ELLES – Portraits de cheminotes

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Un livre et une expo pour un regard nouveau sur les femmes à la SNCF

 

SNCF, entreprise engagée dans la promotion de la mixité et des diversités, conduit un travail constant de sensibilisation de l’ensemble de ses collaboratrices et collaborateurs aux problématiques fines de l’inclusion.

Parmi de nombreuses initiatives pour faire comprendre les multiples dimensions du sujet et engager le dialogue sur le partage des responsabilités, le blog EVE a repéré l’expo « Portraits de cheminotes« , inaugurée dans les locaux du siège de l’EPIC en 2014, et qui démarre, en ce début d’année, sa tournée dans les établissements de toute la France.

L’expo se prolonge dans un beau livre qui donne à voir le double visage de 25 femmes de tous niveaux de qualification et tous métiers du rail : prises sur le vif au cœur de leur quotidien professionnel, elles dévoilent aussi un aperçu des moments forts de leur vie personnelle.

Pour en parler, nous avons contacté Catherine Woronoff-Argaud, responsable diversités de SNCF, qui a suivi, aux côtés de Christophe Valentie, responsable du département emploi, recrutement et formation à la direction des Ressources humaines de SNCF, la réalisation du projet « Portraits de cheminotes« .

 

 

 

Eve le blog : Bonjour Catherine. Pourquoi avoir choisi ce format d’une expo et d’un livre photo pour parler de la conciliation des temps de vie?

Catherine Woronoff-Argaud : La conciliation des temps de vie est une question au cœur de notre politique mixité et égalité professionnelle, qui s’inscrit elle-même dans notre stratégie diversités comprenant 5 axes (dont l’insertion durable des jeunes, la place des séniors et l’intergénérationnel, l’inclusion des travailleurs handicapés et la lutte contre les discriminations).

SNCF propose de très nombreux métiers, techniques, commerciaux, managériaux, et nous aspirons à une mixité dans toutes nos filières. Montrer que nous avons des femmes dans certains métiers réputés masculins est important, car c’est montrer à d’autres femmes que c’est possible pour elles aussi de faire ces métiers. Qu’au-delà du fait qu’elles sauront bien sûr acquérir les compétences pour les exercer, elles peuvent concilier un travail prenant, impliquant des responsabilités et parfois contraignant en termes d’horaires, avec une vie personnelle.

Cela, nous le disons et nous prenons des engagements pour en faire une réalité, notamment au travers d’accords professionnels. Mais le donner à voir, sous la forme d’images incarnées, c’est aborder la question avec un angle différent tout en exprimant que c’est déjà une réalité.

 

 

Eve le blog : Pourquoi avez-vous choisi la photographe Patricia Lecomte pour réaliser ces portraits de femmes dans leurs « deux vies »?

Catherine Woronoff-Argaud : Christophe Valentie, qui a initié et piloté le projet de « Portraits de Cheminotes« , a eu un vrai coup de cœur pour cette photographe expérimentée qui travaille pour la presse et poursuit un travail personnel centré sur l’humain, aussi bien en tant qu’individu singulier, porteur de son histoire et de son identité, qu’en tant que collectif, traversé par des émotions partagées (elle a notamment photographié de grands mouvements populaires comme la Fête de l’humanité ou le Carnaval de Dunkerque).

La façon dont elle travaille le portrait nous a beaucoup séduit-es : elle raconte toute une histoire, réelle et poétique à la fois, en saisissant un regard, un geste, une attitude. Il y a une forme d’évidence dans ses portraits, qui tout en étant très soignés, respirent la vérité. Pour « Portraits de cheminotes« , elle a proposé une alternance de style entre les photos prises en contexte professionnel, pour lesquelles elle a choisi de littéralement braquer les projecteurs sur les femmes par un effet de contraste dans un décor en clair-obscur ; et les photos prises en situation personnelle, pour lesquelles elle a privilégié un éclairage naturel, qui donne une impression très forte de spontanéité.

 

 

Eve le blog : Ce qui saute aux yeux, en feuilletant « Portraits de cheminotes« , c’est la grande diversité de ces femmes. Diversité d’âge, d’origines, de métiers, mais aussi diversité dans leur vie personnelle. Certaines posent avec leurs enfants, mais d’autres en train de faire du sport, du bricolage, de la méditation, des virées avec leurs ami-es… On est loin du cliché d’une vie personnelle des femmes résumable à la maternité!

Catherine Woronoff-Argaud : C’est vrai… Et ce qui est intéressant, c’est que c’est leur choix. Ce sont elles-mêmes qui, avec la photographe, ont décidé du pan de leur existence personnelle qu’elles avaient envie de livrer. Patricia Lecomte les a invitées à se révéler dans une « activité centrale » de leur vie personnelle. Pour certaines, c’est être avec leurs enfants, qui est « central » quand elles ne sont pas au travail. D’autres se sont fait photographier en train de lire, courir, jouer au foot, faire de la boxe, tenir leur blog, donner un cours dans le supérieur, profiter d’un moment de convivialité avec leurs ami-es. Ca ne veut pas dire que ces femmes-là ne sont pas mères, mais qu’être mère n’est pas toute leur vie personnelle, en ce moment précis de leur existence. Je crois que l’on peut se réjouir qu’elles assument cela, qu’elles osent dire que leurs centres d’intérêts sont multiples et variés.

 

 

Eve le blog : Vous avez justement confié la préface du livre à Marie-Caroline Missir et Louise Tourret, les auteures de « Mères, libérez-vous!« , un enthousiasmant essai pour en finir avec le complexe de la mère indigne…

Catherine Woronoff-Argaud : Oui, ce qu’écrivent Marie-Caroline Missir et Louise Tourret, dans « Mères, libérez-vous! » est effectivement porteur pour sortir de l’idée que l’articulation des temps de vie est une question qui s’adresserait exclusivement aux femmes et que celles-ci devraient être irrémédiablement piégées par la fameuse « double journée ».

Ce qui est intéressant avec leur livre comme avec les photographies de Patricia Lecomte, c’est que l’on ne nie pas cette réalité de la « double journée », dans tout ce qu’elle comporte de contraintes, de difficultés, de culpabilités, mais qu’on ne la traite pas en fatalité, qu’on se donne la possibilité d’autres regards, d’autres modèles… C’est un discours fin et intelligent que Marie-Caroline Missir et Louise Tourret portent de façon très directe, avec beaucoup de pédagogie et d’ouverture d’esprit, sans dogmatisme ni élitisme.

Enfin, nous avons été sensibles, pour les retenir comme préfacières, au fait qu’elles soient journalistes spécialisées dans les questions d’éducation. SNCF est très investie sur ces sujets-là, et la direction de la diversité en particulier (au travers par exemple des Girls’ Day, entre autres actions) a bien la conviction qu’inclusion et éducation sont étroitement liées, que pour faire avancer l’une, il est indispensable de faire progresser l’autre. Donner à connaître, encourager la réflexion, susciter l’ambition et convaincre qu’il est possible pour chacun-e de se réaliser dans un parcours à soi, c’est cela, aussi, le sens de « Portraits de cheminotes« .

 

 

 

Propos recueillis par Marie Donzel, pour le blog EVE.