Egalité professionnelle, leadership au féminin : la retrospective 2015

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Une revue de web exceptionnelle qui revient sur les temps forts de l’actu égalité pro et leadership partagé de toute une année.

 

 

Janvier 2015 : Lancement de l’initiative Impact 10x10x10

Dans la continuité du programme HeForShe destiné à engager les hommes dans le combat en faveur de l’égalité, l’Ambassadrice d’ONU Femmes Emma Watson a présenté en janvier 2015 l’initiative 10x10x10 destinée à démultiplier l’action en engageant non plus seulement des individus de bonne volonté mais aussi des organisations, ONG, entreprises, universités et institutions.

 

Lire aussi : notre entretien avec Veranita Yosephine, Sales Development Director Danone Aqua Indonesia et co-pilote de l’action He For She action en Indonésie

 

 

 

 

Février 2015 : Christine Lagarde dénonce une « insidieuse conspiration » contre le travail des femmes

90% des pays du monde ont au moins une restriction juridique à la liberté de travailler des femmes : ici, l’obligation de présenter l’autorisation d’un père ou d’un mari pour prendre un emploi ; là, l’interdiction de contracter un prêt en leur nom ; là encore, des exclusions à l’accès à certaines formations et/ou professions… Sans parler des systèmes de protection sociale qui ne prévoient aucun congé maternité!

Ca suffit, tape du poing sur la table Christine Lagarde, après la publication d’une étude du FMI faisant le constat d’un pur et simple défaut de « fair play » sur le terrain du travail!

Que cesse cette « insidieuse conspiration » qui fait sournoisement frein, dans les faits, à l’empowerment et au leadership des femmes

 

Lire aussi : notre entretien avec Frédérique Bedos (intervenante au Programme EVE) réalisatrice du film Des femmes et des hommes qui met en évidence toutes les asymétries de traitement dont sont encore victimes les femmes, en 2015, partout dans le monde.

 

 

Mars 2015 : Susan Sarandon s’engage pour qu’une femme figure (enfin) sur le « 20 box »

L’Angleterre a eu dès 1684 sa Brittania sur le billet d’un livre et aura à partir de 2017 un portrait de Jane Austen sur la coupure de 10, la France a connu une révolutionnaire Marianne sur son mythique Delacroix, l’Allemagne une Bettina von Armin sur le billet de 20 Mark, l’Italie a fait imprimer le portrait de Maria Montessori sur ses devises, Israël a figuré Golda Meir sur le billet de 10 shekels… Mais jamais encore le dollar américain n’a été à l’effigie d’une femme.

L’ONG Women on 20s a décidé qu’il était temps que ça change et fait pression sur les autorités pour qu’une grande figure féminine de l’histoire américaine (Rosa Parks, Eleanor Roosevelt ou, entre autres propositions, Frances Perkins) prenne juste place sur le « 20 box ». L’initiative a reçu le soutien de plusieurs stars dont l’actrice très engagée Susan Sarandon.

Et elle a eu gain de cause trois mois après : Harriet Tubman, esclave devenue militante des droits des femmes figurera prochainement sur une coupure américaine, celle de 10 (et non de 20, comme demandé, mais on va pas chipoter).

 

Lire aussi : notre concept à la loupe « L’effet Matilda » pour comprendre les phénomènes d’invisibilisation des femmes exemplaires dans la mémoire collective

 

 

Avril 2015 : Ellen Pao lance un pavé dans la Valley avec la suppression des négociations salariales, pour ne pas défavoriser les femmes

CEO par interim du groupe Reddit, Ellen Pao a provoqué un grand débat dans la Sillicon Valley et bien au-delà en annonçant la suppression des négociations salariales à l’embauche dans son entreprise.

Le constat étant dressé que les femmes ont fâcheusement tendance à sous-estimer leur valeur sur le marché du travail et les employeurs à ne pas s’en inquiéter et moins encore s’en plaindre, celle qui est autant une militante de l’égalité qu’une business woman surdouée a décidé de mettre les DRH au défi d’imaginer d’autres façons que la classique négo « bras de fer » pour déterminer le juste salaire d’un collaborateur ou d’une collaboratrice.

Saluée par certain.es (dont un collectif de femmes de la Valley qui ont payé une page de pub dans un mag économique californien pour lui dire merci), l’initiative a aussi suscité de vives critiques : d’aucun.es y ont notamment vu un fond de condescendance à l’endroit des femmes, dont on prendrait acte des failles sans les encourager à se dépasser.

 

Lire aussi : notre entretien avec Jean-Edouard Grésy et Ricardo Pérez-Nuckel, co-fondateurs d’AlterNego (intervenants au Programme EVE), experts en science et art de la négociation.

 

 

Mai 2015 : La campagne « Support Women Film Makers » s’invite au Festival de Cannes

Depuis plusieurs années épinglé pour l’insuffisante représentation des réalisatrices dans la sélection des films en compétition et un traitement globalement assez sexiste des femmes de cinéma (là pour « montrer leurs bobines » plus que pour faire valoir leur travail, ainsi que le dénonçait une mémorable tribune de 2012 co-signée par Fanny Cottençon, Virginie Despentes et Coline Serreau), le festival de Cannes peine encore à repenser ses façons d’apprécier la qualité d’une oeuvre pour inclure aussi le cinéma féminin dans son process de sélection et de reconnaissance.

Pour l’y aider un peu, le collectif Women in Hollywood, associé à plusieurs associations, s’est invité sur le tapis rouge pour lancer sa campagne de lobbying « Support Women film Makers ». Une initiative pas si mal accuillie qui a vu le hashtag #SeeHerNow prendre place dans les top trends de Twitter en quelques heures, tandis que le directeur du festival Thierry Frémeaux, soutenait cette année activement le programme « Women in Motion » lancé par Kering pour stimuler la création cinématographique au féminin.

 

Lire aussi : Notre coup de coeur pour le film « Les suffragettes », premier long-métrage de l’histoire du cinéma consacré au mouvement pour les droits politiques des femmes parti d’Angleterre en 1903.

 

 

Juin 2015 : Andy Murray fait de la terre battue de Roland-Garros une tribune anti-sexiste

Que fait le 2è meilleur joueur mondial de tennis à la veille de la demi-finale de Rolland-Garros? Quand c’est Andy Murray, il publie sur son blog une tribune qui envoie une fichue vollée au sexisme dans le sport.

En forme d’hommage à sa super coach Amélie Mauresmo à laquelle il attribue une large part de sa remontée de 5 places dans le classement ATP, son texte dit le sérieux agacement de s’entendre répéter incessamment qu’il a eu « le courage » de prendre une femme pour entraîneure : « C’est elle qui est courageuse. Car elle reçoit tous les coups. Sa compétence est toujours remise en cause. La chose la plus stupéfiante est qu’elle est elle-même pointée du doigt à chacune de mes défaites, ce qui n’est jamais arrivé à mes coachs précédents« . Ca, c’est un vrai champion!

 

Lire aussi : notre entretien avec Brigitte Grésy : « Il faut appeler le sexisme par son nom »

 

 

Juillet 2015 : Records d’audience pour les retransmissions TV du mondial de foot féminin

Qui a dit que le foot féminin n’intéressait pas les spectateurs et spectatrices?

Non seulement, le mondial 2015 a permis aux chaînes qui le retransmettait de battre leurs records annuels d’audience tous programmes confondus, mais encore le succès leur a-t-il directement rapporté : W9 a pu tout bonnement triplé ses tarifs publicitaires par rapport à ses estimations initiales. Un carton plein qui envoie un sérieux carton rouge à celles et ceux qui juraient que c’était folie que de « prendre le risque » de diffuser la compétition en prime time.

 

Lire aussi : notre entretien avec Nicole Abar, sur les évolutions de la culture sportive en faveur d’une plus grande prise en compte du sport féminin.

 

 

Août 2015 : Netflix met en place le « congé parental illimité »

En plein coeur de l’été, Netflix annonce la création d’un congé parental rémunéré et “illimité” (d’un an maximum, en réalité). En entendant la nouvelle, d’aucun-es ont bondi de joie, estimant que le géant de l’audiovisuel allait montrer la voie à d’autres entreprises, dans un pays qui ne connait pas de congé maternité obligatoire.

Hasard, coïncidence, rencontre de grands esprits ou effet vertueux de la concurrence, Microsoft annonçait justement deux jours après Netflix son intention d’allonger de 4 semaines le congé maternité de 2 mois que la société accorde dejà à ses collaboratrices.

Et encore quelques semaines après, Marck Zuckerberg montrait l’exemple en informant la planète entière, via son propre réseau social de son intention de prendre lui-même deux mois off à la naissance de sa fille.

 

Lire aussi : notre boîte à outils pour se faciliter l’articulation des temps de vie

 

 

Septembre 2015 : le ComEx de France TV passe à la parité

Au printemps 2015, Delphine Ernotte-Cunci, jusque là Directrice Générale Adjointe du Groupe Orange, devenait la première Présidente du premier Groupe Français d’audiovisuel public. Et faisait d’emblée la promesse de ne pas lâcher la question de l’égalité femmes/hommes qu’elle avait largement contribué à faire avancer dans ses précédentes fonctions.

Sitôt dit, sitôt fait, quitte à passer pour une empêcheuse de tourner en rond dans le milieu parfois un peu archaïque des médias, elle a annoncé de façon très directe sa ferme intention de féminiser, diversifier et rajeunir les antennes… Et nommé le premier ComEx paritaire de l’histoire d’une entreprise française d’audiovisuel.

 

Lire aussi : Notre entretien avec Catherine Sueur, Directrice Générale Déléguée du Groupe Radio France.

 

 

Octobre 2015 : Tu Youyou et Sveltlana Alexievitch, 2 femmes nobellisées

Cette année, le plus prestigieux des Prix internationaux a distingué 10 figures incontournables en leur domaine . Dont 2 femmes. La première en médecine, Tu Youyou, récompensée pour ses travaux sur les maladies parasitaires. La seconde, Svetlana Alexievitch remporte un prix Nobel de littérature aux accents très géo-politiques, quand l’essentiel de son œuvre porte sur les guerres à l’ère soviétique et post-guerre froide, et en particulier au statut et rôle des femmes dans celles-ci.

Avec ces deux nouvelles nobellisées, la féminisation du Prix ne progresse qu’à pas très lent : les femmes comptent toujours pour moins de 6% des personnalités consacrées pour leur apport essentiel aux progrès de l’humanité. Sans excès de maussaderie, notons aussi que les prix décernés en 2015 à des femmes le sont dans les disciplines où la représentation féminine est déjà la plus élevée. En revanche, il n’y a toujours qu’une seule Nobel d’économie, dans toute l’histoire du Prix.

 

Lire aussi : Notre « concept à la loupe » sur le « complexe de Marie Curie ».

 

 

Novembre 2015 : Le Premier ministre Justin Trudeau réunit un gouvernement paritaire « parce qu’on est en 2015 »

Il vient d’être élu et de composer son Conseil des Ministres (l’équivalent du gouvernement au Canada), comprenant autant de femmes que d’hommes. Pourquoi ? Parce qu’on est en 2015, répond tout simplement un Justin Trudeau bien décidé à faire “entrer son pays dans le XXIè siècle“. Ni stratégie d’affichage, ni argumentaire sur les vertus de la mixité pour la bonne gouvernance, juste une position de principe et une exigence de modernité.

Chapeau bas à celui qui fait aussi place aux jeunes (tou.tes les ministres canadien.nes actuellement en exercice ont entre 35 et 50 ans), aux personne issues de l’immigration non-européenne (4 ministres sikhs et une ancienne réfugiée afghane) et pour la première fois à une “autochtone”  (terme qui désigne les premier.es habitant.es du Canada).

Suscitant tous les espoirs dans un pays pionnier sur de nombreuses questions sociétales, Justin Trudeau est entré le jour-même de son assermentation dans le classement Forbes des personnalités les plus influentes de la planète.

Lire aussi : Notre interview de Michel Mathieu,  Directeur Général adjoint du Groupe Crédit Agricole S.A. : « Ne plus considérer comme un effort de faire leur juste place aux femmes« .

 

 

Décembre 2015 : 20 femmes saoudiennes élues aux Municipales

Les femmes saoudiennes votaient et avaient l’autorisation de se présenter aux élections pour la toute première fois le 12 décembre 2015.

Comptant pour moins de 10% du corps électoral, l’inscription sur les listes n’ayant dans la réalité pas été chose facile pour la plupart d’entre elles, elles ont été 80% à se déplacer aux urnes… Et à devoir encore parfois se battre pour pouvoir voter quand un certificat de résidence à leur nom leur était demandé, alors que la loi du pays veut que seuls les hommes puissent être propriétaires ou locataires du logement familial.

Et pour celles qui aspiraient à prendre des postes électifs, le défi n’était pas mineur non plus : elles avaient le droit de candidater, mais pas celui de faire campagne en public. Malgré tous ces obstacles, 20 femmes ont été élues aux premières élections ouvertes en Arabie Saoudite. Bravo et respect, mesdames les conseillères municipales.

 

Lire aussi : Notre « concept à la loupe » sur la notion de « rôle modèle ».

 

 

 

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE.