Un Concept à la Loupe : La Roue des Émotions

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Souvent perçues comme un sujet tabou, mais de fait omniprésentes dans notre quotidien, les émotions requièrent une bonne communication avec notre esprit, notre corps et nos sentiments. De nombreuses études montrent qu’il vaut mieux les accueillir que d’essayer de les cacher, même dans l’environnement professionnel. Aujourd’hui il existe plusieurs méthodes pour apprendre à vivre en paix avec ses émotions, dont la Roue des Émotions, développée par le psychologue américain Robert Plutchik dans les années 1980. Retour sur cette grille d’analyse qui s’est répandue sur plusieurs domaines et qui sert de base pour des formations dans la fonction RH, des stratégies de marketing et même des jeux pour enfants.

 

Les Émotions : Mode d’emploi

Les humain·e·s passent leur vie en compagnie d’eux-mêmes, de leur conscience et de leurs sentiments. Nous ressentons quotidiennement du contentement, de l’ennui, de la jalousie, de l’énervement, de l’anxiété, de l’étonnement… La liste est longue. Enfin, selon le psychologue américain Robert Plutchik, pas si longue. Dans ses travaux, nous retrouvons 8 émotions opposées qui servent de base à toutes les autres : la joie et la tristesse, la sympathie et le dégoût, la peur et la colère et la surprise et l’excitation. A partir de cette typologie, Plutchik a construit un outil de cartographie des sentiments humains : la Roue des Émotions. C’est une espèce de boussole qui aide à identifier les ressentis et les besoins sous-jacents qu’ils indiquent. Son « invention » est constituée d’une grille évolutive qui va, par exemple, de la contrariété à la rage en passant par la colère. Ce processus est également décrit par une palette de couleurs (du jaune plus clair au plus foncé, par exemple, dans le cas de l’extase). Il faut aussi comprendre que la Roue des Émotions prend en compte la connexion entre les émotions : la liaison entre la joie et la confiance est susceptible de « produire » de l’amour…

 

La Roue des Émotions : À quoi ça sert ?

La Roue des Émotions est aujourd’hui très appliquée dans les formations RH ou dans les séances de coaching. Cet outil a par exemple été proposé par la coach Nathalie Colin dans un atelier Meet & Learn du Programme EVE afin de guider les participant·e·s dans l’identification des moments du passé où certains sentiments étaient plus prononcés que d’autres et l’observation de leur propre transition d’un bout de la grille à l’autre (de l’aversion au remords ou de l’étonnement à la crainte). En analysant comment ils et elles se sont senti·e·s et comment cela a pu avoir une influence sur leurs décisions et comportements, les participant·e·s à cet atelier ont ainsi pu se doter d’un outillage facile à prendre en main et à dupliquer dans chaque situation qui semble les « dépasser ». Dans l’e-learning, la Roue des Émotions prouve aussi son efficacité. Pour combler la distance du digital, il est important de garder la motivation – un objectif pouvant être atteignable en suscitant les bonnes émotions chez les apprenant·e·s. Nous pouvons produire un intérêt chez l’autre en renforçant l’utilité du contenu qui sera enseigné tout en racontant une petite anecdote (anticipation + joie => affection). Il ne s’agit sûrement pas d’une simple logique mathématique mais plutôt d’une théorie qui peut aider à guider la formulation des cours en ligne. Les émotions sont aussi très importantes pour le marketing : des études montrent que notre première réaction à une image ou à une publicité a un impact sur notre opinion autour d’un produit ou d’une marque. Une enquête menée par le Journal of Consumer Research a mis en évidence, par exemple, que les consommateurs ayant regardé un film procurant de la peur avaient plus tendance à se rappeler d’une marque que ceux ayant éprouvé du bonheur (parce que, selon les chercheurs, le sentiment d’effroi fédère un groupe et crée un lien humain autour de ce moment de partage).

 

La Roue des Émotions et la communication non-violente

Apprendre à reconnaître et à accueillir les émotions peut également contribuer à la mise en place d’une communication non-violente – cette façon de dialoguer qui prône l’empathie et l’écoute attentive et respectueuse de l’autre. La Roue des Émotions, dans ce cas, aiderait à identifier nos besoins pour éviter de projeter sur nos interlocuteurs et interlocutrices nos anxiétés, nos jugements ou nos attentes personnelles. Avant, par exemple, d’écrire un mail « passif-agressif » à un collègue, nous avons le choix de nous arrêter un instant pour suivre l’évolution de l’émotion que nous ressentons (une contrariété qui monte vers la colère…) et comprendre que nous pouvons faire passer notre message par d’autres moyens que la violence verbale.

Si la capacité à s’exprimer clairement et de façon empathique et objective demande beaucoup d’efforts, les enfants peuvent avoir encore plus de difficulté pour traduire ce qui se passe dans leur tête et dans leur corps. Il existe aujourd’hui plusieurs adaptations de la Roue des Émotions destinées aux plus jeunes contenant des dessins et des « emojis » qui les guident dans l’exercice de la communication non-violente. À l’image des langues étrangères, le langage des sentiments requiert une pratique régulière : raison de plus pour débuter leur apprentissage dès les premières années de vie !

 

Marcos Fernandes pour le webmagazine EVE