des figures féminines puissent inspirer de nouvelles générations de femmes.
La Conférence Afrobytes dédiée à l’innovation africaine met en avant ces initiatives et les réussites de femmes. Elle a ainsi accueilli Akirachix en juin 2016 et organisé un débat « femmes dans la technologie » en mars 2016. La « serial entrepreneuse » et « Business Angel » Rebecca Enonchong a pu évoquer ses succès obtenus entre la Silicon Valley et le Cameroun. Juliet Waniyiri, 25 ans, experte en robotique formée au MIT, a partagé sa passion de l’ingénierie pour la conception de produits pensés pour le marché Kenyan. Lucy Mbabazi, à la tête de m-Visa à Kigali, mène aujourd’hui le programme devant supprimer l’usage d’espèces au Rwanda afin que les échanges se fassent uniquement en monnaie électronique.
Chez Afrobytes, nous considérons que la forte présence de la presse internationale et locale africaine lors de nos conférences est fondamentale dans la diffusion de ces « role models » notamment au sein même des foyers africains. L’objectif étant d’inspirer les jeunes femmes mais également d’inciter les chefs de famille à effectuer le même effort d’éducation que pour les garçons. La présence des femmes dans toutes les composantes du secteur Tech ne doit plus être inattendue mais doit devenir naturelle.
Cet objectif de mise en avant des femmes sur les scènes des Conférences dédiées à l’innovation ne fera sens que si les femmes prennent le temps d’assister à ces conférences. Nous constatons toutefois que le public est majoritairement masculin alors qu’à priori rien ne nous empêche d’assister à ce type d’événement et de « réseauter » pour prendre toute notre place dans le secteur.
Je vous donne donc rendez-vous à la conférence Afrobytes en juin 2017 pour découvrir des femmes de la Tech africaine aux parcours exceptionnels et encourager par votre présence plus de femmes à se lancer dans le secteur des nouvelles technologies. Nous avons toutes un rôle à jouer pour accélérer ce mouvement.
Article de Haweya Mohamed pour le Programme EVE