Leadership au féminin : ce qu’on retiendra de juin 2014

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La revue de web du blog EVE

 

 

 

Le blog EVE est résolument connecté. Quotidiennement, il partage sur son fil Twitter toute l’actu de l’égalité professionnelle, de la mixité en entreprises et du leadership au féminin…

Une fois par mois, il prend le temps du recul pour mettre en perspective les informations saillantes des semaines écoulées. C’est la revue de web, l’un de vos rendez-vous préférés sur le blog EVE.

Sans plus attendre, voici celle de juin 2014.

 

 

L’étude prospective du mois : la femme est-elle l’avenir du boss-model?

D’ici à 2040, 30% des CEO des grandes entreprises internationales seront des femmes, selon la récente étude prospective PwC parue sur le site Strategy&.

Vu d’où l’on part (actuellement aucune femme PDG au CAC 40, par exemple), la projection des rapporteur-es de l’étude est encourageante. Mais elle n’est pas sans mettre en évidence une forme de perpétuation des inégalités, notamment dans la capacité des unes et des autres à « transformer » leur potentiel de départ en accès réel aux plus hautes responsabilités. En effet, la population étudiante américaine se compose aujourd’hui de 60% de femmes vs 40% d’hommes au niveau « bachelor ». Au niveau MBA, la tendance est déjà strictement inversée (40% de femmes pour 60% d’hommes) et si on se projette dans les 25 ans à venir, une déperdition de 10 points de féminisation de l’élite serait à constater sinon déplorer.

Par-delà cette nuance à apporter à une optimiste perspective de féminisation des directions générales, les consultant-es de PwC s’attachent à démontrer que cette évolution devrait aller de pair avec une nouvelle vision du « boss-model », et avec elle du « business-model » tout entier des plus grandes organisations. Le métier de dirigeant-e serait en train de changer (pour s’éloigner de la figure de « Président » à l’image d’un chef du commandement et se rapprocher, dit l’étude, du rôle de « chancelier » d’université, garant des valeurs fondamentales d’une institution). Cette mutation culturelle, favorable à la mixité, serait portée par de nouvelles exigences à l’endroit du leadership, comme la qualité d’écoute, le sens oratoire, l’esprit de transparence et l’agilité face aux situations multiples et rapidement changeantes.

 

 

La charte du mois : monoparentalité et travail

Dans le prolongement de leurs actions en faveur d’une articulation équilibrée des temps de vie de leurs collaborateurs et collaboratrices, 22 grandes organisations françaises (dont notre partenaire L’Oréal) ont signé, au début du mois de juin, la charte de la monoparentalité proposée par la Fondation K d’urgences créée par Christine Kelly. Parce que 85% de la monoparentalité concerne aujourd’hui les femmes, c’est bien un nouvel engagement de promotion de l’égalité professionnelle réelle qu’ont pris ces entreprises en même temps qu’elles ont confirmé leur attachement à l’égalité des chances et à la mixité sociale.

Portant sur l’accès à l’emploi, mais aussi l’aménagement des conditions de travail et l’aide concrète à la garde d’enfants, la Charte prévoit un dispositif d’évaluation des engagements et des résultats tous les deux ans.

 

 

La polémique du mois : le Global Summit of Women a-t-il vu la parole des femmes confisquée?

Le 24ème Global Summit of Women s’est tenu à Paris du 5 au 7 juin 2014. Modérément médiatisé, l’événement a malgré tout fait parler de lui à la faveur d’un mouvement spontané sur les réseaux sociaux dénonçant, photo d’une table ronde 100% masculine à l’appui, une prétendue confiscation de la parole sur la situation des femmes par les hommes.

A contre-courant des réactions indignées fleurissant sur la toile, les Nouvelles News ont dénoncé là un faux procès et tenu pour cela, à remettre l’image en contexte : celle-ci montrait bien six hommes et aucune femme à la tribune… Mais au cours d’une discussion annoncée sur l’engagement des dirigeants masculins en faveur de l’égalité femmes/hommes. Autrement dit, la parole n’a pas été confisquée par les hommes, mais elle leur a été donnée, légitimement et de façon parfaitement pertinente, au cours d’un événement rassemblant plus de 1000 personnalités féminines du monde politique et des affaires.

Et la rédaction des Nouvelles News, avec Slate.com, de rappeler que l’égalité est bien l’affaire de tous et toutes… et non d’un entre-soi féminin qui s’affirmerait contre l’entre-soi traditionnellement masculin en refusant de part et d’autre le principe de mixité.

 

 

La campagne en débat du mois : Barbie entrepreneure et ses marraines vont-elles briser le plafond de PVC?

La très populaire poupée mannequin créée en 1959 revêt à partir de ce mois-ci son tailleur d’entrepreneure! Barbie femme d’affaires, ce n’est pas exactement une première : déjà en 1963, une « executive dolly » avait été lancée et à de plusieurs reprises dans son histoire, la marque a ensuite habillé (ou déguisé?) la figurine en business woman.

Ce qui fait le buzz, c’est que pour son lancement, Barbie Entrepreneure s’entoure, cette fois-ci, de huit marraines « in real life »... Et pas n’importe lesquelles : de glorieuses créatrices d’entreprise qui non seulement ont su se faire une place parmi les grand-es du monde économique mais encore ont choisi de s’engager officiellement en faveur du leadership féminin. Ainsi, parmi les « soutiens » officiels de Barbie Entrepreneure, on trouve une Reshma Saujani, fondatrice de Girls Who Code, très vivant collectif américain de promotion de la mixité dans le digital ou une Deborah Jackson, à la tête de Plum Alley, plateforme de sponsoring à destination des femmes d’innovation.

Une telle campagne de lancement n’a pas été sans causer de remous outre-atlantique : tandis que certain-es ont dénoncé une contradiction difficilement dépassable entre la valorisation d’une silhouette archi-stéréotypée et la promotion de l’empowerment des femmes, la tribuniste de The Examiner Christine Parizo s’étonnait déjà il y a plusieurs semaines qu’il faille à Barbie de sexys atours (robe moulante et talons hauts) pour lever des fonds et, de façon plus générale, que l’on s’en tienne à une vision aussi caricaturale de la figure de la business woman. D’autres encore sont allé-es fouiller dans le petit manuel d’utilisation de la nouvelle Barbie proposé par la marque et ont noté que l’invitation aux fillettes à s’imaginer en créatrices d’entreprise les renvoie à des projets d’une ambition toute relative, entre gardiennage de toutous et fabrication de bracelets fantaisies…

 

 

La mauvaise excuse du mois : Un personnage féminin dans mon jeu vidéo? J’ai pas pu, j’avais trop de boulot!

Plus d’un an après le big buzz lancé par la gameuse Mar_Lard autour du sexisme dans l’univers du jeu vidéo, voilà Ubisoft, leader du marché francophone à nouveau épinglé pour défaut de féminisation de ses personnages dans la dernière mouture d’Assassin’s Creed (jeu pour lequel l’entreprise revendique 30 à 35 millions de joueurs et joueuses de par le monde).

Interpelée sur ce point dans la presse et sur les réseaux sociaux dès les premières heures du lancement, la marque s’est défendue en arguant de contraintes techniques majeures et du surcroît de travail inabsorbable par ses équipes qu’auraient constitué la création d’un personnage féminin. Twittos et blogosphère ont ri (jaune) de cette excuse pour le moins baclée tandis qu’on rappelait ici et là les conclusions d’une étude de l’Enertainment Software Association qui révélait que 40 à 45% des gameurs sont des gameuses!

 

 

 

Et vous, quelles actualités retiendrez-vous de juin 2014?

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE