Inspiration #BeYourself : Betty Friedan

Eve, Le Blog Leadership

« Inspiration », c’est la nouvelle rubrique de votre webmagazine EVE. Chaque mois, nous vous proposerons une citation de personnalité célèbre s’exprimant sur les sujets qui nous concernent (l’égalité, la mixité, le leadership, l’être soi, le développement personnel et professionnel, l’ambition, l’équilibre, l’innovation, la qualité des relations…).

Ecoutez ces grandes voix, laissez cheminer en vous leurs mots et idées et partagez avec votre entourage professionnel, familial, amical, par mail, sur les réseaux sociaux ou « in real life », ces paroles inspirantes qui sont autant de guides pour dessiner vous-même les chemins de votre épanouissement.

Pour cette première de la rubrique « Inspiration », nous vous invitons à méditer une phrase de Betty Friedan.

 

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Betty Friedan

Betty Friedan

Betty Friedan est une écrivaine américaine du XXè siècle (1921-2006).

Elle est notamment connue pour son ouvrage La Femme mystifiée, paru en 1963, et dont est extraite cette citation. L’essai se penche sur « le problème qui n’a pas de nom », selon la formule de Friedan : la tristesse, dont souffrent en silence beaucoup de femmes américaines dans le contexte pourtant prospère et confortable des années 1950.

La femme mythifiée, ou l’étau des rôles modèles étriqués

51W9ED4DH3LAu cours de son enquête, l’auteure met le doigt sur une insatisfaction désormais irréversible : être épouse et mère, même comblée dans ces rôles, ne suffit plus aux femmes. Mais ce qu’on leur donne à voir des femmes qui travaillent et/ou s’engagent dans la vie citoyenne, notamment dans les pages de la presse féminine, n’est que modèle repoussoir : des carriéristes carnassières, à la vie sentimentale punitive ou absente et aux postures scabreuses.

Prises en étau entre deux modèles caricaturaux, la femme au foyer parfaitement brushée entretenant des rapports fusionnels avec ses appareils ménagers et la diabolique business woman au comportement de reine des abeilles, les femmes « normales » sont privées de miroirs qui leur soient à la fois fidèles, valorisants et stimulants. Difficile dans ces conditions de se projeter dans la fierté et la joie d’être femme.

Mais pourquoi, puisqu’après tout, rien ne devrait les empêcher de se fiche des caricatures (d’autant qu’elles ont conscience que c’en sont) et de tracer leur propre chemin de vie? Sauf que, dit Friedan, elles en sont empêchées, via l’autocensure, par deux choses que l’éducation n’apprend pas aux filles : l’art de la contestation et le pouvoir de création.

 

Contester, tout un art

hysteriePour le premier, Friedan met en cause toutes les approches « fonctionnalistes » de l’éducation qui visent à former dès l’enfance des adultes répondant aux besoins de l’espèce (la reproduction, en premier lieu) et de l’organisation sociale qui en découlerait.

L’essentialisme contenue dans cette vision de l’éducation fait des femmes qui défient l’ordre social des « aberrations ». Leur esprit de contestation est reputé déviant et anarchique : ainsi pathologisé, il n’est pas encouragé, mais pas formé non plus, quand il est là malgré tout, à autant de qualités utiles pour faire valoir un point de vue que sont l’art d’argumenter, de négocier, de donner les preuves que son projet alternatif à la conformité est valable.

Laissé en friche, le tempérament contestataire des femmes est piégé par la prophétie auto-réalisatrice : manquant de « méthode » pour challenger les règles du jeu, celles qui protestent renversent brutalement la table et sont disqualifiées au titre du bon vieux schéma de l’hystérie!

 

Ne plus reproduire, mais créer : pour trouver et exprimer toute sa singularité

Out of my mindCe qu’on n’apprend pas non plus suffisamment aux filles, dit Friedan, c’est à créer. On les éduque bien à l’art, par exemple, mais c’est à reproduire avec une précision modeste de bonne élève des grandes oeuvres au piano ou sur un canevas qu’on les incite plutôt qu’à composer; on les familiarise avec la mode, mais c’est à coudre et non à dessiner des patrons qu’on les initie, etc. On habitue ainsi les femmes à reproduire et à se reproduire.

Pas (seulement) en faisant des enfants, mais aussi en se conformant à une image unique du féminin : mêmes codes culturels, mêmes attentes, mêmes désirs, mêmes compétences, mêmes goûts, même destin… Dans cette « femme mystifée », la femme singulière se perd.

Pour se retrouver et se connaître en tant qu’individu, que l’on soit femme ou homme, conclut Friedan, il n’y a qu’une voie, mais qui est ouverte à l’immense horizon des possible : « avoir son propre travail créatif ».

 

Marie Donzel, pour le webmagazine EVE.
Citation sélectionnée par Valérie Amalou, directrice du webmagazine EVE
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