Nom : Thomas d’Ansembourg. Signe particulier : Vrai. Activité : Vivant!

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Thomas d’Ansembourg à EVE 2012

Demandez pour voir, à un-e EVEsien-ne de vous citer un intervenant-e du séminaire qui l’a marqué-e : le nom qui sort le plus souvent en premier, c’est celui de Thomas d’Ansembourg.

Chaque année, à Evian, il anime plusieurs ateliers sur la Communication Non Violente et clôture la session des plénières par ce qu’on est forcé d’appeler un véritable show, tant cette spectaculaire performance soulève d’émotions dans l’audience et recueille immanquablement de chaleureux applaudissements. Cette éblouissante intervention emprunte son intitulé au best-seller de Thomas d’Ansembourg, Cessez d’être gentil, soyez vrai. Au-delà de la formule, c’est toute une ligne de vie pour lui… Et bientôt pour toutes et tous celles et ceux qu’il initie à cette forme de citoyenneté « pacifiée et activement pacifiante » qu’il promeut sans relâche.

Nous avons voulu en savoir plus sur l’homme à qui l’on doit l’introduction et la démocratisation de la « CNV » en Europe. Nous l’avons donc interviewé, en vue de brosser son portrait.

 

 

 

Inspirations d’enfance… 

Faire parler Thomas d’Ansembourg de son enfance, c’est d’emblée se laisser porter vers les contrées enchanteresses de quelque conte féérique : « J’ai grandi dans les Ardennes belges, au coeur de paysages de hautes collines, plantés de forêts et de lacs, traversés de ruisseaux… Nous vivions modestement, ma famille et moi, dans un petit château de famille, ce genre de demeures historiques un peu mystérieuses… Et quasi-impossibles à entretenir! »

Proche de la nature, amoureux des chevaux, enfant paisible à qui l’on a transmis des valeurs fortes de sobriété, de respect et de tolérance, le jeune Thomas pousse tendrement, entendant au loin le tumulte des années 1960-1970, piquets de grève et rumeurs de rock, la tectonique des sociétés en mouvement.

 

 

Des rumeurs de rock seventies aux monastères coptes en Egypte

Adolescent, il veut aller y voir de plus près. Fort de sa relation intime avec les éléments, il désire aller maintenant à la rencontre des humains. Le temps d’étudier à l’Université est le prétexte tout trouvé pour gagner la ville. Namur, où il s’inscrit en droit parce qu’avocat lui semble « un métier fondamental, crucial pour le bien-vivre des hommes« .

Les horizons étant néanmoins faits pour être dépassés, voilà qu’à peine diplômé, il plie son barda et s’en va voyager. L’Egypte, le Kenya, la Grèce, Chypre, Israël… Partout, la beauté des espaces naturels l’inspire. Là, la force du sacré, quand il contemple de ses propres yeux des hiéroglyphes au Caire, quand il séjourne dans des monastères coptes, le subjugue.

Il comprend que « dès que les hommes peuvent nommer les choses, ils indiquent leur conviction qu’on est ici de passage » et conforte son intuition que mieux regarder ce qui nous environne, c’est déjà moins détruire, que c’est même le premier acte de préservation du précieux.

 

 

Faire voler en éclat les limites et vivre intensément, curieusement, gourmandement!

Contemplatif, Thomas l’est, sans nul doute. Mais pas passif et loin de là, qui choisit les paras pour accomplir son service militaire : sauter dans le vide et « faire voler en éclat les limites« , « repousser les frontières du conditionnement psychologique » et mettre à l’épreuve « les conceptions mentales » qui retardent ou interdisent nos propres lancées.

Il réalise qu‘il « veut vivre intensément« , que « la vie n’est pas une petite boisson fade à siroter du bout des lèvres et d’une façon timide » mais bien « un élixir merveilleux aux parfums puissants et complexes qui se savoure avec curiosité et gourmandise« .

 

 

Combien de temps peut-on vivre « contre la montre »?

Disruptif mais pas beatnik, il s’inscrit au barreau de Bruxelles. Engagé dans un cabinet de droits des affaires, il fait alors « une découverte et… a une déconvenue : je m’aperçois que mes études ne m’ont rien appris, que personne ne m’a formé à écouter les gens et à les comprendre, que je n’ai rien pour m’aider à articuler le droit et les solutions pratiques que mes clients sont venus chercher. »

La solidarité des pairs comble les vides de la formation académique : on se tuyaute entre stagiaires et les plus expérimentés transmettent leur savoir-faire. Mais quelque soit le niveau de séniorité, il y a un cas que personne ne sait traiter, un dossier qui concerne tout le cabinet, tous ses clients aussi, et sur lequel jamais quelqu’un n’a le temps de se pencher : celui du stress. Tic tac, tic tac, « on vit contre la montre« , des bombes à retardement plein la tête et la peur au ventre, celle de n’être jamais à l’heure, de courir en permanence après le temps ou bien d’être harcelé par lui.

Vu de l’extérieur, ça a toutes les apparences d’une existence excitante, dans laquelle on se s’ennuie jamais, et pour cause. A part soi, Thomas d’Ansembourg comprend qu’il ne « fera pas long feu dans ce métier« . Il le quitte donc, au bout de cinq ans.

 

 

Aux côtés des jeunes à la dérive, à la rencontre de soi

Thomas d’Ansembourg n’est pourtant pas de ceux qui jettent le bébé avec l’eau du bain. De son expérience d’avocat faite de rencontres multiples en situations souvent délicates, il retient que « le besoin d’être aidé comme celui d’aider » sont universels. Il y a là quelque chose de l’ordre du « vrai« . Quelque chose à quoi il faudra rendre de l’espace… Alors, tandis qu’il devient consultant juridique pour une banque internationale, ce sont des horaires humains qu’il se ménage.

Du temps pour, d’une part faire du bénévolat aux côtés des jeunes de la rue et, d’autre part, entreprendre ce que l’on appelle « un travail sur soi« , auprès d’un thérapeute.

Ce dont ces deux activités extra-professionnelles lui font prendre conscience, c’est que que le préjugé, celui qu’on porte sur les autres comme sur soi-même, celui qu’on reçoit et celui qu’on suppose, musellent « le sujet« , font de chacun l’objet malmené de ce qu’il croit qu’on attend de lui. Et que ce n’est pas sans provoquer de la casse. Générer de l’agressivité, envers soi et autrui. C’est une évidence pour ces jeunes à la dérive qu’il côtoie, ça prend seulement d’autres formes chez les privilégiés auxquels il se sait appartenir.

 

 

Avec Corneau dans le désert puis à la rencontre de Marshall Rosenberg

Son travail analytique l’amène à Guy Corneau. A ses livres d’abord, puis à la personne, qui le « frappe par son immense bienveillance » quand il fait sa connaissance. « Avec Guy, je vois tout à coup la force de l’empathie, de l’écoute et de l’accueil, à quel point c’est puissant et transformant. Je veux faire ça!« . Comme lui, prendre le pari et le parti de l’émotion et de la liberté.

Thomas propose à Guy Corneau d’embarquer pendant trois semaines pour un voyage dans le désert, avec les jeunes dont il s’occupe . Guy lui apprend à méditer, partage ses pensées, lui enseigne ce qu’il sait, puis lui propose d’être son assistant en Belgique. Il est alors pour Thomas un « maître, au sens ancien et noble du terme« .

Puis il rencontre Marshall Rosenberg, le psy américain à l’origine de la Communication Non Violente.

 

 

La CNV, une « pédagogie fine et pleine d’humour » pour apprendre à devenir « vrai »

C’est « une nouvelle révélation, un nouveau coup de coeur » pour « cette pédagogie fine et pleine d’humour » qu’il veut désormais enseigner à son tour.

Avec quelques amis convaincus de la profondeur et de l’efficacité de l’approche de Rosenberg, Ansembourg « planche sur un processus de certification » pour introduire l’approche en Europe. Dans le même temps, il ouvre un cabinet « d’écoute à vertus thérapeutiques » à Bruxelles.

Rapidement, un livre est en préparation : ce sera Cessez d’être gentil, soyez vrai, appelé à devenir le best-seller que l’on sait.

Derrière un titre facétieux qui sonne presque comme une provocation, il y a une très sérieuse invitation au courage d’être soi-même. Du courage il en faut, en effet, car Thomas d’Ansembourg le dit sans ambages, « être vrai, ce n’est pas spécialement confortable » et « être heureux, ça demande forcément de traverser des zones d’inconfort« . Alors tout l’enjeu est de s’accompagner lors de ces passages escarpés, pour franchir les arêtes aiguës du gravissement vers sa propre vérité.

La métaphore du « guide de montagne » lui plait pour qualifier le rôle du thérapeute, à lui qui insiste sur la nécessité d’instaurer « un cadre d’écoute et d’amour qui permet de se sentir profondément respecté et profondément accueilli« . D’amour? D’amour, oui, assume-t-il, de l’amour bien ordonné, jamais déplacé, jamais abusif, mais de l’amour parce qu’il est faux de s’imaginer que l’on aide de loin, sans se mouiller, sans se laisser émouvoir, sans donner.

Les thérapies fondées sur l’asymétrie de principe entre l’analysant allongeant son récit de vie et le thérapeute distancément assis sur son savoir, ont décidément vécu.

 

 

Cessez d’être gentil, soyez vrai… Et soyez vrai pour pouvoir agir! 

La CNV, approche innovante et tellement inspirante du travail sur soi, que personne ne connaissait en Europe à la fin des années 1990 devient ainsi incontournable au milieu des années 2000. Thomas d’Ansembourg est appelé partout à l’enseigner. On le demande à Rabbat, à Montréal, à Lausanne… et à Evian, où, en 2010, se met en place un programme de leadership au féminin dont le leitmotiv retient forcément son attention : « Oser être soi-même… Pour pouvoir agir! »

Il confirme aux initiatrices d’EVE que leur vision est juste : les femmes ne parviendront à pulvériser le plafond de verre qu’à condition de pouvoir affirmer ce qu’elles sont, sans jamais avoir à singer qui que ce soit pour obtenir ce qu’elles veulent, en se sachant au contraire intensément puissantes quand elles savent créer ce fameux cadre de bienveillance qui autorise à exprimer son authenticité.

A EVE 2012

A EVE, depuis quatre ans donc, ses ateliers et sa plénière font un tabac. De son côté, Thomas d’Ansembourg en revient à chaque fois enchanté, stupéfait de « la motivation, de l’engagement, de la qualité d’écoute et de compréhension de ce public qui a soif de connaissance et sait se rendre disponible pour la remise en question. » Du vrai win-win en somme.

Alors, quand en 2011, Anne Thévenet-Abitbol et Christine Descamps évoquent avec lui leur projet de donner à EVE un « petit frère« , le Programme OCTAVE qui sera dédié à tous les effets pour les organisations des mutations engendrées par les nouvelles technologies, il dit encore banco. Là encore, l’angle par lequel la question intergénérationnelle en entreprises est abordée lui indique non seulement que ce projet en soi est hautement porteur pour ceux qui y participent mais encore que l’intérêt des grandes entreprises pour la culture de l’écoute mutuelle est un vrai motif d’optimisme pour toute la société.

 

 

« Toute personne qui fait du développement personnel, psychologique ou spirituel profond fait du du développement social durable« 

Car c’est bien d’intérêt général que l’on parle, quand « travailler sur soi et sa façon d’être soi avec les autres n’a rien de narcissique ou d’égocentrique« , mais que « c’est bien là une démarche de citoyen pacifié et activement pacifiant« , affirme Thomas d’Ansembourg, comme pour décomplexer celles et ceux qui douteraient encore de la nécessité de prendre du temps et de l’énergie pour prendre soin de soi.

« Toute personne qui fait du développement personnel, psychologique ou spirituel profond fait du du développement social durable« , conclut-il dans un sourire bienveillant et chargé… D’amour.

 

Marie Donzel pour le blog EVE

 

 

 

Cessez d’être gentil, soyez vrai, la BD (à paraître)

 

Avez-vous un nouveau livre en préparation, Thomas d’Ansembourg?

Ce sera un « illustré » comme il dit, utilisant l’irrésistible formule du pays du 9è art pour qualifier une « BD ». Cessez d’être gentil, soyez vrai est effectivement en cours d’adaptation en comics, pour une parution dans quelques jours.

Thomas d’Ansembourg se réjouit à l’idée « de toucher un nouveau public par ce média intrinsèquement joyeux« .