Face au coronavirus, les mesures efficaces des femmes dirigeantes

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La performance des pays dirigés par des femmes face à la crise du Covid-19 a été un sujet de débat ces dernières semaines. Plusieurs articles parus dans la presse saluent les mesures appliquées par certains États dans la lutte contre le coronavirus, comme l’Allemagne, la Finlande ou Taiwan. Voici quelques-unes de ces décisions gouvernementales qui se sont avérées efficaces pour contenir l’épidémie au niveau national.

La tribune du The Guardian « The Week in Patriarchy », écrite par Arwa Mahdawi, a publié le 11 avril un texte ayant un titre séduisant : « L’arme secrète contre le coronavirus : les femmes ». L’article s’appuie sur les actions pour faire face à la crise sanitaire mises en place dans des pays dirigés par des femmes. À commencer par un voisin de la Chine : Taiwan, où l’avocate Tsai Ing-Wen est présidente depuis 2016.

Taiwan a su répondre de façon rapide à la crise qui semblait imminente en implémentant 124 mesures pour contenir la propagation et empêcher une saturation des hôpitaux, tandis que les autres dirigeant·e·s hésitaient encore à mettre en œuvre un plan d’actions. Le pays asiatique a très vite fermé ses frontières, interdit les croisières d’accoster, imposé le confinement et renforcé la production de masques de protection. Il ne faut pas oublier que Taiwan a appris de ses erreurs : en 2003, ce territoire avait été l’un des plus touché par l’épidémie de SRAS.

Du côté de la Nouvelle Zélande, ce sont la prévoyance et la transparence de la Première ministre Jacinda Ardern qui ressortent. Alors que le déni a pu retarder l’application des mesures sanitaires nécessaires pour faire face à la crise dans plusieurs pays, Jacinda Ardern a très tôt recommandé une période de distanciation sociale pour éviter la propagation du virus. Une décision qui exige bien évidemment un discours clair à la population (en France, par exemple, le président Emmanuel Macron n’a pas employé le mot « confinement » dans son allocution du 16 mars).

Le moyen utilisé par la dirigeante néo-zélandaise pour diffuser l’information doit aussi être pris en compte dans l’analyse : elle a choisi l’outil Facebook Live pour parler avec les citoyen·ne·s, dans une tonalité plutôt empathique : « J’ai eu l’idée de venir ici brièvement pour savoir comment vous allez… ». La Nouvelle Zélande est cependant une île, ce qui n’est pas sans présenter un avantage quand il faut faire face à une épidémie, rappelle la Arwa Mahdawi, dans son article.

L’Allemagne, qui n’a rien d’une île, a été frappée par l’apparition du coronavirus, comme beaucoup de ses voisins européens, mais le pays maintient un seuil de mortalité exceptionnellement bas par rapport à l’Italie, l’Espagne ou la France. Et ce, grâce aux mesures sanitaires telles que la mise à disposition des tests dès le début des contaminations et un large nombre de lits dans les hôpitaux. Encore une fois, la transparence était au rendez-vous : le 11 mars, la chancelière allemande Angela Merkel a averti que le virus pourrait contaminer jusqu’à 70% de la population.

Finalement, la Première ministre finlandaise Sanna Marin a apporté de l’innovation dans la communication sur la prévention en employant les méthodes les plus susceptibles d’atteindre la nouvelle génération : les réseaux sociaux. Le gouvernement  a fait appel aux influenceurs et influenceuses pour faire passer le message : restez-chez vous pour le bien commun de la population !

Ces mesures efficaces contre le coronavirus doivent être reconnues et servir d’exemple de bonnes actions face à une crise sanitaire. Cependant, comme plusieurs articles l’ont pointé, il est important de ne pas tomber dans le piège de l’essentialisme, c’est-à-dire croire que ces dirigeantes réussissent tout simplement parce que ce sont des femmes au pouvoir. Il ne s’agit pas d’une causalité, mais plutôt d’une corrélation. Il vaudrait mieux, comme le conseille l’économiste Hélève Périvier, mettre en valeur le fait que les sociétés plus égalitaires, dans lesquelles toutes les personnes ont les mêmes opportunités, sont souvent gouvernées par des leaders compétent·e·s, femmes ou hommes, ayant été élu·e·s grâce à leur expertise et leur parcours.