Davantage de femmes actives, ça commence par plus de filles à l’école

Eve, Le Blog Egalité professionnelle, Leadership

Farah Mohamed est présidente-directrice générale du Malala Fund, où elle veille à orienter et à développer les activités de l’organisation pour que chaque petite fille bénéficie de 12 ans de scolarité. Avant cela, Farah avait fondé et dirigé G(irls)20, entreprise sociale consacrée à l’éducation des filles et à leur participation à l’économie. Elle a également occupé des postes de direction à The Belinda Stronach Foundation et VON Canada, et travaillé pour plusieurs personnalités politiques canadiennes.



Le succès futur de nos économies dépend des femmes — mais commence avec nos filles. Nous devons prodiguer à chaque petite fille un enseignement secondaire de qualité, ce qui renforcera l’accès des femmes à des emplois formels et aidera à rompre le cercle vicieux de la pauvreté.

Aujourd’hui, seulement 46,6 % des femmes participent au marché du travail, contre 76,1 % pour les hommes. Ce déséquilibre dessert non seulement les femmes, mais aussi toutes les économies. Les femmes augmenteraient le PIB mondial annuel de 26 %, soit 28 000 milliards de dollars d’ici 2025 si leur participation à la main d’œuvre égalait celle des hommes.

D’après des études menées dans les pays de l’OCDE, le niveau d’éducation influe considérablement sur les perspectives professionnelles.[4  Pour qu’un plus grand nombre de femmes compose la population active, nous devons accroître l’accès des filles à un enseignement gratuit, sûr et de qualité pendant 12 ans. Soit un cycle complet d’enseignement primaire et secondaire.

Un rapport récent du Malala Fund et de Global Education Monitoring (GEM) intitulé « Safer, Healthier, Wealthier » le décrit très bien : une éducation de base, comprenant le primaire et le secondaire inférieur, ne suffit pas à préparer les enfants aux besoins du marché du travail. Les économies en développement et les économies émergentes auront bientôt trop d’ouvriers peu qualifiés et manqueront de professionnels. D’où un accroissement du chômage, et des disparités majeures sur le marché du travail. L’UNESCO estime que d’ici 2020, le monde pourrait compter 40 millions d’emplois vacants, sans disposer d’un nombre suffisant de travailleurs qualifiés pour les pourvoir.

En plus d’assurer aux filles 12 ans d’école, nous devons leur garantir une éducation de qualité. Pendant trop longtemps, nous avons appris à notre jeunesse les mêmes choses, alors que le marché du travail évolue. Nous devons encourager la créativité, l’innovation et la résilience. Nous devons favoriser l’alphabétisation financière et digitale, la transmission d’un esprit entrepreneurial et le développement de capacités de communication. Nous ignorons peu ou prou quels emplois émergeront sur le marché dans 15 ans, mais avec une éducation de qualité, les filles sauront réfléchir et s’adapter pour relever ces défis.

Enseigner aux filles présente des avantages manifestes. Un dollar investi dans une année de scolarisation supplémentaire, surtout pour les filles, génère des bénéfices et des bienfaits pour la santé de l’ordre de 10 dollars dans les pays à faibles revenus et près de 4 dollars dans les pays à revenus intermédiaires inférieurs. Si d’ici 2030 tous les enfants des pays à faibles revenus suivaient des études d’enseignement secondaire supérieur, le revenu par habitant augmenterait de 75 % d’ici 2050. Investir dans l’éducation des filles, c’est investir dans la prospérité mondiale.

Nous devons travailler ensemble pour veiller à ce que chaque fille bénéficie pendant 12 ans d’un enseignement gratuit, sûr et de qualité et devienne un membre productif de la population active. Plus de 130 millions de jeunes filles ne vont pas à l’école. La guerre, les frais de scolarité, le mariage des enfants et la discrimination sexuelle représentent seulement quelques-uns des enjeux auxquels elles font face au quotidien. Le Malala Fund agit pour lever ces freins à l’éducation dans les zones du monde où les filles sont les plus vulnérables.

Beaucoup a été dit et écrit sur la main-d’œuvre féminine. Sur la capacité des femmes à gravir les échelons. Sur la manière dont rendre les lieux de travail plus souples. Sur la façon dont remédier aux disparités inexcusables de revenu. Ces thématiques sont importantes. Mais le problème de fond demeure, à savoir que les femmes ne pourront réussir dans la population active si, pour commencer, elles n’y participent pas.

Nous devons traiter ce problème central : il n’y a pas assez de femmes dans la population active, parce qu’il n’y a pas assez de filles dans les salles de classe. En autorisant plus de 130 millions de petites filles à ne pas aller à l’école aujourd’hui, nous empêchons les entreprises d’innover. Nous empêchons les pays de contribuer à l’économie mondiale. Nous empêchons ces filles d’atteindre leur plein potentiel.

Nous devons investir dans l’éducation de nos filles, et investir dans l’avenir de notre monde.

Farah Mohamed, pour le programme EVE

[1] ILO (2016) Women at Work: Trends 2016. http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—dcomm/—publ/documents/publication/wcms_457317.pdf

[2] Ibid.

[3] Stanford Social Innovation Review, The economic benefits of gender parity. http://www.mckinsey.com/mgi/overview/in-the-news/the-economic-benefits-of-gender-parity

[4] OECD (2016) Education at a Glance 2016.

[5] B20 (2017) Open, Dynamic and Inclusive Labor Markets Harnessing the Potential of Technological Change and Creating a Global Level Playing Field, B20 Taskforce: Employment and Education.

[6] UNESCO (2016) Global Education Monitoring Report 2016. Education for People and Planet: Creating Sustainable Futures for All.

[7] Education Commission (2016) The Learning Generation: Investing in Education for a Changing World.

[8] UNESCO (2016) Global Education Monitoring Report 2016. Education for People and Planet: Creating Sustainable Futures for All.