Leadership au féminin : ce qu’on retiendra de mai 2014

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La revue de web du blog EVE

 

Le blog EVE est résolument connecté. Quotidiennement, il partage sur son fil Twitter toute l’actu de l’égalité professionnelle, de la mixité en entreprises et du leadership au féminin…

Une fois par mois, il prend le temps du recul pour mettre en perspective les informations saillantes des semaines écoulées. C’est la revue de web, l’un de vos rendez-vous préférés sur le blog EVE.

Sans plus attendre, voici celle de mai 2014.

 

 

Le rapport du mois : « Paternité et maternité au travail dans le monde »

L’Organisation Internationale du Travail a rendu public le 13 mai dernier un rapport d’étude comparée portant sur les politiques publiques d’accompagnement à la parentalité dans 185 pays du monde.

Il en ressort pour commencer que 66 nations seulement sont aujourd’hui signataires des accords internationaux relatifs à la protection de la maternité.

Dans 53% des pays, la législation suit la préconisation de l’OIT d’un congé maternité d’au moins 14 semaines. Mais 830 millions de travailleuses dans le monde ne bénéficient pas d’une protection légale suffisante au moment de la naissance d’un enfant.

Toutefois, un progrès notable est à observer : dans 46% des pays étudiés, un dispositif de congé paternité a été mis en place, le plus souvent assorti d’une rémunération.

Dans l’ensemble, le rapport de l’agence de l’ONU dédiée aux questions de travail, salue une dynamique de progrès à l’échelle globale, mais attire l’attention sur l’accroissement des écarts entre les différentes régions du monde et encourage, pour renforcer la protection de la parentalité au travail, de la rendre moins dépendante des fluctuations économiques en privilégiant notamment un financement équilibré, mieux partagé entre employeurs et pouvoirs publics.

 

 

Les pionnières du mois : Helena Costa, Stéphanie Frappart et Kristin Lund

La féminisation des responsabilités est en marche… Mais il reste encore de nombreux secteurs et filières où aucune femme n’a jusqu’ici jamais accédé à de hautes fonctions. Aussi, quand des forteresses de la gouvernance 100% masculine commencent à se fissurer, ça mérité d’être noté. A ce titre, on aura vu ce mois-ci, trois personnalités devenir des « premières femmes à » : devenir entraîneure d’un club de foot pro masculin, arbitre centrale en ligue 2 et générale de division à la tête d’une force de l’ONU.

Les nominations des deux premières, Helena Costa et Stéphanie Frappart, témoignent d’une volonté manifeste des instances du football de s’ouvrir à la mixité en entreprenant de faire tomber les barrières qui séparent le sport masculin du sport féminin (qui a gagné en popularité ces dernières années, mais demeure sous-sponsorisé et sous-médiatisé). Un bon début…

Quant à la désignation de Kristin Lund par Ban Ki-Moon à un poste de commandant de force dans une opération de maintien de la paix des Nations Unies, c’est à la fois le signe d’une tendance globale à l’ouverture des carrières militaires aux femmes depuis quelques années à l’oeuvre dans de nombreux pays du monde (la Norvège, dont est ressortissante Kristin Lund marquant une avance en la matière) et celui d’une intention clairement affichée de l’ONU de faire de la question de l’égalité un sujet transverse de l’ensemble de son action, à travers toutes les unités de son organisation et toutes les questions d’ordre économiques, sociales, politiques, diplomatiques et culturelles qui l’intéressent.

 

Lire aussi :

– Notre portrait de Nicole Abar, ancienne internationale de football.

– Notre entretien avec Marianne Gazeau, initiatrice du projet « Mêmes Rêves de foot »

– Notre entretien avec Fabienne Broucaret, journaliste sportive, auteure de Sport féminin : le dernier bastion du sexisme?

 

La déception du mois : la mixité pourrait régresser au sein du Parlement européen

Alors que la féminisation du Parlement européen n’allait que croissante depuis 1989 (passant de 16 à 35% sur la période), les élections du 25 mai 2014 pourraient aboutir à une stagnation, voire une régression de la part des femmes parmi les eurodéputé-es.

En attendant la constitution définitive du Parlement lors de la session du 1er juillet, divers-es commentatrices et commentateurs notent déjà que plusieurs délégations nationales comprendront moins de femmes pour le mandat 2014-2019 que lors de la période 2009-2014.

C’est notamment le cas pour celle la France qui perd (au moins) deux élues (sous réserve de nouvelles démissions, après celles d’une élue de l’Ouest) et verrait ainsi son pourcentage de femmes parmi ses représentant-es à Bruxelles tomber de 44,4% à 43%. Principalement en cause dans ce recul, analysent les Nouvelles News, la raréfaction des têtes de liste féminines proposées par les grands partis.

 

 

L’avancée du mois : la féminisation des directions de Radio France est en marche

De bonnes nouvelles nous parviennent du premier groupe radiophonique français dont nous interviewions récemment la directrice générale déléguée, Catherine Sueur : dans le cadre de la réorganisation de la Maison Ronde, trois femmes prennent la direction de chaînes.

Laurence Bloch arrive ainsi à la tête de France Inter (une première pour l’antenne qui réalise les plus fortes audiences du groupe), Marie-Pierre de Surville à celle de France Musique et Anne Sérode aux commandes de FIP. La promesse faite par le nouveau PDG Mathieu Gallet de nommer au moins deux femmes directrices dès les premiers jours de son mandat est donc tenue.

L’homme de média qui affirmait il y a quelques jours dans un entretien au journal Le Monde, venir avec « un projet d’entreprise et pas seulement un projet de radio » entend apparemment faire évoluer la culture du management dans le groupe au travers d’une « politique de ressources humaines qui favorisera la diversité, le mélange des cultures, des origines et des compétences. La parité entre les femmes et les hommes sera un objectif partagé dans l’entreprise, à tous les niveaux de la hiérarchie et dans l’ensemble des métiers. »

 

Lire aussi : 

– Notre billet consacré à l’initiative « Prenons la Une » des femmes de média

– Notre article sur le Guide des Expertes

 

 

Le débat du mois : pour ou contre le « congé menstruel »?

En faisant paraître le 16 mai dernier un article intitulé « Should paid menstrual leave be a thing«  sur le site de The Atlantic, l’essayiste américaine Emily Matchar a littéralement jeté un pavé dans la mare.

Notant qu’un congé menstruel est accordé aux japonaises depuis 1947, aux sud-coréennes depuis 2001, aux taiwanaises depuis 2013 et qu’il existe aussi en Indonésie (où il n’est cependant pas respecté), elle suggère l’instauration d’une mesure équivalente dans le droit du travail de son pays. Des propos qui ont ému la presse et la blogosphère anglo-saxonnes, divisant immédiatement les « pro-menstrual leave » et les « anti ».

Les premier-es évoquent le déni social qui entoure la santé et la sexualité féminines, entretenant la gêne que ressentent les femmes quand ce qui concerne le fonctionnement normal de leur corps reste tabou. Plus pragmatiquement, ils et elles arguent de baisses de productivité imputables à la fatigue et aux douleurs cachées mais faussement attribuées à d’autres paramètres susceptibles d’influer sur la performance.

Les second-es considèrent le « congé menstruel » comme une disposition proprement stigmatisante qui viendrait conforter les stéréotypes sexistes les plus scabreux et nourrirait les préjugés populaires sur un prétendu « sexe faible » à qui sa condition physique interdirait de prétendre à pratiquer certaines activités… Dont celle de femme active sur qui l’on peut compter et miser. La mesure d’apparente bienveillance à l’égard des femmes serait alors contre-productive pour l’égalité professionnelle.

Le débat se poursuit, par tribunes interposées, qui dans Forbes, qui sur le Huffington Post, qui sur Slate

 

Et vous, quelles actualités marquantes retiendrez-vous de ce mois de mai 2014?

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE