Ce qu’il faut retenir du rapport BCG sur les femmes et la science

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De longue date engagée pour la promotion de l’excellence scientifique au féminin, la Fondation L’Oréal a révélé, à l’occasion de la remise des 16è Prix « Pour les Femmes et la Science » les conclusions d’un rapport commandé au Boston Consulting Group sur la place des femmes dans le monde scientifique.

 Le blog EVE l’a lu. Voici ce qu’il faut en retenir :

 

 

29% des chercheurs sont des chercheuses

 

29% des chercheurs sont des chercheuses. C’est mieux qu’il y a dix ans quand les femmes ne comptaient que pour un quart de la population mondiale de chercheurs en sciences.

Mais la progression est lente et se fait à un rythme disparate selon les régions du globe. La féminisation en marche du monde scientifique est aujourd’hui essentiellement portée par les pays d’Asie centrale et d’Amérique latine. Mais la part des femmes dans les labos stagne à un niveau décevant au Japon (14%), en Allemagne, en Chine et en France (autour de 25%).

 

 

Rares sont les femmes à la tête des grandes institutions scientifiques

 

Si la part des femmes chercheuses augmentent, la proportion d’entre celles qui accèdent aux postes de direction des grandes institutions scientifiques reste médiocre. Partout inférieure à 30%, sauf en Espagne (37%), cette part des femmes aux « board » plafonne à 17% en Chine et 6% au Japon.

 

 

Peu de Nobel pour elles

 

Elizabeth Blackburn, prix Nobel de médecine 2011 et lauréate « For Women in Science »

Depuis la création du Prix Nobel en 1901, seulement 15 femmes l’ont obtenu dans les disciplines scientifiques dites « dures » (physique, chimie, physiologie/médecine)… Autrement dit 2,6% seulement des lauréats sont des lauréates. La dernière décennie marque un (très) léger mieux : sur 132 Prix attribués, 5 femmes ont été récompensées (ce qui porte la proportion à 3,5% sur la période).

 

80% des Prix Nobel féminins de la période 1998-2013 sont des Prix Nobel de médecine. Un chiffre qui témoigne d’une féminisation plus avancée de la filière, tandis que physique et chimie restent des disciplines très majoritairement masculines.

 

Quant aux mathématiques, qui comptent 20 % de femmes chercheuses mais n’ont comme la légende le sait pas de Nobel attitré, mais un équivalent reconnu, la Médaille Fields, c’est bien simple : aucune femme ne se l’est jamais vue épingler à la veste à ce jour!

 

 

Moins « douée » pour les sciences, les filles?

 

Comment expliquer cette cruelle sous-représentation des femmes dans l’univers de l’excellence scientifique? Le rapport compare les performances académiques des filles et des garçons âgés de 15 ans de 14 pays différents dans les disciplines scientifiques. Equivalentes au niveau mondial comme en Allemagne, au Japon, en Chine, ces performances sont supérieures à celles des garçons chez les jeunes filles françaises, américaines, britanniques et espagnoles. L’enseignement généraliste prépare donc bien autant de scientifiques des deux sexes… Mais au moment de l’orientation, au niveau bachelor, seulement 32% de filles choisiront une filière scientifique. On n’en trouvera plus que 11% au niveau du doctorat.

 

S’il était donc nécessaire de le rappeler, la bosse des maths (ou de la physique-chimie) ne s’attrape pas avec un chromosome Y! Ce qui est en jeu, c’est donc bien l’attractivité pour les femmes des filières scientifiques, des métiers auxquels elle donne accès et du monde de la recherche en lui-même. Toujours réputé peu inclusif, il manque encore de « rôles-modèles » féminins inspirants pour les futures générations de chercheuses.

 

Depuis 1998, le Programme « Pour les Femmes et la Science » de La Fondation L’Oréal en partenariat avec l’UNESCO oeuvre à faire connaître celles qui excellent dans l’univers de la recherche. Il a déjà distingué 82 femmes scientifiques et ce n’est pas fini…

 

 

Marie Donzel pour le blog EVE