Egalité pro, leadership féminin, mixité : ce qu’il faut retenir de février 2015

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La revue de web mensuelle du blog EVE

 

Observatoire du leadership féminin, laboratoire d’innovation pour des responsabilités mieux partagées et une organisation du travail plus équilibrée, porteur d’initiatives et acteur de changement, le Programme EVE garde en permanence, notamment via l’équipe du blog EVE, un oeil sur l’actualité égalité pro et mixité. Chaque mois, il vous propose sa revue de web : un tour d’horizon des informations saillantes des semaines écoulées.

Voici tout de suite, notre sélection d’actes marquantes, pour le mois de février 2015.

 

 

L’étude du mois : quand le Pew Research Center interroge les perceptions du leadership féminin

Le leadership des femmes progresse (même s’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir) : plus nombreuses d’année en année parmi les PDG et dans les conseils d’administration et ComEX, plus souvent volontaires à la création d’entreprise, mieux visibles dans la vie politique et dans les médias, les femmes osent davantage qu’hier accéder aux responsabilités. Mais quels sentiments cela inspire à l’opinion publique? Accompagne-t-elle ce mouvement au même rythme, ou bien est-elle à la traîne, voire en résistance? A moins qu’au contraire elle précède et encourage la dynamique ? Autant de questions auxquelles les consultant-es du prestigieux Pew Research Center ont voulu répondre en sondant les Américain-es sur leur vision du leadership féminin.

Ce qu’il en ressort, c’est un accord assez généralisé sur le fait que femmes et hommes ont bien des compétences équivalentes pour exercer les responsabilités. Equivalentes, ces compétences n’en sont pour autant pas similaires, dans les esprits encore marqués par un fond prégnant d’essentialisme : aux hommes la capacité de prendre des décisions, aux femmes, celle de mener des négociations…

Il est toutefois intéressant de souligner que les qualités réputées féminines du leadership semblent rejoindre les qualités attendues du leadership d’avenir. Quoiqu’il faille nuancer ces résultats en fonction des terrains d’exercice du leadership : si l’entreprise parait le lieu d’un besoin de sens, de transparence, d’honnêteté et de coopération, ce qui pourrait constituer une prime de perception pour les femmes ; la scène politique reste en revanche dans les esprits un terrain de jeu d’hommes, une vision qui témoigne de ce que la figure de « l’homme fort » n’a pas encore complètement vécu…

 

 

Le mot du mois : « une insidieuse conspiration » dissuade le leadership des femmes, selon Christine Lagarde

Chahutée le mois dernier dans les médias et sur la blogosphère après sa sortie, un peu enflammée, sur les droits des femmes en Arabie Saoudite, Christine Lagarde a repris la parole sur le thème de l’égalité ce mois-ci, en publiant une note de blog sur le site du FMI puis en accordant une longue interview à HuffPostLivre. Elle y évoque une « insidieuse conspiration » qui dissuaderait l’empowerment et le leadership des femmes.

S’appuyant sur une récente étude des expert-es du FMI consacrée aux freins à l’équitabilité de genre dans les relations économiques, Christine Lagarde dénonce une série de dispositifs légaux en vigueur dans différents pays, qui, soit parce qu’ils font carrément obstacle au travail des femmes (autorisation préalable du conjoint, accès interdit à certaines professions, restrictions au prêt bancaire…) soit parce qu’ils encouragent les femmes à s’inscrire dans des rôles traditionnellement assignés, font obstacle à leur autonomisation.

Portant le message qu’il est pourtant indispensable au développement de toute la planète que les femmes puissent davantage participer à la vie économique, la Présidente du FMI appelle les dirigeant-es de toutes les nations à instruire leur corpus de droits pour mettre fin aux discriminations d’origine légale.

 

 

Le débat du mois : pour un standard européen du congé paternité?

Discussions animées ce mois-ci au Parlement et à la Commission européenne : où l’on reparle de la réforme (bloquée depuis 2011) du dispositif communautaire de protection des femmes enceintes… Et plus généralement du cadre légal de la parentalité.

A la recherche d’un standard sur la durée du congé maternité, les élu-es européen-nes remettent pour l’occasion le sujet du congé paternité à l’ordre du jour.

De houleux débats avaient abouti au rejet, il y a 3 ans, du principe du congé rémunéré de 2 semaines pour les jeunes pères. Il s’en était suivi une lettre ouverte du Lobby Européen des Femmes, inquiet de voir la question de la parentalité susciter soit le manque d’intérêt des parlementaires, soit des discussions la déplaçant dans le champ nerveux (pour ne pas dire hystérisé) de la morale des peuples.

Espérons donc que le retour du sujet à l’agenda des réflexions et discussions européennes se fasse dans un état d’esprit ouvert et constructif, autorisant une issue protectrice des droits et libertés de chacun-e dans sa parentalité.

 

 

Le tapis rouge du mois : Patricia Arquette en porte-voix de l’égalité pro aux Oscars

Big up de tout (ou presque) du Dolby Theater de Los Angeles, une Meryl Streep enthousiaste en tête, pour un discours de Patricia Arquette.

 

« À toutes les femmes qui ont donné naissance,

à tous les contribuables et à tous les citoyens de ce pays,

nous nous battons pour l’égalité des droits de chacun,

et il est temps, pour nous les femmes,

d’obtenir l’égalité des salaires et des droits aux États-Unis« .

 

Voici les mots qui ont fait se lever l’assemblée des dignitaires du 7è Art le 22 février.

En écho à de récentes discussions sur les inégalités salariales à Hollywood (qui sont elles-mêmes en résonance avec d’autres mouvements dénonçant le sexisme dans le monde de la culture en général et de l’audiovisuel en particulier), cette allocution remarquée (et dont la vidéo fait déjà l’objet d’un déferlement de partages sur les réseaux sociaux) est aussi à rapprocher d’une dynamique d’engagement des stars et personnalités médiatiques sur la question (d’Emma Watson à Sheryl Sandberg, en passant par Beyoncé, Lena Dunham ou Miley Cyrus, la liste des « peoples » prenant publiquement parti pour l’égalité va s’allongeant de semaine en semaine).

Globalement acclamée, la tribune de Patricia Arquette a aussi rencontré ses contradictrices et contradicteurs : une critique un peu maussade pointe le soupçon d’un argument marketing en vogue quand des expert-es de l’égalité soulignent un raccourci un peu piégeux entre féminité et maternité, comme si les droits des femmes devaient nécessairement s’articuler à ceux des mères…

 

 

Le gloups du mois : le tablier de cuisine « Olympe de Gouges »

Chic! Chic! Se sont peut-être exclamé-es les défenseuses et défenseurs de l’égalité en apprenant que la pionnière Olympe de Gouges sera mise à l’honneur toute l’année à l’Assemblée Nationale, avec en point d’orgue de cet hommage l’édification prévue d’un buste à son effigie dans la Salle des Quatre Colonnes du Palais Bourbon.

Zut alors! ont-elles et ont-ils un peu déchanté en découvrant que la boutique de la chambre basse proposait, parmi une série de goodies aux couleurs d’Olympe, un… Tablier de cuisine!

Partie du compte Twitter de la productrice canadienne Fleur Marty, la polémique a eu tôt fait de se répandre sur la toile. Les Nouvelles news ont ironisé sur le droit fondamental des femmes à battre la mayonnaise quand le Point a titré « Scandale à la boutique de l’Assemblée Nationale » et que le Lab d’Europe 1, annonçant la décision des responsables de la boutique de retirer de la vente ce « collector » d’un goût particulier, a rappelé qu’il était dans les rayonnages du magasin depuis déjà plus d’un an…

Personne n’a cependant précisé si le tablier était disponible dans plusieurs tailles, et notamment en format XXL permettant éventuellement aux députés hommes de se le procurer aussi, pour faire eux-mêmes la popote!

 

 

L’hommage du mois : à Marshall Rosenberg, fondateur de la « Communication Non violente »

Une triste nouvelle ferme cette revue de web de février 2015 : celle de la disparition de Marshall Rosenberg, créateur du processus de « Communication Non Violente ».

Rosenberg est né en 1934 dans l’Ohio. Après un doctorat en psychologie clinique obtenu en 1961, il a orienté ses travaux de recherche sur la portée du langage, en mettant en évidence la puissance de la bienveillance pour faciliter des interactions plus riches et permettre tout particulièrement une conflictualité ni douloureuse ni agressive tout en étant productrice de frottements constructifs.

Adepte d’une recherche pratique, tournée vers l’expérimentation et l’apprentissage apprenant, Rosenberg a fondé en 1984 le Centre pour la Communication Non Violente et formé des centaines de thérapeutes dans plus de 60 pays du monde.

Passée quasiment inaperçue dans les médias, l’annonce du décès de Rosenberg endeuille la communauté des EVEsien-nes, nécessairement sensible à ses enseignements dispensés lors de nos séminaires par Thomas d’Ansembourg. Nos pensées vont prioritairement à Thomas, qui fut son disciple et prolonge partout dans le monde l’oeuvre de Marshall, en initiant tous les publics (professionnels, institutionnels et individuels, femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, d’origines sociales et culturelles diverses) à cette approche de la relation à soi et autrui fondée sur le respect de l’être, l’empathie et la durabilité.

 

 

Marie Donzel, pour le blog EVE.