Egalité pro, leadership partagé : ce qu’il faut retenir de mai 2015

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La revue de web du blog EVE

 

 

Chaque mois, le blog EVE vous propose sa sélection d’actus marquantes, commentées et enrichies de liens actifs vers les sites, blogs et autres plateformes qui font référence sur la toile. Nominations de femmes à des postes à hautes responsabilités, débats vivifiants sur les voies de l’égalité, discours ou actions qui font le buzz, études et rapports qui donnent du grain à moudre, tout est dans la revue du web du blog EVE.

 

 

 

La révélation du mois : l’égalité femmes/hommes serait une « invention » préhistorique!

L’égalité femmes/hommes, une préoccupation post-moderne? Une question socio-culturelle récente qui n’aurait même pas traversé l’esprit de nos ancêtres? Pas si sûr! Un collectif d’historien-nes et d’anthropologues américain-es vient de faire paraître une étude relayée par Science qui pourrait bien faire tomber à jamais le cliché de l’homme des cavernes, brutal et sexiste « par nature », voire traînant sa femme par les cheveux dans la poussière!

Les chercheur-ses, s’appuyant sur des données généalogiques, sur l’étude d’ossements néanderthaliens (révélant notamment des fractures similaires chez les femmes et les hommes, ce qui suggère des activités identiques, notamment celles de la chasse) et sur l’observation de communautés de chasseurs-cueilleurs, émettent l’hypothèse de pré-organisations sociales égalitaires au paléolithique.

Au-delà d’une répartition moins sexiste qu’on le croit des « tâches » chez nos très ancien-nes ascendant-es, l’étude porte l’accent sur les caractéristiques de ces pré-sociétés, constituées de petits groupes auto-gérés, qui auraient rendu l’égalité nécessaire (quand on est peu nombreux-ses, on ne peut se permettre de se priver des compétences de chacun-e) jusqu’à en faire un élément de la survie des individus et du collectif (l’égalité femmes/hommes ayant aussi des effets sur la prévention de la consanguinité et la marche vers « l’évolution », en favorisant notamment le choix des partenaires sexuels).

Selon les auteur-es de l’étude, c’est avec l’apparition de l’agriculture que nait le « principe » social d’inégalité, quand la logique d’accumulation des richesses entraîne la construction de rapports de domination par l’assignation de certain-es à des tâches spécifiques qui les prive de participer activement à la destinée du groupe. Une organisation segmentée et hiérarchisée serait donc au coeur de la dynamique des inégalités. A méditer…

 

 

Le plamarès du mois : qui sont les « femmes les plus puissantes » de la planète en 2015

Forbes vient de faire paraître son traditionnel palmarès des 100 femmes les plus puissantes du monde.

Angela Merkel, indélogeable à la tête du classement depuis 2011, est suivie par Hillary Clinton (qui fait une remontée de 5 places par rapport à l’an dernier, vraisemblablement à la faveur de son entrée en campagne pour la Présidentielle 2016), Melinda Gates, Janet Yellen et Mary Barra.

Dans un article sur Slate.fr, la journaliste Aude Loriaux souligne l’omniprésence des Américaines dans le classement (57 sur 100) et livre un questionnement intéressant : est-ce là le fait d’un prisme américano-centré, régulièrement dénoncé quand paraissent les palmarès de Forbes, mais aussi du Time ou de Fortunes, ou bien le révélateur d’une meilleure capacité des sociétés anglo-saxon-nes à faire émerger des femmes d’influence? Sans doute un peu des deux, ma capitaine, car quand elle compare la proportion d’Américains dans le classement général (comprenant des personnalités des deux sexes, quoique peu de femmes) à la proportion d’Américaines dans le classement strictement féminin, un écart de 29 points se fait jour. Autrement dit, si tous les pays « produisent » toujours moins de femmes influentes que d’hommes influents, l’Amérique pourrait malgré tout être une terre plus prometteuse pour les femmes ambitieuses. A creuser et à discuter.

 

 

L’action anti-sexiste du mois : les journalistes féminines disent « bas les pattes »!

Il y a un peu plus d’un an, les journalistes françaises « prenaient la une » de Libération pour annoncer qu’elles se constituaient en collectif d’action contre les inégalités femmes/hommes dans les médias. Elles reviennent en ce mois de mai 2015, avec une tribune sans langue de bois sur le « sexisme lubrique » dont font l’objet celles qui couvrent l’actu politique.

Dénonçant les agissements d’interlocuteurs masculins, parmi les responsables politiques, qui ne se contentent pas seulement de familiarités déplacées et de potacheries misogynes (déjà détestables), mais se permettent parfois de négocier l’accès à l’information contre des faveurs (parfois jusqu’au harcèlement), ces femmes qui disent « bas les pattes » ont reçu le soutien de nombreux journalistes hommes, ainsi que de plusieurs parlementaires des deux sexes, s’estimant directement ou indirectement victimes de comportements nuisant à la réputation de tou-tes les élu-es et faisant obstacle à des relations professionnelles de qualité.

 

 

Le débat du mois : vers la fin du « rapport de situation comparée » ?

Tollé sur la toile et dans le milieu associatif, politique et syndical, après la publication du projet de loi relatif au dialogue social qui entendait mettre fin à l’obligation pour les entreprises de plus de 50 salarié-es de produire chaque année un « rapport de situation comparée ». Il aura fallu moins de 24 heures au Ministre du Travail François Rebsamen pour faire marche arrière et proposer aux député-es une version amendée du texte qui restaure l’ensemble du dispositif menacé (même si la terminologie « rapport de situation comparée », en tant que telle, disparait).

La polémique aura eu deux mérites : celle de dénoncer un certain flou dans le cadre juridique proposé (effectivement susceptible d’autoriser un certain relâchement des efforts en faveur de l’égalité dans les entreprises) et celle, aussi, d’ouvrir le débat sur l’efficacité du « RSC ».

En effet, celui-ci, créé en 1983 et découlant directement des « lois Roudy » sur l’égalité professionnelle, s’avère dans certains cas un formidable outil stratégique pour piloter d’ambitieuses politiques d’égalité. Mais dans un article des Nouvelles News, la journaliste Claire Aubé, experte des questions d’innovation sociale, souligne qu’il est majoritairement sous-utilisé par les organisations, voire parfois carrément « snobé » par les différents acteurs de la vie de l’entreprise (dirigeant-es comme partenaires sociaux).

Est-ce à dire que les outils qui ont vocation à porter le changement doivent aussi savoir eux-mêmes se réinventer, pour être plus pertinents, plus efficaces, plus en phase avec les contextes qu’ils participent à transformer?

 

 

L’étude « stéréotype » du mois : non, les femmes ne préfèrent pas le rose!

Le marketing répond, dit-on, aux « attentes » des consommateurs et consommatrices, leur offrant les produits qui correspondent à leurs désirs sondés. C’est en tout cas ce qui assoit les dogmes du marketing genré, rose pour les filles, bleu pour les garçons, et cela dès le rayon puériculture de nos boutiques.

Sauf que… Les femmes n’ont aucune préférence marquée pour les couleurs de bonbonnière et se disent au contraire globalement plus attirées par les teintes de bleu, révèle une méta-étude de l’institut britannique YouGov, portant sur 10 pays des 5 continents. Et pourtant, cette même consultation établit que 35% des femmes et 40% des hommes choisissent une peinture et un mobilier roses pour la chambre de leur petite fille à naître!

Une mauvaise et une bonne nouvelle dans ce résultat : la mauvaise, c’est que nous sommes visiblement prêt-es à aller contre nos goûts intimes pour nous conformer aux stéréotypes de genre ; la bonne, c’est qu’apparemment, ces stéréotypes ne modifient pas nos goûts en profondeur car même celles qui ont été pouponnées dans le carné persistent à préférer, en leur for intérieur, d’autres coloris que celui qui leur a été imposé.

Une leçon à retenir, donc : en matière de couleur comme du reste, affirmons ce que nous aimons et voulons vraiment, sans céder aux injonctions sexistes!

 

 

La « Matilda » du mois : Google  rend hommage à Nellie Bly

Le 5 mai 2015, Google a rhabillé sa page d’accueil d’un doodle qui nous a particulièrement touché-es. Car c’est à Nellie Bly, dont on célébrait le 151è anniversaire de la naissance ce jour-là, que le moteur de recherche rendait hommage. Luttant à sa façon contre l’effet Matilda, Google a remis en lumière une femme exemplaire que le récit officiel de l’histoire a pourtant laissé dans ses marges : Nellie Bly, ce n’est jamais que la pionnière du journalisme d’investigation, une femme qui a initié la pratique du reportage en immersion et celle de l’enquête « clandestine » pour révéler au monde des vérités cachées… Et souvent dérangeantes, notamment sur la condition des femmes et des populations ouvrières.

Une grande professionnelle, doublée d’une femme de courage, audacieuse et déterminée, résistante aux intimidations et toute sa vie guidée par une empathique curiosité. Au lendemain de sa mort, en 1922, la presse a réservé ses gros titres à la « meilleure journaliste d’Amérique ». 93 ans après, le leader de l’information à l’ère digitalisée met en scène son histoire passionnante dans une infographie animée, au rythme d’une composition originale du groupe heavy rock Yeah Yeah Yeahs.

 

 

 

Actualités sélectionnées et commentées par Marie Donzel, pour le blog EVE.