Petits conseils pour réduire grosse charge mentale !

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Le concept de charge mentale, popularisé par l’illustratrice Emma, recouvre tout ce qui, sans constituer une tâche à proprement parler, relève de la responsabilité assignée (formellement ou implicitement) à un individu, l’obligeant à devoir penser à mille et une choses… Au risque d’avoir la tête complètement farcie, un fâcheux sentiment de culpabilité en cas d’oubli (d’avoir pris rendez-vous avec le pédiatre, racheté de la litière pour le chat et pensé au dentifrice « dents sensibles ») et pas mal d’amertume en cas de rappel à l’ordre (« Pourquoi le petit n’a pas fait son rappel de vaccin ? », « Je ne comprends pas, on n’a plus de litière pour le chat ? », « Le prends pas pour un reproche, mais le dentiste a bien insisté sur le fait que ça fait une vraie différence, le dentifrice « dents sensibles »).

Alors, comment réduire sa charge mentale ? Voici quelques « tips » pour vous y aider.

Conscientisez l’historique de votre « charge mentale »

 

Le constat : il vous incombe de fait de vous (pré)occuper de la santé des enfants et des relations avec leur établissement scolaire, du remplissage du frigo et des placards, du linge, de la gestion des prestataires qui interviennent dans votre foyer (pour le ménage, la garde de la progéniture ou l’entretien du jardin). Mais est-ce que cela a été clairement posé un jour dans une discussion avec votre conjoint·e et les autres membres qui composent votre famille ?

Le plus souvent, ce sont des habitudes insidieusement installées qui rendent un individu comptable de toutes sortes de choses dont toute la famille bénéficie. Cela mérite d’être questionné… Avant que le torchon brûle et que la cocotte-minute n’explose !

Faites calmement la liste de ce qui entre dans votre charge mentale et essayez de vous souvenir du moment à partir duquel chaque chose est passée sous « votre » responsabilité. Par exemple, est-ce que les rendez-vous médicaux des enfants, ça n’aurait pas commencé avec le fait qu’à la naissance, ils ont été inscrits sur votre seule carte vitale ou qu’ils dépendent de votre seule mutuelle ? Est-ce que l’organisation des vacances, ça ne remonterait pas à ce fameux été où vous avez trouvé « bof bof » la maison de location et que votre partenaire vous a répondu « ben, écoute, la prochaine fois, tu n’as qu’à t’en occuper ». Est-ce que le fait d’être en charge de l’entretien de la voiture, ça ne vient pas du fait que vous vous êtes proposé·e pour le premier contrôle technique ? En retraçant l’historique de vos charges implicites, vous reprenez le pouvoir de négocier en toute conscience des décisions de partage des responsabilités.

Interrogez votre responsabilité (sans vous flageller)

 

Les autres se reposent sur vous et vous en avez marre ! Mais qu’est-ce qui, dans votre attitude, pourrait leur permettre de penser qu’il y a encore de la place dans votre sac à dos mental pour qu’ils y déposent tous les menus soucis dont ils n’ont pas envie de s’encombrer l’esprit ? N’êtes-vous pas, quand il s’agit des affaires familiales, d’une redoutable exigence qui découragerait quiconque de faire les choses aussi bien que vous ? Dans son célèbre ouvrage La Trame conjugale – Analyse du couple par son linge, le sociologue Jean-Claude Kaufmann met en évidence que la plupart des femmes tendent à « s’approprier » la fonction du blanchissage car elles estiment inconsciemment qu’elles lavent, repassent et plient mieux que leur conjoint. 20 ans après cet essai, Kaufmann fait paraître un livre sur le sac à main des femmes, dans lequel on trouve tout un nécessaire pour faire face à de multiples situations les concernant directement mais leur permettant aussi de rendre une foule de petits services : dépanner d’un cachet d’aspirine (et rapidement, l’entourage ne se donne plus la peine de passer à la pharmacie puisqu’il y a toujours ce qu’il faut dans la besace de maman-chérie), prêter un stylo (alors pourquoi se donner la peine d’en avoir un sur soi, puisqu’il y a forcément une nana partout où l’on va qui aura de quoi écrire), passer un mouchoir en papier (alors, pourquoi s’embêter à en prendre avec soi si les filles en ont avec elles) etc. Et le sociologue de noter que tandis que certain·e·s se baladent les mains dans les poches, d’autres voient s’alourdir encore et encore le poids de leur sacoche. Toute une métaphore ! Et si vous étiez moins parfaite… Ou à tout le moins, moins prévoyante ? Ceux dont ne vous pourrez pas combler les petits besoins divers et variés prendront peut-être l’habitude de se responsabiliser !

Organisez votre incompétence !

 

Il n’y a pas meilleure façon de s’épargner une responsabilité que de ne pas avoir les compétences requises pour l’assumer. Et vous voilà pris·e d’une fâcheuse phobie administrative qui interdit bien sûr que vous soyez seul·e en charge des papiers qui arrivent dans la boîte aux lettres ! Vous voulez bien vous y coller, mais seulement avec votre partenaire. Mince, alors, une fois de plus, vous n’avez pas acheté le « bon » dentifrice : c’est qu’il n’y a rien à faire, vous ne vous y retrouvez pas dans le rayon hygiène dentaire, pour vous tous les tubes se ressemblent, ça doit être vos lunettes qui ne sont plus à votre vue. Zut, le lave-vaisselle est plein mais personne ne l’a mis en route : qu’on ne vous en parle pas, il y a beaucoup trop de boutons sur les appareils électroménagers de nos jours, vous préférez ne pas y toucher de peur de faire tout exploser. Trouver une personne pour garder les enfants entre la sortie de l’école et le retour des parents à la maison, en voilà une idée qu’elle est bonne, mais à qui s’adresser pour ça ? Et puis franchement, vous ne voyez pas faire passer les entretiens, c’est quand même une grosse responsabilité, faire seul·e un recrutement aussi important, ce n’est pas sérieux !

Avec humour et sans méchanceté, rendez visible tout ce que vous faites pour la collectivité, en cessant de le faire. C’est simple : seul·e, vous risquez forcément de moins bien assurer que si chacun·e y met du sien.

Refusez « l’aide », dites « merci » et exigez qu’on vous le dise aussi !

 

Combien de fois a-t-on entendu « j’ai de la chance, j’ai un·e conjoint·e qui m’aide » dans la bouche d’une personne qui se cogne, dans les faits, l’immense majorité du boulot domestique et de la charge mentale qui va avec ? Les responsabilités familiales, ça se partage ! Ce n’est pas l’affaire de l’un·e qui est investi·e du mandat de faire tourner la baraque, en recevant de temps en temps un magnanime coup de pouce des autres.

La question « Je peux t’aider ? », sous ses dehors adorables, est un piège : elle sous-tend que vous êtes en galère – voire en craquage – avec  « votre » problème et qu’un soutien ponctuel serait le bienvenu. Cas typique : « si tu veux, je peux aller faire les courses à ta place… Mais il faut que tu me fasses une liste ! » (Laisse tomber, j’aurai plus vite fait de courir à l’épicerie dont je connais les rayonnages par cœur… et si c’est pour m’appeler toutes les demi-quart d’heuyre parce que tu ne sais pas où « ils rangent le café » et quelle marque de yaourt « on prend d’habitude », ce n’est pas la peine).

Néanmoins, il serait dommage de décourager les bonnes volontés. Votre conjoint·e ou votre ado se propose de faire ce qu’il faut pour remplir le frigo ? Acceptez, bien sûr, sans commander sa conduite ni lui reprocher à son retour à la maison, d’avoir oublié les concombres ou de s’être trompé·e sur la marque de lessive que vous avez l’habitude de prendre. Et dites « merci ». Pas en votre nom, mais en celui de la collectivité.

Ce qui vous permettra aussi de rappeler à l’occasion que non, il n’y a pas de lutins qui rangent la maison la veille du jour où la femme/l’homme de ménage vient, qui débarrassent les paquets de gâteaux vides des placards et songent à en racheter pour le goûter, qui prennent des nouvelles de papy et pensent à lui acheter un cadeau d’anniv’ avant que les magasins soient fermés dimanche, qui anticipent les délais de production des passeports afin qu’ils soient à jour d’ici aux prochaines vacances, qui connaissent la pointure de chaussures de tous les membres de la famille quand il s’agit de racheter des chaussettes face à la montagne d’orphelines qui s’accumulent dans le dressing… Que tout ça, c’est vous et que ça mérite tout de suite un petit « merci » et ensuite que chacun·e s’engage à faire sa part sans compter sur vous pour lui rappeler ce qu’il a à faire…

Marie Donzel, pour le webmagazine EVE