Les femmes dirigeantes ont-elles une bonne image ?

Eve, Le Blog Dernières contributions, Egalité professionnelle

L’organisation Women Initiative Foundation (WIF), qui promeut les femmes dans le monde de l’entreprise et l’économie en général, vient de faire paraître une grande étude européenne sur les stéréotypes et la perception de la mixité dans les grands groupes. 2400 managers et cadres, femmes et hommes, ont été interrogé·e·s dans 4 entreprises partenaires (L’Oréal – Ndlr : Partenaire du Programme EVE — , BNP, ENGIE et ORACLE) en France, Allemagne et Italie. Voici les grands enseignements de cette étude.

Stéréotypes sur les femmes dirigeantes : l’imagerie de la « reine des abeilles » a la carapace épaisse

L’étude WIF révèle une certaine homogénéité dans la population managériale européenne pour ce qui concerne les stéréotypes associés aux femmes ayant atteint un haut niveau de responsabilité. Perçue comme carriériste, peu à l’écoute et volontiers autoritaire, la « femme de pouvoir » dite « masculinisée » (voire « pire qu’un homme ») reste un modèle repoussoir.

L’imagerie de la reine des abeilles a la carapace épaisse et diffuse un vilain venin paralysant l’ambition des femmes : si pour conquérir le pouvoir, il faut sacrifier ses qualités humaines, autant s’en tenir à un destin plus modeste. Les stéréotypes dépréciatifs qui persistent à entacher la vision du leadership féminin constituent donc un puissant agent d’autocensure.

Les hommes de pouvoir n’échappent pas non plus aux stéréotypes négatifs (sauf en France où les dirigeants bénéficient d’une indulgence inversement proportionnelle à la sévérité du regard porté sur leurs collègues dirigeantes), mais rien n’est attendu de mieux de la part d’un homme de pouvoir qu’une arrivisme sans partage, des tentations autoritaires et un faible niveau d’empathie. C’est donc toute la vision collective du leadership qui doit gagner à muter, pour permettre à chacun·e d’y projeter ses ambitions sans sacrifier ses valeurs… et sa réputation !

Perception de la mixité : vers la convergence des attentes des femmes et celles des hommes

L’étude WIF instruit les bénéfices perçus de la mixité par les cadres et managers européens. Au premier rang de ces effets positifs, les sondé·e·s citent la mise à l’agenda de la question de l’articulation des temps de vie par laquelle 80% des femmes et des hommes se sentent concerné·e·s. Les deux genres expriment un même besoin de voir leur travail prendre moins de place dans leur vie et d’équilibrer plus harmonieusement vie professionnelle et vie familiale.

Pour les hommes européens, l’affaire est entendue : ce sont les contraintes familiales et l’insuffisance des dispositifs de conciliation des temps de vie qui expliquent la permanence du plafond de verre. Les femmes européennes confirment que la conciliation vie pro/vie perso reste un vrai « serpent de mère » mais toutes les causes des inégalités professionnelles ne sont pas là : elles invoquent l’obligation informelle de faire davantage leurs preuves que les hommes pour accéder à un même niveau de responsabilités, dénoncent les inégalités de rémunération qui freinent leur pleine autonomisation et regrettent la rareté de rôles modèles féminins susceptibles d’inspirer leur ambition et de leur faire la courte échelle.

Marie Donzel, pour le webmagazine EVE