Egalité femmes/hommes : les 7 actus qu’il ne fallait pas manquer en novembre 2017

Eve, Le Blog Egalité professionnelle, Leadership

Comme chaque fin de mois, le webmagazine EVE passe en revue l’actu des semaines écoulées sur le front de l’égalité, de la mixité et du leadership équilibré. Voici les 7 infos à retenir de novembre 2017.

 

Le droit de suite du mois : #MeToo, ça continue… Et ça pourrait bien être un tournant historique

Le mouvement de libération de la parole des femmes sur le harcèlement et les agressions sexuels qui a suivi la révélation de « l’affaire Weinstein » ne faiblit pasTous les pays du globe sont touchés et même les secteurs professionnels ordinairement les plus à cheval sur la solidarité de corps (armée, hôpital, diplomatie, médias…) voient les femmes se rassembler pour dénoncer la récurrence systémique des comportements déplacés de leurs collègues et supérieurs.

Le mouvement est qualifié de tournant historique par de nombreux.ses observateurs/observatrices qui font le constat d’une inédite rapidité de propagation du mot d’ordre allant de pair avec une ampleur rarement égalée de mobilisation sur un sujet d’égalité femmes/hommes jusqu’ici resté tabou.

Après la libération de la parole, et le temps de l’interrogation sur ce qui différencie la relation de séduction du franchissement de la ligne rouge du consentement, l’heure est à la construction de réponses, notamment dans le cadre professionnel. La nécessité de mettre en place des dispositifs pertinents d’identification des situations de harcèlement s’impose comme préalable, à la fois pour protéger les victimes et prendre des mesures adéquates envers les coupables, pour objectiver le fait avec précision et construire des politiques de prévention.

Le plan d’action du mois : la Cop23 met le genre au cœur de l’action pour le climat

Organisée par les îles Fidji, la 23è conférence annuelle de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques s’est tenue à Bonn du 6 au 17 novembre 2017. Elle s’est soldée par le dévoilement du premier grand Plan d’Action Genre de son histoire : parce que « Partout dans le monde les femmes sont en première ligne face aux risques causés par le réchauffement climatique ; elle doivent être des actrices incontournables du changement et c’est pourquoi nos voix sont nécessaires dans la diplomatie du climat. » a déclaré Mereseini Vuniwaqa, ministre des droits des Femmes de Fidji.

Le plan d’action genre de la Cop23 prévoit 5 grands volets :

  • Accès à l’information et empowerment : que les femmes puissent être partout formées aux questions environnementales afin de pouvoir prendre leur pleine place à la table des discussions et au cœur de l’action.
  • Participation des femmes aux décisions : charge aux parties impliquées dans la cop 23 au niveau local, régional, national et international de veiller à la juste représentation des deux genres dans les instances de responsabilité et de gouvernance.
  • Partage des bonnes pratiques : obligation faite aux acteurs de la lutte contre le changement climatique de mettre en place des solutions de synergie pour accélérer l’intégration des femmes aux politiques environnementales.
  • Moyens de mise en œuvre : les parties prenantes de la Cop23 sont tenues de dégager des moyens pour exécuter le plan d’Action à toutes étapes et en toutes dimensions de sa réalisation (formation, support technique, financement de projets…)
  • Evaluation : chaque Etat signataire communiquera à intervalles réguliers sur les actions mises en place et les progrès réalisés.

L’annonce leadership du mois : 7 femmes aux commandes du 48è forum de Davos

Le FMI a dévoilé le 3 novembre 2017 la composition de la co-présidence du 48è forum de Davos qui se tiendra du 23 au 26 janvier 2018. Une co-présidence pour la première fois 100 % féminine : Christine Lagarde sera aux commandes du World Economic Forum avec à ses cotés Isabelle Kocher, directrice générale d’ Engie ; Ginni Rometty, directrice exécutive d’IBM ; Erna Solberg, Première ministre norvégienne  ; Fabiola Gianotti, dirigeante du CERN ; Chetna Sinha, fondatrice de la banque sociale indienne Mann Deshi Bank ; et Sharan Burrow, Secrétaire générale de la Trade Union Confederation australienne.

Un symbole fort pour une institution qui, depuis qu’elle a Christine Lagarde à sa tête, entend être moteur dans l’accélération de l’égalité femmes/hommes dans et par l’économie.

Le nude du mois : quand Sara Forestier dénonce l’injonction au glamour

No make up, thanks ! En refusant d’être coiffée et maquillée pour apparaître dans un show tv, l’étoile du cinéma français Sara Forestier dont le premier film en tant que réalisatrice vient de sortir sur les écrans a fait plus que créer le buzz : elle a mis les pieds dans le plat de l’injonction au glamour faite aux femmes. « J’adore le maquillage, j’adore la fémi­nité, j’aime les nus, mais j’ai un problème avec l’injonc­tion. Il y a cette injonc­tion à être toujours sexy, glamour. Or, une femme ce n’est pas que ça » a-t-elle déclaré pour justifier ce qui fut regardé comme une attitude négligée par plusieurs commentateurs/commentatrices.

Et de prendre de volée un philosophe médiatique qui entendait lui « mecspliquer » que l’on porte toujours un masque, qu’on soit pomponnée ou que l’on se pense « au naturel » : « Je parlais de la notion de choix. Et d’injonc­tion. Puisque pour vous tout est posture la mienne a le mérite d’avoir été choi­sie. Vous auriez eu meilleur inté­rêt à philo­so­pher sur la notion d’injonc­tion. Car la philo­so­phie peut servir à nous inter­ro­ger sur ce qui est acquis dans l’in­cons­cient collec­tif et qui peut deve­nir une pres­sion ressen­tie parfois. »

La passe d’armes par réseaux sociaux interposés fait écho aux réactions agressives qu’a suscité la publicité d’une grande marque d’équipements sportifs affichant la mannequin et photographe suédoise Arvida Byström le mois dernier. Le problème : elle n’est pas épilée et ça se voit ! Face aux haters qui expriment sans réserve leur dégoût (jusqu’à des menaces de viol et de mort, quand même !) pour cette femme qui déroge à une règle de la féminité lisse et douce du mollet, l’égérie assume. On l’avait déjà vue en 2002 prendre position (et prendre des coups) pour le droit des femmes à vivre leur corps sans honte avec une e-expo sur les menstruations.

Les activistes du mois : un bateau pour la santé des femmes aux droits reproductifs restreints

Créée en 1999, l’ONG néerlandaise WomenOnWaves embarque à son bord les femmes issues de pays qui restreignent leurs droits à la contraception et/ou interdisent l’IVG. Emmenées jusque dans les eaux internationales, ces femmes peuvent bénéficier de soins, de prescriptions et d’interventions en toute sécurité. L’association largue également des pilules contraceptives et abortives par drones dans les zones reculées de certains pays où les femmes rurales sont éloignées de tout accès aux méthodes modernes de contrôles des naissances.

L’unité gynécologique mobile est revenue en une de l’actualité en ce mois de novembre 2017 après l’interdiction de diffusion d’un film consacré à son action dans un établissement d’enseignement supérieur canadien.

Ce n’est pas la première fois que l’organisation fondée par la Dr Rebecca Gomperts se heurte à la censure : sa page facebook a plusieurs fois été suspendue après des campagnes de signalement et elle fait régulièrement l’objet de tentatives d’arrestation par les autorités des pays qui interdisent encore l’avortement.

Le lancement du mois : l’égalité femmes/hommes déclarée grande cause du quinquennat de Macron

Promesse de campagne due, promesse tenue : le Président Emmanuel Macron, en présence de 7 ministres (dont le Premier ministre ; Muriel Pénicaud, Ministre du travail et Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes/hommes) a officiellement déclaré l’égalité entre les genres comme grande cause nationale pour les 5 années à venir.

Après un vibrant discours qui a été notamment marqué par une minute de silence en hommage aux 123 femmes françaises mortes sous les coups d’un conjoint l’année dernière et par la désignation du sexisme comme un « désordre à l’ordre du public » (une première dans l’histoire de la République), le Président a détaillé les points clés de l’action publique qui serait menée dans les mois et années à venir en matière d’égalité femmes/hommes.

Un plan ambitieux, dont certaines mesures font grincer les dents de certain·es (comme la verbalisation du harcèlement de rue, renommé « outrage sexiste », faisant craindre un renforcement sécuritaire pour les un.es et une forme de chaperonnage par la police des femmes dans l’espace public doublé d’un risque de discriminations sociales pour certaines populations selon d’autres) et pose la question des moyens alloués. 423 millions d’euros devraient être attribués à l’action pour l’égalité femmes/hommes en 2018, un budget jugé globalement faible au regard de celui d’autres portefeuilles ministériels (par comparaison, le budget du Ministère de la culture s’élève à 10 milliards) et dont une trop faible portion ira à la lutte directe contre les violences (15% selon les calculs de l’ex-conseillère de Najat Vallaud-Bekacem, Caroline de Haas).

De verts échanges s’en sont suivis sur Twitter entre certaines féministes et les soutiens de la Secrétaire d’Etat, laquelle en a fini par appeler à renoncer aux campagnes politiciennes et systématiques de dénigration ne servant qu’à monter les un·es contre les autres, pour enfin concentrer les énergies sur les actions à conduire.

La révélation contre-intuitive du mois : les femmes préhistoriques n’étaient décidément pas ce qu’on en croit !

Les récentes recherches en paléontologie ne cessent de casser les idées reçues que l’on a sur nos ancêtres et partant, mettent en échec la conviction ordinairement acquise que les écarts de genre procèdent de différences de force physique ayant installé logiquement une répartition sociale des fonctions des femmes et des hommes.

Après l’étude allemande parue en septembre qui tordait le cou à l’image de la femme préhistorique confinée dans sa grotte pendant que les hommes étaient à la chasse en révélant que les ossements de femmes remontant à l’âge du bronze permettait de poser l’hypothèse sérieuse qu’elles étaient au contraire de grandes voyageuses, bien plus nomades que les hommes de leur ère ; voici que paraissent aujourd’hui les résultats des travaux de chercheur·es de l’Université de Cambridge annonçant que les femmes qui vivaient en Europe centrale il y a plus de 7000 ans avaient un corps plus musclé que des athlètes olympiques aujourd’hui.

Réactivant l’hypothèse d’un différentiel de force musculaire entre femmes et hommes imputable à une alimentation différenciée et à un inégal accès aux activités physiques, ces révélations scientifiques mettent de toute façon à mal l’idée selon laquelle le rapport social asymétrique qui fait les inégalités de genre serait une constante historique trouvant sa seule source dans d’essentielles différences biologiques…

 

Marie Donzel, pour le webmagazine EVE