Partout dans le monde, les femmes travaillent plus que les hommes

Eve, Le Blog Dernières contributions, Egalité professionnelle

Les résultats d’une récente étude produite par l’ONG brésilienne Promundo pour la campagne mondiale MenCare sur 75 pays établissent qu’en cumulant le travail rémunéré et non rémunéré, les femmes passent en moyenne 45 minutes de plus par jour que les hommes à travailler. Soit 6 semaines de travail en plus par an… et 5,5 ans de labeur supplémentaires passé la cinquantaine !

Au temps pour elles !

À en croire les auteur·e·s de l’étude, qui militent pour promouvoir un partage équitable des charges de travail entre hommes et femmes, le problème procède surtout de l’inégale répartition du travail non rémunéré. Le soin apporté (aux enfants, mais pas seulement !) et les tâches domestiques seraient ainsi au cœur des inégalités de genre. Et pour cause : il n’existe pas un pays où la contribution des hommes en la matière surpasse celle des femmes.

Certes, ces messieurs participent de plus en plus, mais les inégalités persistent. En moyenne, c’est donc 3 fois plus de temps passé chaque jour pour ces dames à changer les couches et à faire les poussières. L’Asie du Sud et le Moyen-Orient présentent à ce titre les écarts les plus criants, avec jusqu’à 6,5 fois plus de travail non rémunéré que les hommes. Au-delà des différences culturelles, la pauvreté relative des pays impacte lourdement ce constat d’inégalité.

Et pendant ce temps là …

Le hic, rapporte l’étude, c’est que la société valorise le travail rémunéré : en termes d’argent, mais aussi de statut social et de respect… Pour mieux dévaloriser le travail ménager, qui « enferme » à la sphère domestique et limite les contacts sociaux.

Pourtant, TOUT le monde bénéficierait à une meilleure répartition des tâches de travail, notamment domestiques :

  • Pour les femmes, cela va de soi, c’est moins de charge mentale. Comme le signalait déjà la première édition de cette étude en 2015, cela améliore significativement leur santé, à la fois physique et psychique et participe à leur émancipation économique, sociale et politique.
  • Les bénéfices pour les enfants d’avoir deux parents impliqués n’est pas non plus des moindres, que ce soit sur le plan physique, cognitif, émotionnel ou encore social. En outre, cela contribue à intégrer l’égalité femmes-hommes dès l’âge le plus tendre.
  • Les pères ensuite, peuvent aussi trouver un certain plaisir éducationnel, développer des liens extra-professionnels et se débarrasser des constructions de ce que devrait être la masculinité. C’est donc aussi « tout bénef » pour leur santé physique et mentale.
  • Et la société dans tout ça ? D’après un rapport de McKinsey publié en 2015, une répartition équitable entre les hommes et les femmes sur le marché du travail pourrait rapporter 12 mille milliards de dollars supplémentaires à la croissance mondiale d’ici 2025.

Place à l’action !

Et s’il était temps de passer à l’action ? Car si le changement est souhaitable, il est aussi souhaité : même dans les régions du monde où l’implication des hommes est limitée en matière de « care », plus de la moitié de ces derniers déclarent passer un temps insuffisant avec leurs enfants à cause du travail. Alors, qu’est-ce qu’on fait pour atteindre l’égalité ?

Toutes les mesures à même d’encourager les hommes et les femmes à se percevoir à la fois comme une personne pourvoyeuse de « care » et comme une ressource financière sont bonnes à prendre. Les auteur·e·s de l’étude citent par exemple le Kenya, qui a inscrit en 2010 dans sa Constitution le principe de responsabilité partagée des parents dans le soin à apporter à leurs enfants. L’égale répartition des congés payés peut aussi être posé dans les priorités, pour ne pas décourager les mères à prendre part à l’effort du travail rémunéré.

Ainsi peut-être n’auront nous pas à attendre encore 75 ans, comme le prédit l’OIT, pour atteindre l’égalité salariale ! Paraîtrait-il que le temps, c’est de l’argent…

Valentine Poisson pour le webmagazine EVE