Egalité pro, leadership partagé: 5 actus à retenir de février 2016

Eve, Le Blog Leadership

La revue de web du blog EVE

L’appli du mois : itcounts

Vous assistez à une conférence, par exemple, au hasard, sur la science… Combien de femmes sont à la tribune ? A prendre le micro ? Et dans la salle ? Au lieu de compter (même si ça peut parfois être vite fait), vous ferez mieux d’écouter ce qui se dit de passionnant dans les débats ! Mettez donc en route l’appli ItCounts développée par la start-up de « Citizen Science »  Wax, en partenariat avec l’association E-mma qui promeut la mixité dans le monde des technologies : ce petit module pour smartphone se charge de mesurer le ratio femmes/hommes dans toute assemblée où vous vous trouvez.

On tient là un formidable outil d’immédiat éveil des consciences sur le déficit de mixité dans certains environnements. Mais le projet Itcounts va beaucoup plus loin :Flora Vincent, co-Présidente de Wax, interviewée par les Nouvelles News, entend en faire une vaste base de données collaborative et enrichie en temps réel pour faire gagner en précision tou.tes les analystes et expert.es de la question de l’égalité.

L’événement du mois : le deuxième Dîner des Administratrices de Financi’Elles

Financi’Elles, Fédération de 13 réseaux mixité de la banque et assurance (qui compte parmi ses sponsors nos partenaires Crédit Agricole S.A. le Groupe Caisse des Dépôts et dont la co-présidente n’est autre que notre ex-Sage Anne de Blignières) oeuvre depuis 2011 à faire accélérer l’agenda de l’égalité et du partage des responsabilités dans tout le secteur financier. Avec l’intention assumée de faire de ce secteur qui irrigue l’ensemble de l’économie un modèle pour tous les autres.

Parmi ses nombreuses actions, Financi’Elles donne tous les deux ans un grand dîner des Administratrices à Bercy, en présence du Ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique.

C’était le 18 février dernier et ce fut l’occasion de lancer, en partenariat avec Ethics & Boards et Deloitte, le 1er indice de la féminisation de la gouvernance et des instances dirigeantes dans la filière banque, finance, assurance. Celui-ci révèle un certain retard pour ce qui est de l’équilibre femmes/hommes dans les CA. En revanche, il montre une féminisation en marche des ComEx et surtout, une avance manifeste pour la féminisation du premier cercle des managers (le top 100 de l’encadrement supérieur des entreprises).

Il faut y voir le témoin d’une stratégie robuste et durable de « viviers » de femmes à très haut potentiel, en capacité de prendre à court/moyen terme les plus hautes fonctions dans les organisations du secteur financier ; ce qui inspire confiance aux dirigeant.es du secteur quant à la capacité des entreprises qu’il couvre à remplir les objectifs fixés par la Loi Copé-Zimmermann à l’horizon 2017.

Le débat du mois : les droits des femmes dans le même ministère que les questions d’enfance et de famille?

On a salué en 2012 le retour en France d’un ministère de plein exercice dédié aux droits des femmes et qui s’est immédiatement emparé de la question de l’égalité professionnelle et du leadership partagé. Suite à un premier remaniement, ce ministère s’est reconverti en Secrétariat d’Etat, placé sous la tutelle du Ministère des Affaires Sociales et de la Santé.

Depuis le 11 février 2016, les droits des femmes sont à nouveau intégrés dans un ministère de plein exercice… Aux côtés des questions de famille et d’enfance ! Un intitulé qui a suscité de vifs débats : tandis que certain.es se sont immédiatement inquiété d’une confusion entre « femme » et « mère » susceptible de conforter les esprits dans l’idée que les questions familiales sont avant tout et surtout une « affaire de femmes » (d’autant qu’était créé par ailleurs un secrétariat d’Etat à l’égalité réelle dont la feuille mission, sensiblement axée « diversité » ne fait pas spécifiquement mention de la mixité de genre) ; d’autres saluent l’esprit de lucidité et le fond foncièrement progressiste de l’assimilation des droits des femmes aux questions de famille, estimant que c’est précisément au cœur des foyers que naissent et se perpétuent les inégalités préjudiciables aux femmes.

L’homme engagé du mois : Ross Putman, un producteur à l’assaut des scénarios sexistes

Producteur indépendant depuis 2011, Ross Putman voit tous les jours atterrir sur son bureau des scénarios. Et à force d’en lire, à la recherche de celui qui fera un bon film, une édifiante réalité lui a sauté aux yeux : la majorité des projets de long-métrage qui lui sont soumis (alors même qu’il est repéré pour être un producteur attentif aux questions de diversité et de mixité) sont truffés de rôles féminins stéréotypés, portant essentiellement l’accent sur les caractéristiques physiques des personnages et ne laissant aux actrices pressenties (toutes jeunes et belles, selon des critères hollywoodiens qui ont du mal à évoluer) qu’une part limitée (30% selon ses estimations) de texte à jouer.

Pour sensibiliser les auteur.es à ce sexisme inconscient et les encourager à se défaire de cette fâcheuse tendance à créer des personnages féminins corsetés dans les caricatures de la féminité, Putman a lancé le compte Twitter @femscriptintros : il y reproduit tout simplement des extraits de scripts qui lui sont parvenus. Parlant !

Le projet symbolique du mois : vers un hymne national plus inclusif au Canada?

Pour Justin Trudeau, nouveau Premier Ministre canadien, l’égalité n’est ni une option ni un champ distinct de toutes les autres questions d’économie, de politique, de culture et de société : il la veut partout, tout le temps, dans la réalité et dans les symboles.

Aussi, entre autres actions très concrètes pour rendre effective l’égalité femmes/hommes, il songe, avec le soutien du député de sa majorité Mauril Bélanger, à adapter l’hymne national canadien qui n’évoque à l’heure actuelle que les « fils » de la nation, afin d’y inclure aussi les femmes qui ont contribué à la construire et participent à l’enrichir.

Serait-ce une première dans le monde ? En 2012, l’Autriche a revu les paroles de « Land der Berge, Lam am Strome » pour ajouter au couplet parlant de « patrie des grands hommes » la notion de « grandes femmes » aussi ! Le débat revient régulièrement en France aussi où la Marseillaise, chant guerrier datant de 1792 ne laisse aux femmes que la place de « compagnes » des braves au combat.

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE.